RAPPORT MORAL 2016 LAUSANNE

Vous voir chaque année si nombreux est une joie, un plaisir que je partage avec vous.

Le chancelier que je suis, essaie de vous proposer des moments d’échange, de réflexion qui,

je l’espère nourrissent votre recherche d’excellence.

Devant la menace des vins industriels, le productivisme, un marché dominé par les géants de

l’agro-alimentaire, les consommateurs ont besoin d’être rassurés… A nous académiciens, de les

aider à trouver le chemin.

Le vin a très tôt été un breuvage sacré, qui nous relie à la terre ou au cosmos.

Devant l’emprise de la technique, la maîtrise toujours plus grande de la nature, le vin doit rester

pour nous vignerons, un produit naturel et civilisé.

Mais que signifie naturel ? Bio, biodynamique, sans soufre, en permaculture ou cosmoculture ?

Avec, parfois, les défauts de goûts, les odeurs ou déviances qui vont avec…

Et civilisé ? Parle t’on de fermentation, de l’élevage et sa recherche esthétique, cette forme

d’ascension pour parvenir à la précision ?

Avec ses marques, ses classements, ses côtés exclusifs, parfois rigides et péremptoires…

La nature en opposition à la civilisation, la simplicité contre la finesse ?

Le débat n’est pas si simple.

Les réactions contre les élites sont dans l’air du temps, certaines votations nous l’ont montré.

Je ne suis pas là pour répondre.

Les conférences qui vont suivre sont justement là pour vous aider à trouver les réponses qui conduisent au vin noble.

Car au milieu de tout, il y a vous, il y a l’homme.

Vos sentiments profonds se sentent, se lisent, se perçoivent dans vos vins, c’est pourquoi ils

doivent être si bons et rassurer les vrais amateurs.

Dans le travail de la vigne et du vin, il n’y a pas de geste déterminant qui fait tout, c’est un ensemble de gestes.

Si nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est pour améliorer et affiner ces gestes, afin d’effleurer

non pas la perfection, mais l’émotion.

Je terminerai simplement par une citation de notre ami et confrère André Ostertag, trouvée dans le journal » vinifera » :

« Le vin doit être considéré comme vivant par le fait d’être le résultat d’une succession

ininterrompue de processus naturels et spontanés, sans interruption technologique venu casser

la chaîne de vie, si ce n’est sa stabilisation finale qui va le fixer comme vin au lieu de le laisser filer

vers sa destination naturelle, le vinaigre ».

Je vous souhaite un excellent symposium !

 

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