Symposium de printemps – Bourgogne, mai 2001

Wintzenheim, le 30 Juin 2001

Préambule

Ce rapport, je le voulais très complet et essentiellement technique. Complet, afin de permettre aux membres qui n’ont pu se libérer pour ce Symposium d’en tirer un maximum de profit, et de nous suivre pas à pas dans ces magnifiques caves bourguignonnes. Technique, car nous avions beaucoup de vins à déguster. Je précise, et vous le savez, que la dégustation est une science subjective, et que les commentaires gustatifs personnels retranscrits dans ce rapport n’engagent que le modeste dégustateur que je suis. J’ai également voulu vous faire découvrir le côté caché du vin, c’est à dire l’homme ou la femme qui l’a mis au monde, qui l’a aimé, qui l’a élevé, qui l’a éduqué, qui lui a transmis son savoir, bref cette petite histoire qui nous intéresse et qui ne peut figurer sur l’étiquette. Aussi, avec l’autorisation de son auteur et de celle de notre Chancelier, je me suis permis de retranscrire les commentaires de Michel BETTANE qui figurent dans son guide « Le Classement des Vins et Domaines de France – 2001 ». Vous les trouverez écrits en caractères italiques. Qu’ils en soient ici remerciés.

Jeudi 17 Mai : Le CHABLIS

La salle à manger de l’hôtel MERCURE de BEAUNE est animée de bon matin. Prenant des forces pour soutenir les nombreuses dégustations à venir, les membres de l’Académie et leurs hôtes se restaurent et se saluent. Malgré un temps frais et un ciel couvert, l’ambiance fraternelle laisse transpirer le plaisir des retrouvailles. Nos collègues Bourguignons, Jacques d’ANGERVILLE et son gendre, Michel GOUGES et son fils, Hubert de MONTILLE et son fils, Jacques SEYSSES, son épouse et un de leurs fils et Dominique LAFON, organisateurs de ces journées d’études, nous attendent devant les deux cars qui vont nous véhiculer dans cette Bourgogne historique. Le départ se fait à l’heure prévue et dès 8h15, nous roulons sur l’autoroute en direction de Chablis.

Après une heure et demi de route, les vignobles se découvrent à nos yeux. La vigne est belle et la sortie bien avancée. Le sol attire notre regard car il est propre, j’allais dire poncé. Ou donc est passée cette herbe dont nous défendons le droit à la vie? Elle doit malheureusement être réservée aux pâtures qui entourent le périmètre de ce vignoble de réputation mondiale.

Les cars cahotent sur un chemin de terre au milieu de la forêt communale de Chablis pour atteindre une clairière. Michel LAROCHE, Président de l’Union des Grands Crus de Chablis et propriétaire du Domaine LAROCHE nous y attend. Après ses souhaits de bienvenue, c’est à pied que nous le suivons pour nous rendre à l’orée des bois.

Une table d’orientation se dresse devant un paysage superbe. Chablis et son vignoble s’offre à nos yeux sous l’apparence d’un vaste et magnifique amphithéâtre que les rayons d’un soleil vagabond mettent en relief.

C’est devant cette vue superbe que Michel LAROCHE nous apporte quelques informations sur la région, ses terroirs et ses vins.

Le Vignoble

Bien que situé en Bourgogne, il n’est qu’à 50 km des premières vignes de Champagne. Le vignoble de Chablis s’étend sur de doux coteaux marna-calcaires du Kimméridgien (de même type que ceux que l’ont trouve à Sancerre) dispersés de part et d’autre d’une charmante rivière, le Serein. Son altitude varie de 130 mètres à 270 mètres. Les sols sont caillouteux épais, composés de coquilles fossilisées d’une petite huître, Exogyra virgula.

Historique 

Son origine date du IXè siècle, époque à laquelle les moines introduisent la vigne et la cultivent. Suivent des périodes fastes et difficiles (mildiou et phylloxera). Au XIXè siècle, le vignoble occupait une superficie de près de 44 000 hectares situés autour de 70 communes, et les vins étaient commercialisés sur PARIS et exportés vers le nord de l’Europe. Vers 1950, le vignoble est en perdition; il occupe 600 hectares et les deux tiers des bas coteaux sont voués aux céréales. Vers 1970, le vignoble passe à l 100 hectares, puis à 2 500 hectares vers 1980, 3700 hectares en 1990. Aujourd’hui, le vignoble occupe 4 500 hectares situés autour de 19 communes.

Le Climat 

De type continental, chaud l’été et froid l’hiver, le printemps est souvent ponctué de gelées qui savent être redoutables. C’est avec la prise de conscience par les vignerons de trouver des solutions à ce problème qu’un retournement de situation se dessine. Au départ, la lutte s’est organisée avec la crémation de pneus pour produire de la fumée. Cette méthode peu efficace fut suivie par la mise en place de brûlots à mazout que l’on remplissait à la main. Aujourd’hui, des brûleurs alimentés par du gazoil sous pression, et véhiculés par un système de canalisation, ont pris le relais et permettent de gagner 3 à 4° centigrade. Certains vignerons ont installé un système de protection par aspersion d’eau et gagnent 5° centigrade.

Le Cépage

Par décision de l’Institut National des Appellations d’Origine (I.N.A.O.) le cépage unique qui complante ce vignoble est le Chardonnay, appelé localement le Beaumois.

Les Vins

Marqués par la finesse et l’élégance, les vins de Chablis sont pour Michel LAROCHE très proches de ceux de Champagne. Leur hiérarchie qualitative se fait à travers 4 appellations :

Le Petit Chablis: occupe le bas de la pyramide. Récolté plus spécialement sur le haut des coteaux, sa nature géologique est différente. Il occupe une surface de 489 hectares. Ces vins doivent provenir de moûts ayant un degré alcoolique potentiel de 9,5°.

Le Chablis: occupe le milieu de la pyramide. Son périmètre viticole occupe les coteaux les moins bien exposés et représente 3 000 hectares. Ces vins doivent provenir de moûts ayant un degré alcoolique potentiel de 10°.

Les Premiers Crus: avec 774 hectares, ils représentent 17% de l’ensemble des surfaces plantées. Ce périmètre d’appellation, aujourd’hui complanté à 98%, est constitué de 40 lieux-dits principaux. Ces vins doivent provenir de moûts ayant un degré alcoolique potentiel de 10,5°.

Les Grands Crus : avec 100 hectares, ils représentent 2% de l’ensemble des surfaces plantées. Ce périmètre d’appellation est aujourd’hui complanté en totalité. Ces vins doivent provenir de moûts ayant un degré alcoolique potentiel de 11 °.

Dans son ensemble, le vignoble est jeune et a été replanté principalement par des sélections clonales. Ce choix a entraîné des rendements élevés – 60 hectolitres/hectare (plus éventuellement 20% de P.L.C.) – avec une densité de plantation de 6 000 pieds à l’hectare. Les Grands Crus, avec une densité de plantation de 8 000 pieds à l’hectare, sont limités à 45 hectolitres/hectare, plus éventuellement 20% de P.L.C. Il faut cependant noter qu’actuellement, et suite aux recherches effectuées par l’Institut de Recherche Agronomique (I.N.R.A.), le travail sur les clones a pris une orientation différente que celle prise après guerre, c’est-à-dire en période de pénurie. Forts de ces explications, nous voilà partis au siège de l’Union des Grands Crus de CHABLIS (Hôtel GRAS) ou une dégustation de sept GRANDS CRUS issus des millésimes 1999 et 1998 est offerte à la sagacité de nos palais.

Il s’agit des vins suivants :

CHABLIS VALMUR

– Domaine COLLET: 1999 – Vin élégant avec une touche fumée. Bonne structure de bouche ; une main de fer dans un gant de velours.

– Domaine VOCORET: 1998

CHABLIS PREUSES

– Domaine BILLAUD-SIMON: 1999 – Beau nez, à la fois élégant et minéral. Vin racé, équilibré et fin. Riche, mais avec de la dentelle.

– Domaine SIMONNET: 1998- Nez un peu confus, rustique. Vin gras qui mérite d’être plus fin.

CHABLIS BLANCHOT

– Domaine LAROCHE: Cet immense Domaine de 135 hectares produit deux familles de vin. Le chablis Saint Martin et les Premiers Crus Vaudevey constituent le plus gros du volume. Ces deux vins bien faits, nets et réguliers, semblent s’être un peu standardisés depuis cinq ans. En revanche, les premiers crus Vaillons et Fourchaume, et les Grands Crus, Blanchots et les Clos, obéissent à une philosophie différente de la vigne à la mise en bouteille : leur vins sont d’une finesse et d’une pureté remarquables et vieillissent adminrablement, en particulier les cuvées vendues sous le nom de Réserve de l’Obédiencerie. Issues de vignes cultivées avec amour, au rendement très contrôlé, elles atteignent une qualité d’expression du terroir difficile à surpasser.

1998 et 1999 sont très réussis au domaine. Plus fins que puissants, ils possèdent des nuances subtiles et une remarquable intégration du bois.

Millésime 1999 – Nez finement vanillé. Ample et gras. Vin remarquablement riche et bien équilibré.

– Domaine SERVIN: Millésime 1998 – Nez frais, subtil et fin. Bouche équilibrée avec des arômes d’agrumes. Belle finale.

CHABLIS BOUGROS

– Domaine de VAUROUX: Millésime 1999 – Dégustation difficile.

– Domaine William FEVRE : Ce très grand et incontestable Domaine de 46 hectares est pleinement ressuscité par l’équipe Bouchard Père et Fils qui l’a repris en fermage. Dès les premières vinifications, le grand style est de retour avec des vins d’une précision d’expression absolument remarquable, jouant sur la résolution de l’opposition entre le miel et le minéral. La gamme dès 1998 est un sans faute qui a dominé et de loin toutes nos dégustations du même millésime. Tout est remarquable mais nous ne saurions cacher une admiration particulière pour les cuvées de Vaulorent, de la Côte des Bouguereaux (Grand Cru Bougros), des Clos et de Vaudésir qui sont des chefs-d’œuvres.

Millésime 1998 – Nez intéressant, à la fois ferme et frais. Corps élégant et racé. Belle finale, fine.

CHABLIS LES CLOS

– Domaine LONG-DEPAQUIT:

Ce Domaine (62 hectares) situé dans la plus belle propriété du cœur de la cité de Chablis appartient à la maison Bichof et possède sans doute le plus prestigieux patrimoine de vignes de 1‘appellation, rassemblé par une des plus fortes personnalités de l’histoire du vignoble, Albert LONG-DEPAQUIT. En Grand Cru, nous trouvons le monopole de la Moutonne, sur l’incomparable amphithéâtre qui rassemble l’adret des Vaudésirs et Preuses, avec l’exposition la plus ensoleillée du coteau, des parcelles sur Blanchots et les Clos, et plusieurs crus remarquables de la rive gauche comme Les Lys, Vaillons et Bougros. Le domaine privilégie la finesse, parfois souple, de bouquet et de minéralité pure et présente des vins très séduisants dès leur mise en bouteille. Les millésimes de 1998 et 1999 ne renouvelleront pas le miracle de 1997. Ils offrent cependant une continuité de style bienvenue avec quelques Grands Crus.

Millésime 1999 – Vin long, riche et gras avec un bel équilibre.

– Domaine PINSON: Millésime 1998 – Problème de bouchon. Equilibré el racé.

CHABLIS VAUDESIR

– Domaine Pascal BOUCHARD :

Ce grand domaine (32 hectaresdispose d’un outil de vinification de premier ordre et, malgré une viticulture attentive mais forcément semi-industrielle, ne cesse d’affiner ses produits. Les vins génériques sont nets et équilibrés. Le Premier Cru Montmains est plus expressif que Fourchaume et les Grands Crus remarquables, certes un peu trop boisés pour une consommation immédiate mais fort prometteurs.

1999 – Le vin me gêne et rappelle les lies.

– Domaine des MALANDES:

1998 – On retrouve cette lie légère mais d’une façon plus atténuée. Il s’agit peut-être d’un effet terroir.

CHABLIS GRENOUILLES

– La CHABLISIENNE :

La Chablisienne peut prétendre au titre de meilleure coopérative de France. Elle a su gérer et discipliner les apports de ses 1200 hectares de vigne dont elle vinifie les raisins avec une précision rarement prise en défaut. Une bonne partie de la production alimente le négoce bourguignon, ce qui est naturel, mais la cave met en bouteille et commercialise directement des lots importants avec le même soin que les meilleurs domaines y compris l’élevage en fûts. Sa grande spécialité est le Chablis Vieilles Vignes, luxueusement embouteillé et étiqueté, très nerveux et minéral, présent sur les meilleures tables de Paris. Ses réserves de Premier et Grand Cru ont en général toute la typicité attendue, particulièrement les Monts de Milieu, Preuses et le fameux Château Grenouilles qui, depuis 1995, n’est élaboré qu’à partir des plus vieilles vignes d’une parcelle de 6 hectares. Le boisé des cuvées de luxe a perdu l’agressivité de jadis.

1999 – Vin harmonieux qui fait plaisir.

Domaine GAUTHERIN

1998 – Nez minéral, fin. Bel équilibre de bouche, corps élancé à la fois ferme et délicat. Finale fraîche et harmonieuse.

Remerciant nos hôtes vignerons pour la merveilleuse dégustation, notre Chancelier Jean-Pierre PERRIN les félicite pour la reprise en main de l’Appellation Grands Crus. Les vins présentés furent des chefs-d’œuvre et la dégustation aurait mérité d’être moins bruyante et plus feutrée. Il leur suggère cependant de continuer à réfléchir et à revenir aux données culturales de base nécessaires à l’élaboration d’un GRAND CRU dans toute la noblesse du terme. Il leur rappelle que l’Académie Internationale du Vin s’est chargée, dans les années passées, d’entretenir une flamme prête à s’éteindre sous les coups des progrès technologiques. Cette flamme qu’aujourd’hui, sous la Présidence de Michel LAROCHE, ils ont su apprivoiser et à travers elle, cultivent la vérité.

Michel LAROCHE remercie ses collègues vignerons. Il évoque et regrette la dérive actuelle de l’Institut National des Appellations d’Origine qui, par ses orientations, fait la part trop belle à un sol que l’on voit idyllique, et que l’on voudrait génial. Il rappelle l’oubli de la viticulture et que derrière le sol il y a un homme qui soigne sa vigne, en vinifie le fruit, et apporte au vin ses connaissances, son caractère, son esprit et son âme. Cette matinée chablisienne se termina par un déjeuner pris au restaurant Le Pot d’Etain à L’ISLE-SUR-SEREIN. Cette auberge accueillante et de bon goût possède une carte de vins exceptionnelle. Faisant fi d’un chauvinisme local que l’on retrouve encore trop souvent dans nos régions viticoles, elle met en valeur les vins de Bourgogne et les enlumine avec ceux en provenance de la Vallée du Rhône, de Bordeaux, de la Loire, de la Champagne et de l’Alsace pour qui le propriétaire a un petit faible.

Ce répertoire, qui a la propriété de nous faire saliver, se compose de plus de 1 000 références. Le déjeuner, commenté en finale par Jacques PUISAIS, nous permet de savourer :

Un Chablis – Saint Martin 1999 – Domaine LAROCHE accompagne un Tartare de Saumon et une Galette de langoustine.

« Le vin, puissant, riche et gras fait preuve de redemande et réplique intelligemment sur le Tartare de saumon fumé. Le fumé d’ailleurs prolonge le vin. La galette de langoustine servie avec un lit d’épinards permet au vin de s’exprimer avec plénitude. Il est presque en adoration sur ce met. »

Saint Martin rappelle l’histoire de l’ancienne demeure habitée par la famille LAROCHE et qui fut édifiée par les moines Saint Martin. C’est dans ses caves que les tous premiers vins de Chablis ont été produits il a maintenant onze siècles.

Suit un Chablis 1er Cru – Les Montmains 1999 – Domaine LAROCHE servi sur une poularde farcie.

« Le vin est friand avec des arômes de citronnelle, plein, soyeux et la poularde est grande. Le vin remercie la poularde pour sa qualité exceptionnelle, et les deux protagonistes discutent avec justesse. Le fromage d’Epoisses permet au vin de s’exprimer d’une façon plus sérieuse. »

Après le déjeuner, à travers un paysage bucolique et aux collines douces et verdoyantes (vu la pluie des demiers mois elles n‘avaient aucun mal à nous prodiguer de belles couleurs vertes), nous nous rendons à l’ABBAYE DE FONTENAY. Afin de ne pas interrompre la partie technique de ce rapport, vous trouverez à la fin de ce dernier la partie consacrée à cette fabuleuse visite. De retour à Beaune avec une heure de retard (mais Fontenay méritait bien une petite dérogation) la pause à l’hôtel fut rapide. Nous voilà déjà à pied, dans la vieille ville, afin de nous rendre au Dîner organisé dans les Caves CHAMPY par le Groupe des Jeunes Professionnels de la Vigne (G.J.P.V.). Celle association fut créée en 1959 et regroupe 450 à 500 viticulteurs bourguignons dont l’âge ne dépasse pas les 40 ansElle a pour but de créer un lien amical entre les différents membres, de permettre les échanges d’idées, d’être un bouillon de culture, et de s’ouvrir sur le monde viticole par des sorties professionnel/es. Elle met en place différents stages (œnologie, communication). Elle communique de façon externe lors de différents Salons Professionnels. Le principal événement annuel se situe à la veille de la Vente des Hospices de Beaune, et lors de cette Soirée de Gala, elle récompense les Jeunes Talents de l’année qui vient de se dérouler.

Avant de nous sustenter, nous visitons cette Maison qui, fondée en 1720, est la plus ancienne maison de vins établie en Bourgogne. Les bâtiments actuels datent de 1890 et, chose rare, les locaux ainsi que le matériel de vinification ont été préservés. Utilisant les techniques de pointe pour l’époque, elle véhiculait les raisins entre les égrappoirs et les cuves de macération grâce à un système de wagonnets. De même, elle chauffait la vendange dans de grandes bassines en cuivre.

Elle utilisait également un procédé de congélation afin de stabiliser les vins. Ce procédé utilisait le principe de la sorbetière ; le vin était placé dans une sorte de grand bidon, qui lui se trouvait immergé dans une saumure. L’ancienne cave, appelée «Cave de la Cloche», est la plus ancienne cave de Beaune et date du XVè siècle. Elle a été renforcée par des piliers métalliques à la fin du XIXè siècle.

Le dîner préparé par Jean GOUGES, neveu de notre collègue Michel, permet aux lauréats des « Jeunes Talents » de présenter leurs vins. Il y aura ainsi un jeune talent par table qui aura pour charge de veiller au service des vins et de satisfaire la curiosité de la tablée.

Le repas se déroule dans l’ancienne tonnellerie et l’ambiance est chaleureuse et décontractée. Voici un aperçu des Domaines et des vins présentés durant la soirée :

Maison CHAMPY: 21200 BEAUNE

11,7 hectares en rouge, 0,9 hectares en blancs : Production moyenne : 465 000 bouteilles par an.

En engageant Dimitri PATRAS comme vinificateur, la maison a entamé une noouvelle étape dans sa progression au sein de la hiérarchie bourguignonne. Et on sent sa patte et sa connaissance précise du comportement des raisins selon les terroirs dans ses 1999. Nous avons pu goûter toute la gamme de sa production sur deux millésimes ce qui est exceptionnel et montre un courage rare de la part des propriétaires de la firme, la famille MEURGEY.

Vins présentés: CHASSAGNE MONTRACHET 1er CRU – LES CHEVENOTTES 1991 CLOS DE VOUGEOT 1990

Domaine Stéphane ALADAME : 71390 MONTAGNY-LES-BUXY

0,4 hectare en rouge, 4,6 hectares en blancs : Production moyenne : 20 000 bouteilles par an.

Ce jeune vigneron s’affirme chaque année un peu plus comme le grand espoir de son appellation. Il produit des vins légers, frais, élégants, avec parfois une nuance muscatée typée des chardonnays du secteur.

Vin présenté: MONTAGNY 1er CRU – LES COERES 1998

Domaine EARL BILLARD Père & Fils : 21340 LA ROCHEPOT

Vin présenté: SArNT-AUBIN Ier CRU (Rouge)- LES CASTETS 1999

Domaine Xavier BOUTROY: 21590 SANTENAY

Vin présenté: MARANGES (Rouge) 1997

Domaine Hubert BOUZEREAU-GRUERE: 21190 MEURSAULT

Vin présenté: MEURSAULT 1998

Domaine de CHAUDE ECUELLE: 89 800 CHEMILLY-SUR-SEREIN

Vin présenté: CHABLIS le’ CRU – MONTMAINS 1998

Domaine HUGUENOT Père Fils: 21160 MARSANNAY-LA-COTE

Vin présenté: MARSANNAY (Blanc) 1999

Etablissements PICAMELOT: 71 150 RULLY

Vin présenté : CREMANT BRUT DE BLANC – Récolte 1999

Domaine Laurent TRIPOZT: 71 000 MACON

Vin présenté: CREMANT

Domaine du VIEUX COLLEGE: 21 160 MARSANNAY-LA-COTE

Vin présenté: MARSANNAY (Rouge) Vieilles Vignes 1998

Le Chancelier clos le dîner et remercie la famille MEURGEY ainsi que l’ensemble des «Jeunes Talents» pour la soirée qu’ils nous ont offerte. On devine une pointe de nostalgie lorsque Jean-Pierre PERRIN évoque notre dernier Symposium en Bourgogne : «Qu’elle est belle cette Bourgogne après 20 ans d’absence». Il doit également penser au temps où, il y a 35 ans, il y faisait ses études. « Mais, cette Bourgogne est aujourd’hui belle parce qu’elle est non seulement jeune, mais également vigneronne et talentueuse. » Il profite en cette fin de journée de remercier les membres bourguignons qui se sont chargés de l’organisation de ce Symposium, à savoir: Jacques SEYSSES, qui fut secondé par son épouse, Jacques d’ANGERVILLE, Dominique LAFON, Hubert de MONTILLE et Michel GOUGES.

Vendredi 18 Mai : La CÔTE-DE-BEAUNE

La matinée débute par l’Assemblée Générale qui a lieu dans un des salons de l’hôtel MERCURE. Le Chancelier excuse le Président Robert HAAS, qui n’a pu se déplacer pour raison médicale. Il remercie les membres qui nous reçoivent dans leur région. Il rappelle la date du Symposium d’Hiver qui aura lieu à Genève le jeudi 6 et vendredi 7 décembre 2001. Il informe l’assemblée du choix fait par le bureau pour notre prochain Symposium de Printemps (2002) : ce sera LA CORSE et notre guide est heureux! N’est ce pas Christian ? Le sachant isolé dans son Ile de Beauté, le Chancelier lui propose son soutien quant à l’organisation de ce voyage. Les dates fixées sont les suivantes : du jeudi matin 30 mai 2002 (BASTIA) au dimanche 2 juin.

Christian IMBERT fait part succinctement du programme qu’il prévoit. Le Chancelier fait part également des contacts qui, grâce à Steven SPURRIER, se concrétisent entre l’Association des Masters of Wine. Il informe l’assemblée qu’en juillet 2002, lors de la tenue de leur Congrès à VIENNE, l’Académie Internationale du Vin y aura une place. Il profite également de l’occasion pour remercier Steven pour ses communications de presse qui rappellent les prises de position de notre Académie. Il évoque la mise en ligne du site Internet et son fonctionnement. Il nous appartient de faire vivre cet excellent outil de communication. Victor DE LA SERNA profite de l’occasion pour demander quelques précisions techniques. Le Chancelier revient également sur le Rapport Moral traitant de l’avenir de la viticulture du point de vue écologique. Il fait part de la réunion à Paris de la commission technique avec pour but d’actualiser les écrits qui datent d’une dizaine d’années.

Jean MEYER souhaite la mise sur le net du texte retravaillé afin de permettre la tenue d’un forum entre les membres et de connaître leur position de façon plus approfondie. Il souhaite également la mise en place de deux fichiers e-mail différenciés selon le caractère professionnel (vigneron ou non) des membres. Cette façon de faire faciliterait les tâches de secrétariat car certaines questions techniques, liées à la culture de la vigne ou à l’élaboration du vin, ne nécessitent à priori pas, dans leur phase d’étude, une diffusion généralisée. Le Chancelier reparle de la prise de position contre les O.G.M. par Terres et Vin de Bourgogne. Il pense que cette dernière risque d’en être le révélateur et qu’en France un moratoire sera certainement mis en place. Michel LEMONNIER demande de rester en état de veille vigilante et s’il le faut d’acter en justice.

Il rappelle que les Grands Terroirs sont uniques et peuvent, au même titre que l’Abbaye de Fontenay, faire partie du Patrimoine de l’Humanité. Dominique LAFON pose la question de savoir si en cas de modification génétique du Pinot Noir, il n’y aurait pas lieu d’interdire la mention du cépage d’origine. Il en irait de même pour l’ensemble des cépages concernés. Cette façon de faire serait un frein efficace à la diffusion et aux études des chercheurs. Le Chancelier rassure l’Assemblée. Notre Académie détient une vérité et nos propos vont dans le bon sens. Il clôt la séance, et en route pour les Grands Blancs de la Côte-de-Beaune.

Dans le car qui nous véhicule entre les Clos, les Premiers Crus et les Grands Crus, l’atmosphère est décontractée mais attentive. Sous l’apparence d’un superbe patchwork, le vignoble nous fascine. Contrairement à Chablis, une bonne proportion de sols est travaillée ou fait la part  belle à la flore locale.

Courbés sur les ceps, des vignerons ébourgeonnent attentivement (ce travail est important et très coûteux. Une personne arrive à ébourgeonner 3 Ha en moyenne). Dominique LAFON et ses amis vignerons prennent le micro afin de nous apporter toutes les informations techniques nécessaires à une bonne compréhension du paysage qui se déroule sous nos yeux. Elles nous sont données en vrac : Globalement, on peut dire que la Bourgogne produit des Chardonnay très au Nord et très au Sud. Au milieu, c’est le Pinot Noir qui y règne. Les Côtes produisant le Pinot Noir ont des sols plus riches en fer et en argile. L’orientation EST – SUD/EST – SUD des coteaux favorise une bonne maturité des raisins. Les Grands Crus occupent de toutes petites surfaces. Les LIEUX-DITS sont utilisés pour rappeler les situations intéressantes qui méritent de figurer sur l’étiquette.

La vigne occupe les bons terroirs depuis plus de 900 ans. Chaque village possède un ban de plus ou moins 400 hectares. Une ouvrée représente une surface de 4 ares 28 ; et 4 ouvrées de vignes produisent de 3 à 4 pièces de vin. Le négoce est considéré en Bourgogne comme un opérateur incontournable. Le prix du foncier va de 3 millions de francs et plus pour un hectare en A.O.C. Village à 6 à 8 millions de francs l’hectare pour des Premiers Crus de Chassagne et de Meursault et plus pour ceux de Puligny. Le vigneron s’achète des compléments pour étoffer sa carte des vins. Les vignes ne se vendent pratiquement que sous la pression fiscale due aux successions. Se payer quelques ouvrées de 1er Cru revient à s’offrir un Van Gogh. Malgré ces prix, le vignoble appartient en majorité aux vignerons et non à des investisseurs extérieurs.

Sur le plan écologique, on évite de défricher les bois situés en aplomb des vignes. La commune de Marsannay a changé son microclimat en déboisant, avec comme résultat des orages de grêle. La densité de plantation est de 10 000 pieds à l’hectare avec un espacement de 1m/1m ou de 0,80 m/1,10m. La taille pratiquée est la GUYOT simple (6 yeux et 2 coursons). Le court noué est un énorme problème et s’est propagé par la sélection massale. Il est également faux de croire que le court noué est intéressant du point de vue qualitatif en limitant les rendements des vignes malades. Pour le Chardonnay, les rendements sont globalement de 45 hl/Ha plus 20% de PLC. Pour le PINOT NOIR il est de 40 hL/Ha plus 20% de PLC. Les vendanges à la machine sont tolérées sous la forme d’essai depuis une vingtaine d’années. La machine est appelée à se développer de façon importante dans les années à venir car elle va y être officiellement autorisée par l’I.N.A.O. La surface moyenne des Domaines est de 8 hectares.

La durée moyenne des vendanges est très courte ; une dizaine de jours. A VOLNAY et à POMMARD, nous apprenons qu’il est interdit de planter du Chardonnay dans les appellations VILLAGE. Le VOLNAY SANTENOTS est produit sur la commune de MEURSAULT.

Le ban communal de MEURSAULT regroupe 600 hectares dont 400 hectares sont classés en A.O.C. VILLAGE et A.O.C. PREMIER CRU (sommets de collines). Les 200 hectares de différence servent à élaborer du Bourgogne Blanc et de l’Aligoté. Nous traversons ce village peuplé par 1 700 habitants et, paraît-il, plus nous nous dirigeons vers le sud, plus les terroirs que nous côtoyons produisent des vins fins et élégants. Le fond de la roche mère est constitué de calcaire délité. Les PERRIERES (ce nom comme origine: pierres, carrières) se caractérisent par leur minéralité, les GENEVRIERES par leur élégance, les CHARMES par leur puissance et leur opulence.

Nous apercevons PULIGNY (village de 400 habitants), qui s’illustre par son meilleur cru :

Le MONTRACHET. Nous y trouvons également les PREMIERS CRUS qui occupent tous les coteaux jusqu’à leur sommet. Les COMBETTES, Le CHAMP-CANET (caillouteux), Les PERRIERES (situés à côté des carrières), les CLAVOILLONS (dont le sol est moins caillouteux et plus profond), Les FOLATIERES (le plus grand en surface avec ses 20 hectares). Le PULIGNY VILLAGE est constitué de terres très profondes. Le serpent d’asphalte serpente et s’insinue entre, à notre gauche, les BÂTARD-MONTRACHET (14 ha) et les BIENVENUES-BATARD-MONTRACHET (4 ha) à notre droite, les MONTRACHET (7 ha 98, 60 mètres de large) avec en surplomb les CHEVALIER-MONTRACHET (4 ha).

Rehaussés de porches en pierres, les portes en fer forgé s’ouvrent sur des vignes dont les sols travaillés sont détrempés par les dernières intempéries. Roulant vers CHASSAGNE, les PREMIERS CRUS sont à droite et les VILLAGES à gauche. Les Pinots Noirs se différencient des Chardonnay par leur taille en Cordon de Royat.

Au loin, toujours en activité, la carrière de CHASSAGNE. Récemment ses pierres ont été utilisées pour restaurer Le LOUVRE. Ici les Chardonnay donnent des vins riches. Le ban communal englobe 650 ha de terres dont 400 ha de vignes. Nous longeons les CAILLERETS qui, par le passé, était un terroir entièrement complanté en Pinot Noir et qui aujourd’hui est 100% en Chardonnay. Aujourd’hui, c’est lui qui est considéré comme étant le très grand 1er Cru de CHASSAGNE, MORGEOT quant à lui occupe une surface de 25 à 30 Ha.

SANTENAY : Ce vignoble est complanté à 95% par du Pinot Noir. Les sols y sont lourds sauf quelques exceptions situées sur les coteaux. Il s’agit vraiment d’un terroir de rouge. La route que nous empruntons délimite les appellations 1er  Crus à droite et Village à gauche

MARANGES: un village qui produisait un vin qui se commercialisait comme Côte de Beaune Village (avec la possibilité d’être mélangé avec des crus provenant d’autres villages). Par sa structure tannique et sa puissance, ce vin était un peu considéré comme étant un vin médecin.

Nous sommes de retour à MEURSAULT à 10h30 pour une dégustation qui s’annonce grandiose. Monsieur Martin PRIEUR nous reçoit dans sa cuverie; les meilleurs crus des meilleurs domaines de la Côte nous y attendent. Ils vont illustrer cette visite sur le terrain (faite par nécessité en bus, mais qui aurait été extraordinaire à pied). Monsieur Martin PRIEUR nous donne quelques informations sur son domaine.

Vinification des blancs :

Les raisins sont pressés doucement et le débourbage est de 24 heures. Les pH sur moût se situent entres 3,10 et 3,20. La fermentation alcoolique se déroule sur une durée de 3 semaines à 3 mois. Il ne pratique pas de collage à la bentonite et ne levure que si cela s’avère nécessaire. Il y a un minimum d’intervention humaine. Seul un bâtonnage régulier est effectué selon les l’état des lies. Le vin repose dans une cave froide et la fermentation malo-lactique (faite partiellement ou en totalité) ne se déroule qu’en avril ou mai. Il est favorable aux vins qui ne sont pas trop puissants et ils évoluent vers des structures plus minérales et plus vibratiles. Un seul soutirage a lieu durant l’élevage du vin et sa mise en bouteille a lieu après 18 mois (maximum) de fût.

Millésimes :

Pour lui, le millésime 2000 a été généreux et figure parmi les plus importants que la Bourgogne a connu sur le plan du volume produit. Les derniers rendements étaient de 27 hl/ha en 1998, 45 hl/ha en 1999 et à nouveau 45 hl/ha en 2000. Les conditions climatiques de l’année 2000 étaient moins bonnes que celles de 1999, et l’état sanitaire de la vendange était tendancieux. Par conséquence, les vins de ce dernier millésime ne sont pas exceptionnels partout. Il est à noter que les Blancs ont mieux résisté et leur état sanitaire était meilleur que celui des rouges.

Le verre à la main, le dialogue s’établit entre les propriétaires qui nous présentent leurs vins (le millésime 1998 en sera le dénominateur commun) et les membres de l’Académie. C’est par l’intermédiaire de son guide que je laisse le soin à Michel BETTANE de présenter les domaines dont nous dégustons certains vins.

Domaine Joseph & Pierre MATROT-12, Rue de Martray – 21190 MEURSAULT

Contact : M. Thierry MATROT
Tel. : 03 80 21 20 13 Fax : 03 80 21 29 64
Surface du Domaine : 18,20 ha
Nombre de bouteilles produites : 100 000

Vins dégustés : MEURSAULT 1998 : Nez discret, ferme, élégant. Fraîcheur et équilibre le caractérisent. Fait encore preuve de réserve.

MEURSAULT 1er Cru – Les Channes 1992

Appellations produites :

VOLNAY 1er Cru – Santenots

MONTHELIE

MEURSAULT blanc et rouge, MEURSAULT-BLAGNY

MEURSAULT 1er Cru – Les Charmes, Les Perrières

AUXEY-DURESSES

BLAGNY La Pièce Sous le Bois

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Chalumeaux, Les Combettes

Domaine Bernard MOREY & Fils – 21 190 CHASSAGNE-MONTRACHET

Contact : M. Bernard MOREY
Tel. : 03 80 21 32 13 Fax : 03 80 21 39 72
Surface du Domaine : 14,50 ha
Nombre de bouteilles produites : 90 000

Vins dégustés: CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru – Caillerets 1998 : Bel équilibre de bouche, vin racé avec une pointe d’austérité.

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru – Morgeot 1997 : riche mais sans excès, ample, précis et complexe.

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru – Embrazées 1993: arômes complexes. Bonne

structure de bouche, solide, frais et élégant.

Appellations produites:

BEAUNE 1er Cru – Les Grèves

CHASSAGNE-MONTRACHET blanc et rouge

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru – Morgeot, Caillerets, Baudines, Embrazées, Vide-Bourse

SANTENAY

SANTENAY 1er Cru – Passe-Temps, Grand Clos Rousseau

MARANGES 1er Cru – La Fussière

Domaine Michel COLIN-DELEGER- 21190 CHASSAGNE-MONTRACHET

Contact : M. Michel COLIN Tel. : 03 80 21 32 72
Fax : 03 80 21 32 94
Surface du Domaine : 18 ha 82 (9,57 ha Pinot noir, 9,25 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 130 000 à 150 000

Ce domaine aux propriétés prestigieuses n‘a cessé d’affiner son style depuis dix ans. Il a su créer un compromis idéal entre la précocité du développement aromatique de ses vins et leur capacité à bien vieillir. Les arômes sont frais et floraux, l’élégance de leur bouquet est parfaitement en rapport avec la noblesse de leur origine.

Vins dégustés: CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru – Les Chaumées 1998 : épicé, élégant, bien construit.

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru- Les Chenevottes 1997 : petite réduction ?

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er Cru- Les Vergers 1995 : riche mais un peu confus

Appellations produites :

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Demoiselles, La Truffière

SAINT-AUBIN 1er  Cru – Les Charmois, Les Combes

CHASSAGNE-MONTRACHET blanc et rouge.

CHASSAGNE-MONTRACHET 1er  Cru rouge En Remilly, Les Morgeots, La Maltroie, Les Chaumées, Les Chevenottes, Les Vergers

SANTENAY rouge; SANTENAY 1er  Cru- Les Gravières

MARANGES blanc; MARANGES 1er  Cru rouge

Domaine Jacques PRIEUR- 6, Rue des Santenots – 21190 MEURSAULT

Contact: MM. Martin PRIEUR et Bertrand DEYILLARD, co-gérants
Tel. : 03 80 21 23 85 Fax : 03 80 21 29 19
Surface du Domaine: 21 ha (15 ha Pinot noir, 6 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 70 000 à 90 000

Ce prestigieux domaine, collectionneur de grands terroirs, a désormais retrouvé une vitesse de croisière digne de lui. Sous l’impulsion de Martin PRIEUR et de l’œnologue Nadine GUBLIN, les vins blancs vendangés à très haute maturité possèdent un gras étonnant et une complexité aromatique donnée par des crus merveilleux. Les rouges sont des modèles de Bourgogne moderne, riches en couleur, voluptueux, solides et racés à souhait. Leur capacité à se bonifier en bouteille ne fait aucun doute.

Vins dégustés: MEURSAULT – Clos de Mazeray Blanc 1998 (1,80 ha Monopole): épicé, structure ferme et belle acidité.

MEURSAULT 1er Cru – Perrières 1995 : année riche (13°8); nez à la fois complexe et confus. Vin riche, gras avec une pointe de lourdeur.

Appellations produites (blancs) :

CORTON-CHARLEMAGNE Grand Cru

BEAUNE 1er Cru – Champs Pimont, Clos de la Féguine (Monopole)

MEURSAULT – Clos de Mazeray (Monopole)

MEURSAULT 1er Cru – Perrières

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Combettes

CHEVALTER-MONTRACHET Grand Cru, MONTRACHET Grand Cru

Domaine Etienne SAUZET-11, Rue de Poiseul – 21 190 PULIGNY-MONTRACHET

Contact : M. Gérard BOU DOT
Tel. : 03 80 21 32 10 Fax : 03 80 21 90 89
Surface du Domaine : 8 ha (8 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites: 75 000

L’excellent Gérard BOUDOT a porté le vignoble du grand-père de son épouse à un degré de notoriété mondiale bien mérité. Sa responsabilité était grande, car il était étranger au domaine et s’est vite trouvé en charge de quelques-uns des crus les plus prestigieux de Puligny-Montrachet. Vinificateur méticuleux et discipliné, il a mis au point un style infiniment séducteur, fondé sur le finesse et la pureté immédiate des arômes. Délicats, brillants mais avec suffisamment de moelleux pour la demi-garde, ses vins ont été plébiscités par la grande restauration.

Après un court moment de flottement où ils semblaient se standardiser, la haute qualité est revenue en 1993, 1994 et 1998. Une division familiale inévitable a attribué une partie du domaine à Jean-Marc BOILLOT. Aussi Gérard BOUDOT complète-il désormais son approvisionnement propre par des achats de raisin, sans la moindre altération notable de la qualité.

Vins dégustés: PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Combettes 1999 : marqué par les épices et le bois.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Combettes 1998: fondu, élégant, racé avec belle et bonne fraîcheur. Beaucoup de matière et de tenue.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Combettes 1997 : franc et élancé ; belle matière, riche mais sans avec beau coup de finesse.

Appellations produites :

PULIGNY-MONTRACHET

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Combettes, La Garenne

BÂTARD-MONTRACHET Grand Cru

Domaine des Comtes LAFON – Clos de la Barre – 21 700 MEURSAULT

Contact : M. Dominique LAFON Tel. : 03 80 21 22 17 Fax : 03 80 21 61 64

Surface du Domaine : 13,8 ha (5,8 ha Pinot noir, 8 ha Chardonnay)

Nombre de bouteilles produites : 40 000 à 60 000

Peu de propriétés viticoles au monde produisent année après année des vins blancs et rouges d’une même excellence que ceux du Domaine des Comtes LAFON. René LAFON avait connu des réussites incomparables en blanc en 1963, 1967, 1973, 1979, 1981 et 1982 son fils Dominique – pour beaucoup le chef de file incontesté des vignerons de sa génération – a porté pour sa part les rouges aux mêmes sommets. Il faut dire que le Domaine collectionne les meilleurs terroirs de Vo1nay et de Meursault, plus une parcelle de Montrachet. Dominique LAFON gère sa vigne avec une extrême sagesse, mais prend les plus grands risques pour vendanger la plus haute maturité et extraire le plus noble du raisin au cours des vinifications. Les blancs acquièrent ainsi une onctuosité et une richesse en extrait sec vraiment admirable, tandis que les rouges, gorgés de couleur, de parfum et de tannins illustrent le renouveau bourguignon.

Vins dégustés : MEURSAULT – Clos de la Barre 1998 : au nez, le vin s’annonce riche, ample et miellé (acacia). On retrouve cette richesse et cette ampleur en bouche avec une densité, voire une épaisseur de la matière. Il termine sur une note fraîche qui rappelle la citronnelle. Dominique LAFON me précise que la biodynamie consolide l’acidité du vin, et que l’équilibre de l’acidité est meilleur.

MEURSAULT 1er Cru – Genevrières 1994: nez superbe d’un équilibre parfait. Le vin est ferme et racé, sa franchise exprime le terroir à la perfection. Riche et élégant, il fait preuve d’une grande présence et d’une étonnante persistance. Ce vin vibre et me fait penser à la peinture pointilliste de SEURAT.

Appellations produites:

VOLNAY 1er Crus – Santenots du Millieu, Clos des Chênes, Champans

MONTHELIE 1er Cru – Les Duresses

MEURSAULT, MEURSAULT – Clos de la Barre, Désirée

MEURSAULT l ‘T Crus – Charmes, Perrières, Genevrières, Goutte d’Or

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Champs-Gain

MONTRACHET Grand Cru

Domaine LEFLAIVE- 21190 PULIGNY-MONTRACHET

Contact : Mme Anne-Claude LEFLAIVE
Tel.: 03 80 2 1 30 13
Fax : 03 80 21 39 57
Surface du Domaine : 22 ha ( 1 ha Pinot noir, 21 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 112 000 à 120 000

Le domaine continue son aventure dans la culture biodynamique en accumulant les succès. Il est évident qu’en quelques années, les raisins sont devenus plus savoureux et que l’expression des terroirs dans les vins atteint désormais une expression d’une précision inconnue jusqu’ici. Le style fondamental du domaine n’a pas changé et privilégie la pureté d’élégance, qualité particulièrement adaptée aux vins de Puligny.

Vins dégustés : PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Pucelles 1999 : équilibre remarquable ; fin et élégant avec de fines touches boisées qui subliment le corps du vin. Vin d’une grande, très grande élégance.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Pucelles 1998 : le nez s’exprime avec beaucoup de retenue. Il est subtil, très finement miellé (acacia) ; vin riche et ample, sa structure paraît énorme.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Pucelles 1997 : à la fois complexe et minéral, le vin ample s’exprime à travers une très belle matière. Long, riche et d’une grande noblesse.

Appellations produites :

PULIGNY-MONTRACHET

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Pucelles, Les Combettes, Les Folatières, Le Clavoillon, Les Chalumeaux

BIENVENUES-BATARD-MONTRACHET Grand Cru,

BATARD-MONTRACHET Grand Cru,

CHEVALIER-MONTRACHET Grand Cru, MONTRACHET Grand Cru

Notre Chancelier ne peut quitter ce lieu sans rappeler l’historicité des Grands Vins de cette partie des Côtes de Beaune. « Si l’Abbaye de Westminster résume à elle seule l’histoire de l’Angleterre, cette dégustation des plus Grands Vins de la Côte des Blancs résume l’histoire de cette partie de la Bourgogne. Pour l’Angleterre, c’est de Westminster que tout est parti ; pour la Bourgogne, c’est de la Côte des Blancs que tout est parti. » li remercie MM. Martin PRIEUR et Bertrand DEVILLARD de nous avoir reçu en ce lieu et nous permettre ainsi d’y vivre un de ces moments rares, un moment où tout se réunit et nous unit. Dans une envolée lyrique, il conçoit l’origine du monde dans ce cellier et remercie les amis vignerons présents de nous avoir permis de vivre un moment exceptionnel. Il n’est pas loin de midi lorsque nous quittons MEURSAULT pour nous rendre à BEAUNE, où nous sommes attendus à la Maison LOUIS JADOT pour une visite-dégustation.

Madame André GAGEY et son fils Pierre-Henry nous attendent à l’entrée des nouveaux chais situés à la proche périphérie de BEAUNE. C’est dans une cuverie impressionnante par ses dimensions et son architecture que Pierre-Henry GAGEY nous rappelle brièvement l’histoire de cette maison fondée en 1859. A l’époque, elle cumulait le négoce (éleveur-vendeur) et le domaine (culture et vinification). Puis JADOT s’est mis à acheter des vignes situées en Appellation Grand Cru et 1er Cru afin de sécuriser son approvisionnement.

JADOT grandit et les vins d’abord répartis clans 3 cuveries de vinification relativement distantes les unes des autres sont enfin réunies dans ce lieu fantastique terminé en 1998 (quelques mois avant la mort d’André GAGEY). Les concepteurs du projet voulaient que l’on s’y sente bien, et le pari est réussi car notre ami Jacques PUISAIS le compare à un temple.

Tels les joyaux d’une couronne, 90 cuves de vinification pour les rouges épousent les murs de ce bâtiment de forme ronde (afin d’y concentrer l’énergie), et dont le toit est surmonté d’une coupole faisant office d’un véritable puits de lumière. Ces cuves en matériaux nobles, acier inoxydable ou chêne, permettent les vinifications parcellaires. Trois personnes y travaillent, et elles veulent y sentir le vin et ses odeurs. L’égrappage est pratiqué à 90% et les raisins sont poussés vers les cuves de vinification afin de les garder le plus sains possible. Ces 90 cuves sont équipées d’un robot qui pratique le pigeage automatique. Il y a cependant peu d’automatisme, car pour les dirigeants, l’homme doit y être présent et doit veiller au bon déroulement des opérations. C’est l’homme qui vinifie et non un automate. Après les explications techniques, nous nous séparons en deux groupes pour visiter les caves et nous rendre dans le caveau de dégustation afin d’y découvrir certains trésors de cette Grande Maison.

Comme pour les dégustations précédentes, je laisse à Michel BETTANE le soin de vous présenter cette maison en préambule.

Maison Louis JADOT- 21 rue Spüller – 21200 BEAUNE
Contact: M. Pierre-Henry GAGEY Tel. : 03 80 22 10 57 Fax : 03 80 22 56 03
E-mail : contact@louis jadot.com – www.louisjadot.com
Surface du Domaine: 105 ha (48 ha Pinot noir, 22 ha Chardonnay, 35 ha gamay)
Nombre de bouteilles produites : 6 000 000

A chaque nouveau millésime vinifié dans la nouvelle et magnifique cuverie de la maison, Jacques LARDIERE semble dépasser les résultats de l’année précédente. Son obsession est d’exprimer le plus profond des terroirs bien au-delà des arômes superficiels qui intéressent tant ses pairs. Pour lui, c’est le corps du vin qui doit transmettre non seulement l’originalité du terroir, mais aussi sa force tellurique et l’ensemble de ses vibrations, ce qui le rapproche de plus en plus des partisans de la biodynamie. La gamme des vins proposés par la maison est d’une homogénéité impressionnante.

Vins blancs dégustés :

BEAUNE 1er Cru – Les Grèves 2000: issu d’un terroir caillouteux replanté en 1986, ce vin vient d’être soutiré, sa fermentation malo-lactique terminée. Riche, ample et sans lourdeur, aux arômes fins et généreux. Utilisation de 30 à 40% de bois neuf. Ce vin est un vin émouvant car le grand-père en réservait toujours 2 fûts pour la famille.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Folatières 2000 : plus tendre que le précédent, mais semble plus rustique. Il exprime le caillou calcaire qui en compose son sol. Le nez s’exprime avec beaucoup de retenue. Il est subtil, très finement miellé (acacia) ; vin riche et ample, sa structure paraît énorme.

CHEVALIER-MONTRACHET GRAND CRU 2000 Les Demoiselles: Cette parcelle qui appartenait à des demoiselles est aujourd’hui pour moitié la propriété de Louis JADOT et pour moitié celle de Louis LATOUR. Au nez, le vin montre qu’il est issu d’une vendange très mure. Riche, ample, puissant, grand, il tend à devenir énorme.

CORTON-CHARLEMAGNE GRAND CRU 2000: au nez, le vin est génial. Fin, ample, ferme, puissant, grand, très grand. Vin immense qui se donne sous une richesse d’une royale plénitude.

Vins rouges dégustés :

BEAUNE 1er Cru – Clos des Ursules 1999: senteurs d’encens, de tige d’oseille (Puisais), de fruits rouges marqués par la groseille. Vin ample, riche et bien structuré. En bouche, il est élégant, ferme et précis. Ses tanins sont souples. Me fait penser à la finesse et à la délicatesse d’une belle porcelaine.

GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru – Clos Saint-Jacques 1999 : touche d’encre au nez. Bonne structure de bouche, droite, ferme avec touche d’austérité.

BONNES MARES GRAND CRU 1999: un vin d’émotion; fruits mûrs (mures, myrtilles, cassis). Ample, à la fois puissant et élégant. On succombe !

CHAMBERTIN CLOS-DE-BEZE GRAND CRU 1999 : nez ample qui se donne avec beaucoup de retenue. Très marqué par le cassis (fruit et feuille froissée). Bouche pulpeuse qui exprime et exsude la plénitude du fruit. Les tanins sont d’une souplesse, d’une élégance et d’un satiné absolument SUPERBE. Très grand vin. Jacques PUISAIS fait la synthèse de cette dégustation ; votre imaginaire complètera le commentaire succinct ci-après, car ma plume, trop lente pour retransmettre l’ensemble des commentaires, n’ en a retenu que les points forts.

BEAUNE 1er Cru Les Grèves 2000 : ce vin donne la dimension de la maison. Friand, avec des arômes d’aubépine, il nous transmet la grâce du calcaire et laisse présager une dégustation importante.

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Folatières 2000 : Vanillé, élégant ; sa puissance est maîtrisée. Il nous laisse imaginer le vignoble sous le soleil, avec une impression de chaleur contenue et de force. J’ai retenu le paysage.

CHEVALIER-MONTRACHET GRAND CRU 2000 LES DEMOISELLES : Voici l’explosion de ce Chardonnay, l’un des plus grands vins blancs secs au monde.

CORTON-CHARLEMAGNE GRAND CRU 2000 : se laisse déguster de façon intelligente et généreuse.

BEAUNE 1er Cru – Clos des Ursules 1999: se donne sous la forme d’une identité forte.

GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru – Clos Saint-Jacques 1999: solide el séduisant; à lui seul il semble représenter la cuisine bourguignonne.

BONNES MARES GRAND CRU 1999 : richesse, fermeté et charme; on est sur la route de Chambolle et l’on se sent bien.

CHAMBERTIN CLOS-DE-BEZE GRAND CRU 1999: la puissance dans son paradoxe.

Jacques remercie Madame GAGEY et Pierre-Henry pour ce grand moment vécu ensemble. Moment d’émotion et d’exception, où les vins vibraient à l’unisson des cœurs. Moment où, dans ce caveau, l’âme d’André GAGEY est avec nous. Cette dégustation mémorable est suivie d’un déjeuner auquel Pierre-Henry GAGEY nous invite en mémoire à son père. Durant ce déjeuner sont servis :

CORTON-CHARLEMAGNE GRAND CRU 1982: couleur jaune or. Nez ample, complexe, minéral. En bouche, le vin est d’une ampleur, d’une densité et d’une jeunesse étonnante.

BEAUNE 1er Cru – Clos des Ursules 1985: au nez, j’y trouve des touches de jujube, de griotte et de cerise noire. La jujube fait office d’épice. En bouche le vin est grandiose, ferme, dense, complexe. Ses tanins sont anoblis par l’âge.

CHAMBERTIN CLOS DE BEZE GRAND CRU 1964 : couleur légèrement tuilée; nez plein, riche. Les tanins sont tellement fondus qu’ils donnent une impression de sucré. Ample, avec des arômes de compote de cerise, le vin, rehaussé d’une exquise fraîcheur qui souligne le corps dense et chaleureux, se donne dans une parfaite plénitude. L’accord avec le fromage de Coulommiers est sublime, quant au Cîteaux, il est d’exception.

Ce déjeuner, moment de plaisir partagé, Jacques PUISAIS en fait la synthèse suivante : rappelant ses propos lors de la dégustation précédente dans lesquels il souhaitait retrouver ces vins dans l’âge adulte, le voilà comblé. Pour lui, ces instants de table doivent être vécus comme un privilège, et de se poser la question si nous méritons ces bienfaits de la terre. Ce CORTON CHARLEMAGNE est un grand garçon né en 1982. Doré, lumineux, son nez est dévolu, son corps est plein et puissant; tout est engageant. Le vin est heureux sur les asperges et sourit sur le moelleux viscéral du foie. Tout est glissant.

Le BEAUNE 1er CRU – Clos des Ursules 1985 : de couleur grenat, pourpre et ambré, il s’exprime au nez par des arômes de cerise noble il pinote et vous dit «je suis en Bourgogne».

Pour identifier une chose, il faut l’avoir vécue, et malheureusement, à l’heure actuelle, il beaucoup d’inventeurs. Avec la tarte au fromage, tout est juste, tout est douillet et, si tout le monde s’aimait autant, il n‘y aurait pas de guerre.

CHAMBERTIN CLOS DE BEZE GRAND CRU 1964 : sa robe rubis ambré fait penser à un vin issu d’un climat (terroir) chaud. Le vin nous offre son bouquet (dans toute la dimension  du sens de ce terme) et est heureux de l’offrir en ce jour, en ce lieu. Le vin nous a confié son nom et son âge. Tout est grand, fier ; c’est là la dimension de l’art. Avec le fromage de Cîteaux, le vin coiffe; c’est juste. MERCI André GAGEY.

C’est à notre Chancelier Jean-Pierre PERRIN de prendre la parole et par des propos intimes, il s’adresse à Madame GAGEY et à son fils Pierre-Henry. Il se rappelle ce déjeuner pris ensemble, il y a à peine quelques années, au Clos Saint-Jacques ; André était encore là. «Pendant ce repas, j’ai pensé à André, à votre époux, à votre père; grand négociant de la Côte. ‘œuvre reste, les hommes passent. Merci de nous avoir reçus eu mémoire d’André GAGEY. » Ces moments d’émotion intense que nous venions de vivre nous ont un peu laissé chaos, et il nous a fallu nous reprendre pour continuer notre périple et aborder, sous la houlette de Jacques d’ANGERVILLE et de Hubert de MONTILLE, le vignoble des vins rouges de la Côte-de-Beaune.

En raison de la taille des domaines à visiter, le groupe se scinde en deux. L’un se rend chez Hubert de MONTILLE, l’autre chez Jacques d’ANGERVILLE. Chez nos amis d’ANGERVILLE, toute la famille réunie nous accueille et ensemble, nous faisons un tour dans les vignes du CLOS DES DUCS. C’est dans un caveau de dégustation au caractère intime que nous dégustons les vins des deux domaines précités. Pour plus de clarté dans ce rapport, je scinde cette dégustation par domaine et laisse à Michel BETTANE, comme précédemment, le soin de vous les présenter selon ses propres critères.

Domaine du Marquis d’ ANGERVILLE- 21190 VOLNAY
Contact: M. Jacques d’ANGERYILLE
Tel.: 03 80 21 61 75
Fax : 03 80 21 65 07
Surface du Domaine : 13 ha (12 ha Pinot noir, 1 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 50 000 à 60 000

Ce domaine historique, pionnier de la mise en bouteille à la propriété, a joué et joue encore un rôle de modèle moral et stylistique. Le vignoble, absolument magnifique, compte d’importantes parcelles sur les meilleurs premiers crus de Volnay et de Pommard, dont le monopole du Clos des Ducs. Les vieilles vignes, d’un plant très fin et durement conduites, offrent une vendange concentrée. Depuis 1988, la finesse, la classe, l’harmonie et le cachet, qui font tant aimer les vins de Volnay, s’expriment dans toute leur plénitude. Tous les vins du domaine vieillissent admirablement. Moins connus que d’autres, le Volnay Taillepieds nous a éblouis par un supplément de finesse, de texture.

Vins dégustés :

YOLNAY 1er Cru- Les Champans 2000 (sur fût) : nez ferme sur sa réserve. Très belle matière, bien structurée. Vin droit aux arômes de fruits rouges (framboise). En finale, il s’exprime sous la forme d’une fraise mûre. Il me fait penser à une caresse virile.

VOLNAY 1er Cru- Les Champans 1999 : nez fin et élégant avec des arômes de groseille rouge et de framboise. Souple en bouche, les tanins sont fondus et la structure du vin évoque le velours d’un satin. Très beau vin qui s’exprime avec un excellent équilibre.

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VOLNAY 1er Cru- Les Taillepieds 1997 (magnum): au nez il est tendre, sensuel, élégant. Malgré sa complexité, on a l’impression que tous les éléments de ce vin s’associent entre eux pour le faire chanter.

VOLNAY 1er Cru- Les Taillepieds 1996 (magnum) : le nez est encore sur la réserve. Elégant, pointu, précis, la bouche est ferme, tout en devenir. La finale est fraîche, élégante, soyeuse et précise. Un vin qui évoque les belles broderies de Bruges.

VOLNAY 1er Cru – Les Champans 1990: nez aux arômes un peu sauvages. Belle richesse sans embonpoint. La complexité étoffe la matière, le fruit s’exprime en plénitude. Au Domaine du Marquis d’Angerville, la porte de lacave m’incite à rêver.

Appellations produites au Domaine du Marquis d’ ANGERVILLE:

VOLNAY 1er Cru – Clos des Ducs (monopole), Les Champans, Les Taille-pieds, Les Frémiets

MEURSAULT 1er Cru – Santenots (blanc)

Domaine Hubert de MONTJLLE – Rue de Pied-de-la-Vallée – 21 190 VOLNAY

Contact : Maître Hubert de MONTILLE
Tel. : 03 80 21 62 67 Fax : 03 80 21 67 14
Surface du Domaine : 7 ha (7 ha Pinot noir)
Nombre de bouteilles produites : 30 000

Cet autre domaine de référence est situé sur les meilleurs premiers crus de Volnay et Pommard (huit premiers crus) et, depuis 1993, sur l’incomparable Caillerets à Puligny-Montrachet. Le style du domaine est unique en Bourgogne. Détestant les vins alcooleux, Hubert de Montille s’est toujours refusé à chaptaliser au-delà d’un degré et vise 12°. Mais il compense ce gabarit léger par une force tannique. Grâce à de longues macérations, il obtient des vins d’une robe étonnante et d’une assise tannique sans pareil. Ils vieillissent, comme les grands bordeaux, sur plusieurs décennies. Leur pureté aromatique et leur incomparable finesse les désignent comme les préférés des amateurs exigeants. Les derniers millésimes, brillamment vinifiés par Etienne, fils d’Hubert, montrent un assouplissement bienvenu des tannins, plus civilisés que naguère, sans aucun affadissement de l’expression du terroir.

Vins dégustés : VOLNAY 1er Cru- Les Rugiens 2000 (sur fût) : austère et rigoureux au nez. Exprime les fruits rouges (groseilles), encore un peu rugueux.

VOLNAY 1er Cru – Les Mitans 1999 : nez ferme, dense et précis. Bouche très concentrée
(soupe de fruits rouges), belle et grande matière. Très beau vin.

VOLNAY 1er Cru – Les Rugiens 1999 : fruits rouges avec de fines traces minérales. Grande matière, corps dense, ferme et droit, très droit. Grande fermeté.

VOLNAY 1er Cru – Les Taillepieds 1989 : le nez est complexe. Le vin ample est d’une rigueur exemplaire.

VOLNAY 1er Cru – Pèzerolles 1978 : à la fois complexe et dense, il est resté d’une étonnante jeunesse. En fait, il allie la jeunesse d’esprit à la maturité de la pensée.

Et contre toute attente:

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru- Les Caillerets 1998 : élégant, fin, ferme, épicé, vanillé voire légèrement cannelle. Ce vin blanc est d’une élégance rare. C’est un vin complet et complexe, profondément charnel.

Appellations produites au Domaine Hubert de MONTILLE: POMMARD 1er Cru- Les Rugiens. Les Pézerolles, Les Grands-Epenots

VOLNAY 1er Cru- Les Champans, Les Taille-pieds, Les Mitans

PULIGNY-MONTRACHET 1er Cru – Les Caillerets

Dans ce village de VOLNAY, en fin d’après-midi, l’atmosphère est détendue et un brouhaha de voix envahit le bout de la rue de Pied-de-la-Vallée. Les deux groupes se sont rejoints chez Hubert de MONTILLE qui, entouré de son épouse et de son fils, est souriant et heureux. Dans ce village de VOLNAY, en découvrant leurs vins, en les dégustant, en les psychanalysant, nous venons de découvrir non seulement deux grands vignerons, mais également deux hommes de cœur. Jacques d’ANGERVILLE: un homme de bonté qui laisse parler son cœur. Hubert de MONTILLE : un cœur qui se cache derrière 1’homme de loi. Merci à tous deux pour cette merveilleuse après-midi. Après un rapide passage à l’hôtel, nous voilà revenus au centre de cette cité de Beaune, pour notre dîner de Gala. Celui-ci a lieu aux Hospices de Beaune en la CHAMBRE DU ROY, et c’est au chef Jean CROTET (Hostellerie de Levernois) d’œuvrer en cuisine.

La Chambre du Roy est une très belle salle dont les murs, en chêne lambrissé, sont rehaussés par des portraits. Au centre, au-dessus de la cheminée, celui du roi Louis XIV. Autour, ceux des Ducs de Bourgogne: Philippe le Bon, Philippe le Hardy, Jean Sans Peur. Un imposant lustre en verre de Murano éclaire les visages ravis des convives. Ce dîner, Jacques PUlSAIS nous en fait l’éloge en termes choisis. Ma plume, un peu lente en fin de repas, n’en reprend malheureusement que les points forts. Le chef, Jean CROTET, fait son entrée dans la salle du Roy sous les applaudissements. Il a le visage réjoui, rassuré et récompensé. On va pouvoir parler de l’humide et du sec. Jean a pensé que pour donner la réplique au MEURSAULT 1er Cru – Genevrières 1988 des Comtes LAFON (nez frais, élégant, finement minéral ; corps dense, bien relevé et fraîcheur surprenante ; finale longue et savoureuse), il fallait lui trouver un met intense et câlin. 

Le homard fut choisi et servi en salade aux asperges, huile de pistache et vinaigre balsamique. En fait le homard donnait l’impression de se promener dans une prairie avec son côté cardinal. Passons à l’acte 2: La Lotte rôtie au beurre rouge. Deux vins étaient servis sur ce plat: l’un était un VOLNAY 1er Cru – Les Taillepieds 1993 du Marquis d’ANGERVILLE (vin encore mordant, aux tanins marqués mais qui se montrait savoureux sur la lotte; le vin se réveillait au fur et à mesure qu’il s’aérait dans le verre) et l’autre un NUITS SAINT GEORGES de Henri GOUGES (arômes fumés, truffe, cuir; son corps amplifiait sa complexité dans le verre et s’acoquinait avec la lotte accompagnée de poireau – la 2ème bouteille se montrait plus sensuelle, plus tendre). Personnellement, je trouvais que ces deux vins interprétaient une même partition, mais l’un le faisait sur la basse et l’autre sur l’alto.

Le VOLNAY d’ANGERVILLE a osé aller vers cette lotte au beurre rouge détendu, qui nous a détendus. Les deux vins servis sur ce plat n’ont pas pu se séparer, ils étaient deux amis et cela était juste. Suivent deux autres vins servis sur le Pigeon et Foie Gras de Canard poêlé, jus de truffe. Un POMMARD 1er Cru – Les Rugiens 1985 de Hubert de MONTILLE servi en magnum et un CLOS DE LA ROCHE Grand Cru 1991 du Domaine DUJAC. Deux autres vins, deux générosités en vin et deux mets généreux; le foie gras et le pigeon. Le plat est précieux la générosité du Clos de la Roche se rapprochait de celle du foie gras et celle du Pommard les Rugiens avec celle d’un pigeon. Mais pas de n‘importe quel pigeon car Jean CROTET nous a réussi un pigeon rare.

Les fromages régionaux étaient accompagnés d’un GRANDS ECHEZEAUX Grand Cru 1990 du Domaine de la ROMANEE CONTI (très grande expression olfactive. Le vin fait preuve de retenue, de classe, de distinction ; il est très concentré. Après une minute, il dégage toujours des arômes de cerise charnue. Je le trouve génial sur le fromage au Chambertin. C’est un vin complet, d’une plénitude extraordinaire et exceptionnelle.) Ce GRANDS ECHEZEAUX 1990 était un vin que l’on mangeait, et on le mangeait encore mieux sur le fromage d’Epoisses. Puis nous avions le privilège d’avoir dans nos verres le vin d’André: un BANYULS Hors d’âge de

Solera – Domaine du Mas Blanc servi sur la Mousse au Chocolat aux Griottes. Là encore, tout était juste. Merci aux vignerons qui ont donné leur sueur pour nous apporter ces vins, et merci à Jean CROTET et à sa brigade pour les mets succulents qui les ont si bien accompagnés.

C’est au Chancelier de prendre la parole et de clore cette soirée. Il tient à préciser que ce dîner n’est pas un dîner de clôture, mais qu’il accompagne notre symposium. Nous sommes dans la plus belle des salles de l’Hôtel Dieu, Haut Lieu de la Bourgogne mais avant tout Lieu de charité et Lieu de partage. Cette magnifique œuvre humaine est profondément imprégnée de charité, de beauté et de compréhension mais elle est également imprégnée par la maladie. Grâce aux vignerons, à leurs œuvres et à leurs dons, ce Lieu a su préserver son idéal. Aussi, ce dîner de Gala nous rappelle toute la symbolique du partage, et plus spécialement celui du partage de la table.

Merci aux vignerons qui ont permis cet échange magique.

Merci à: Monsieur et Madame d’ANGERVILLE,

Monsieur et Madame Michel GOUGES,

Monsieur et Madame de MONTILLE,

Monsieur et Madame Jacques SEYSSES,

Monsieur Dominique LAFON,

Monsieur Aubert de VILAINE,

Monsieur Pierre MERGEY.

Samedi 19 Mai : La CÔTE-DE-NUITS

A 9h00 le départ et, en convoi car une procession de voitures suivait les cars, nous nous rendons à NUITS-SAINT-GEORGES pour y faire connaissance avec ces crus réputés. De même qu’à Volnay, les participants se scindent en deux groupes, l’un visite le Domaine Henri GOUGES et l’autre la Maison FAIVELEY.

Comme précédemment, je laisse à Michel BETTANE le soin de vous présenter les domaines et les hommes qui en ont la charge.

Domaine Henri GOUGES – Rue du Moulin – 21 700 NUITS-SAINT-GEORGES

Contact : M. Michel GOUGES
Tel. : 03 80 61 04 40 Fax : 03 80 61 32 84
Surface du Domaine: 14 ha 50 (13,2 ha Pinot noir et 1,3 ha Pinot blanc)
Nombre de bouteilles produites : 40 000

Ce domaine exemplaire a tout mis en œuvre pour retrouver le rôle d’authentique modèle du style bourguignon. A la vigne, l’enherbement raisonné a vigoureusement limité le rendement, et les vins ont considérablement gagné en expression du terroir. Les premiers crus du domaine supportent toutes les comparaisons. Leur couleur profonde surprendra les détracteurs du Pinot Noir et leur rectitude d’expression – frôlant parfois l’austérité  leur vaudra la faveur des amateurs de Bordeaux. Il faut simplement éviter de les boire entre cinq et dix ans, alors qu‘ils ne sont pas encore épanouis. La réussite du Domaine est totale en 1998 et 1999 avec des vins d’une intensité d’expression et d’une densité de matière hors du commun.

Vins dégustés : NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Les Pruliers 2000 (sur fût): les raisins n’ont jamais souffert de sécheresse. Nez ferme, cerise noire concentrée, touche légèrement fumée. En bouche le vin est plein, très charnu avec beaucoup de fruits (cerise noire bien mûre). C’est un vin plaisir qui est exquis. Ce vin sera mis en bouteille sans collage et sans filtration. Il va rester sur lies pendant 12 mois.

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru- Les Pruliers 1999 : produit avec un rendement de 45 hl par ha a été vendangé avec une maturité phénolique parfaite. Le nez se présente par touches austères. En bouche on retrouve des tanins souples, des arômes de griotte, son corps ferme, charnu, structuré et bien équilibré est, pour le moment, moins sensuel que le précédent.

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Clos-des-Porrets-Saint-Georges 1997 (Monopole): suite au gel, les raisins étaient petits et le rendement se limitait à 17 hl par ha. Nez intense, mûr, avec des arômes un peu giboyeux et viscères. Son côté animal est marqué. Un vin de très grande garde.

Appellations produites :

NUITS-SAINT-GEORGES

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Les Saints-Georges, Clos-des-Porrets-Saint-Georges (Monopole), Les Pruliers, Les Vaucrains, , Chaînes-Carteaux, Les Perrières (blanc)

Maison FAIVELEY – 8 Rue du Tribourg – 21 701 NUITS-SAINT-GEORGES Cedex

Contact : M. François FAIVELEY
Tel. : 03 80 61 04 40 Fax : 03 80 61 32 84
Surface du Domaine: 120 ha (90 ha Pinot noir et 30 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 900 000

Associée pour l’occasion de ce passage en Bourgogne et, bien qu’elle soit également une maison de négoce, la Maison FAIVELEY est, avec près de 45 ha en Côte d’Or et 75 ha à Mercurey en propriété, l’un des plus vastes et des plus prestigieux domaines bourguignons. C’est également l’un des domaines les plus rigoureusement dirigés, puisque François FAIVELEY met un point d’honneur à pouvoir garantir personnellement la qualité et l’évolution de chaque bouteille qui quitte la cave.

Voici une adresse incontournable. Malgré sa très grande superficie, largement due à son important vignoble de la côte bordelaise (75ha à Mercurey) ce domaine produit des vins d’un style et d’une régularité exemplaires. Les grands terroirs de la côte de Nuits el du Corton rivalisent avec les plus grandes réussites bourguignonnes. Les vins blancs sont nets, fruités, et pour le Corton Charlemagne (hélas très contingenté) d’une monumentalité admirable. Les rouges colorés, profonds, nerveux et très tanniques sont constitués pour la longue garde. 1998 et 1999 répondront à l’attente avec le même style et la même authenticité dans l’expression du terroir.

Vins dégustés :

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Aux Chaignots 2000 (sur fût):

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Les Damodes 2000 (sur fût):

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Les Saint-Georges 1998: nez ouvert sur le fruit. En bouche, le vin est plus sévère et donne l’impression de se refermer pour le moment. Les dégustations terminées, nous quittons NUITS-SAINT-GEORGES pour nous rendre à MOREY-SAINT- DENIS. La route serpente entre des crus qui nous font rêver. Les noms qu’égrène le fils de Jacques SEYSSES, qui nous accompagne, nous font saliver, et lorsque nous débarquons à MOREY, nous voilà frais et dispos pour poursuivre la dégustation.

Domaine DUJAC – 7 Rue du Moulin – 21 220 MOREY-SAINT-DENIS

Contact : M. Jacques SEYSSES
Tel. : 03 80 34 01 OO Fax : 03 80 34 01 09
E-mail : contact@dujac.com – www.dujac.com
Surface du Domaine : 12 ha 67 (11, 17 ha Pinot noir et 1,5 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 54 000 à 65 000

Jacques SEYSSES est l’un des plus brillants ambassadeurs de la Bourgogne dans le monde entier. Méthodologique et ambitieux, il va toujours jusqu’au bout de ses idées. Ses vins ont une personnalité très forte et reconnaissable qui enthousiasme beaucoup d’amateurs de Pinot Noir. Il vinifie en raisins entiers et utilise abondamment le bois neuf pour obtenir des vins très aromatiques et d’une finesse parfois transcendante. Nous avons toujours pensé qu’ils exprimaient davantage le génie du cépage que celui du terroir. Les millésimes récents ont beaucoup gagné en corps et en expression du terroir. La seule limitation que nous leur voyons est due au matériel végétal. Jacques SEYSSES fait pleinement confiance aux clones modernes, ce qui est loin d’être notre position.

Vins dégustés: 

CLOS-SAINT-DENIS GRAND CRU 2000 (sur fût):

MOREY-SAINT-DENIS 1999: vigne plantée en sélection clonale il y a vingt ans et dont l’enherbement a calmé la vigueur. Nez vanillé, belle matière. Tanins végétaux en finale.

CLOS-SAINT-DENIS GRAND CRU 1999: issu à 100% de vendange entière, pigée 3 fois par jour avec réimmersion du chapeau. A fermenté pendant 7 à 8 jours et a été pigée jusqu’à émiettement du chapeau. Le nez est fin et élégant. Ces caractères se retrouvent en bouche ; les tanins sont souples et charmeurs. Très GRAND VIN.

Appellations produites :

GEVREY-CHAMBERTIN & GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru – Aux Combattes

CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MOREY-SAINT-DENIS blanc et rouge & MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru

CLOS-SAINT-DENIS GRAND CRU

CLOS DE LA ROCHE GRAND CRU

CHAMBOLLE-MUSIGNY & CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru – Les Gruenchers

BONNES MARES GRAND CRU

ECHEZEAUX GRAND CRU – VOSNE-ROMANEE 1er Cru – Les Beaumonts

Domaine Henri PERROT-MINOT – Route des Grands Crus – 21 220 MOREY-SAINT-DENIS

Contact : M. Christophe PERROT-MINOT
Tel. : 03 80 34 32 51 Fax : 03 80 34 13 57
Surface du Domaine : 8 ha 90 (8,5 ha planté à 98% Pinot noir et 2% Gamay), 0,2 ha Aligoté et 0,2 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 50 000

Christophe PERROT-MINOT est certainement le plus ambitieux des vignerons de sa génération et l‘un des vinificateurs les plus doués. Il n‘a cessé de progresser depuis 1993 pour évoluer, avec ses sublimes 1999, dans des sphères proches des Mortet et Dugat-Py. Le millésime 1998, très puissant et équilibré, vaut la peine d’être attendu dix ans en cuve et on constate avec plaisir qu’il est moins sur-extrait que le 1996. Nous sommes heureux que Christophe PERROT-MINOT reprenne le petit domaine d’André PERRIN-ROSSIN, aujourd’hui à la retraite. Nous sommes sûrs que la merveilleuse Richemonde continuera de briller de toute sa séduction aromatique.

Vins dégustés: NUITS-SAINT-GEORGES – La Richemonde 2000: Typé Morey. Ce vin a subi une macération à froid d’une durée de 8 à 10 j ours. La température de fermentation est montée jusqu’à 32°C. Complexe, dense, plein, il est remarquablement constitué. Beau et grand vin charnu.

CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU 2000 (sur fût): En fûts d’un an. Au nez, on y trouve de la cerise concentrée et des touches de tabac blond (amsterdamer). En bouche, le vin est riche, ample, dense. Vin d’une extrême densité, charnu et charnel.

MAZOYERES-CHAMBERTIN GRAND CRU 2000 (sur fût): Vigne plantée à 12 000 pieds à

l’hectare à raison de + ou – 7 raisins par pied. Le rendement a été de 35 hl/ha (25 hl/ha en 1997). Au nez, le vin est plus animal. Dense, charnu, plein; le style me fait penser à celui qu’aime R. Parker.

MOREY-SAINT-DENIS En la Rue de Vergy 1999 (village): vigne de 30 ans qui a produit 45 hl/ha de rendement. Très beaux arômes terpéniques qui me font penser à l’encens. Soupe de cerise avec feuilles de menthe. Belle plénitude de bouche, riche, fin, fruité, mais ne termine pas sur la finale fraîche du vin de Dujac.

CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru La Combe d’Orveau 1999 : beau nez, fin, qui rappelle la soupe de cerise. Vin juteux, plein, charnu, aux tanins à la fois souples et fermes.

Appellations produites :

NUIT-SAINT-GEORGES La Richemonde

GEVREY-CHAMBERTIN

CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MAZOYERES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MOREY-SAINT-DENIS En la Rue de Vergy & MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru La Riolle

CHAMBOLLE-MUSIGNY & CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru – La Combe d’Orveau, Les Fuées

Domaine Hubert LIGNIER -45 Grande Rue – 21 220 MOREY-SAINT-DENIS

Contact : M. Romain LIGN1ER
Tel. : 03 80 34 31 79 Fax : 03 80 51 80 97
Surface du Domaine : 8 ha (7,4 ha planté à 95% Pinot noir et 5% Gamay, 0,6 ha Aligoté)
Nombre de bouteilles produites: 35 000

Romain LIGNIER est un des grands vinificateurs de la jeune génération. Ses vins ont une ampleur de constitution, une précision de définition du terroir et surtout une régularité qui les mettent en tête de sa commune. 1997 et 1998 ne font pas exception. Les vins sont complets et gourmands

Vins dégustés : CLOS DE LA ROCHE GRAND CRU l999 (sur fût) : au nez, soupe de fruits rouges, cerise confite, traces d’orange. Très belle matière. Présence d’acidité volatile en fin de bouche qui donne un support acide au vin.

Appellations produites :

GEVREY-CHAMBERTIN & GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru – Aux Combottes

CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MAZOYERES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MOREY-SAINT-DENIS & MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru Vieilles Vignes, Les Chabiots, La Riolle

CLOS DE LA ROCHE GRAND CRU

CHAMBOLLE-MUSIGNY & CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru – Les Baudes

Après cette prise de contact matinale, intense et studieuse, avec les vins et les vignobles de cette Côte de Nuits, nous voilà de retour à NUITS-SAINT-GEORGES pour déjeuner au Restaurant LA GENTILOMMIERE. Il s’agira, et vous le constaterez dans les pages suivantes, d’un déjeuner composé autour des Grands Vins de la Côte de Nuits.

Le menu proposé par René PIANETTI, Chef de Cuisine, est le suivant :

Nems d’Escargots – Petite salade, Julienne de Légumes croquants, Emulsion au Xérès.
Tournedos de Charolais – Grappas Rôties et Crapiaux au Lard, Réduction de Vin Rouge.
Assiette de Fromages de Bourgogne – Epoisses affiné, Bouchon de Chèvre, Bleu de Bresse,
Soumaintrain.
Palais Onctueux au Cassis et Mousseline Vanille
Sauce Grand Caraque

Jacques SEYSSES prend la parole et par un mot gentil, un souvenir personnel, un trait de caractère, il nous présente les vignerons qui nous offrent leurs vins. Ces derniers, qui figurent parmi les plus prestigieux propriétaires de la Côte-de-Nuits, nous font l’honneur de présider chacun une table. Inutile de vous dire que l’ambiance est des plus vigneronnes et que les échanges de vues sont des plus intéressants :

«Les jeunes cèdent aux enzymes. Il y a des Pinots Noirs qui sont noirs comme de la Syrah…»

«Actuellement il y a des vins technologiques qui sont pervertis par les enzymes et par des extractions trop poussées. Peut-on parler de vins de garage bourguignons» Les vins, quant à eux, se succèdent dans nos verres et, au vu de leur nombre, nous avons un peu de mal à suivre

Domaine Comte Georges de VOGUË – rue Sainte Barbe – 21 220 CHAMBOLLE-MUSIGNY

Vin servi: MUSIGNY GRAND CRU Vieilles Vignes 1997: Belle concentration d’arômes. Corps ferme, dense et riche; rappelle la cerise croquante. Vin extraordinaire d’un équilibre fabuleux. EXCEPTIONNEL.

Contact: Mme la Baronne Bertrand de LADOUCETTE, représentée par M. François MILLET (Chef de cave, œnologue)
Tel. : 03 80 62 86 25 Fax : 03 80 62 82 38
Surface du Domaine : 12 ha 50 (11 ,84 ha Pinot noir, 0,66 ha Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 36 000

Ce domaine prestigieux, propriétaire (entre autre) des trois quarts du Musigny, a brillé de tous ses feux depuis 1990. Le vignoble est soigneusement cultivé sous la direction d’Eric Bourgogne. François MILLET, le peu disert et néanmoins attentif vinificateur du domaine, sait comme nul autre respecter le caractère des millésimes et doser la proportion de bois neuf qui laissera s’exprimer à plein la magie du terroir. Mais attention! Ses vins sont longuement macérés et issus d’une sélection très stricte – toutes les jeunes vignes de Musigny vont dans la cuvée de Chambolle premier cru – ont un caractère très réducteur imposant une longue aération avant le service dans le cas où l’on ne peut conserver quinze à trente ans en cave les bons millésimes comme le voudrait leur vinification.

Appellations produites :

CHAMBOLLE-MUSIGNY

CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru – 1er Cru Les Amoureuses

BONNES-MARES GRAND CRU, MUSIGNY GRAND CRU

Domaine Jean GRIVOT – 6 rue de la Croix-Rameau – 21700 VOSNE-ROMANEE

Vin servi: RICHEBOURG GRAND CRU 1993: Très grande matière et beaucoup de pureté. Fait preuve de beaucoup d’élégance et d’une grande finesse. TRES GRAND VIN.

Contact : M. Etienne GRIVOT
Tel. : 03 80 61 05 95 Fax : 03 80 61 32 99
Surface du Domaine : 14 ha77 (14,5 ha plantés à 95% de Pinot noir et 5% de Gamay – 0ha22 de Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites: 60 000 à 80 000

Ce domaine exemplaire de Vosne-Romanée produit à partir de vendanges particulièrement saines et mûres de grands vins de garde. Leur caractère réducteur exige un bon carafage en vin jeune, trois à quatre heures avant le service. Mais au vieillissement, on reconnaitra les bienfaits de cette technique qui présente la beauté et la fraîcheur du fruit.

Appellations produites :

CHAMBOLLE-MUSIGNY La Combe d’Orveau

CLOS VOUGEOT GRAND CRU

ECHEZEAUX GRAND CRU

VOSNE-ROMANEE & VOSNE-ROMANEE Les Bossières

VOSNE-ROMANEE 1er Cru – Les Chaumes, Les Rouges, Les Brûlées, Les Beaux Monts, Les Reignots, Les Suchois

RICHEBOURG GRAND CRU

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru – Les Lavières, Les Charmois, Les Pruliers, Les Roncières, Les Boudots

Domaine du CLOS de TART – 21220 MOREY-SAlNT-DENIS

Vin servi : CLOS DU TART GRAND CRU 1989: nez somptueux aux arômes satinés. Très belle matière enveloppée dans une sensualité ronde et supportée par un corps d’une belle vitalité.

Contact : M. Sylvain PITJOT
Surface du Domaine : 7 ha 53 (Pinot noir)
Nombre de bouteilles produites : 25 000
Tel. : 03 80 34 30 91 Fax : 03 80 34 60 01

Nous avons toujours considéré que le Clos de Tart est un des terroirs suprêmes de la Bourgogne et le plus original des grands crus de Morey-Saint-Denis parce qu’il réunit les qualités contradictoires du Chambertin et du Musigny, à savoir la chair, la profondeur, la finesse et l’élan. Pendant longtemps, il nous a paru alcooleux et lourd malgré une race de bouquet évidente. Mais depuis la fin des années 1980, il n’a cessé par touches successives de s’affiner et de s’épurer. Sylvain PITIOT, qui l’a en charge depuis 1995, a réussi un parcours sans faute. 1997 est sublime d’onctuosité et de profondeur de saveur dans un millésime pas toujours compris des vinificateurs du secteur. 1998, plus classique dans sa forme et plus ferme dans ses tannins, sera de grande garde. 1999, plus fruité et suave, risque d’égaler 1997, voire de le dépasser.

Appellations produites:

CLOS DU TART GRAND CRU (Monopole)

Domaine Georges ROUMIER – 4 rue de Vergy – 21220 CHAMBOLLE-MUSIGNY

Vin servi: BONNES MARES GRAND CRU 1988 Vieilles Vignes:

Contact : M. Christophe ROUMIER
Tel. : 03 80 62 86 37
Fax : 03 80 62 83 55
Surface du Domaine: 14ha89 (14 ha 67 Pinot noir, 0ha22 Chardonnay)
Nombre de bouteilles produites : 50 000

A la dégustation des derniers millésimes, on sent que Christophe ROUMIER entame une nouvelle étape dans son évolution de vinificateur. Il produisait déjà depuis longtemps et dans le sillage de son père des vins de facture classique, charnus, harmonieux, très réguliers, mais sans la prise ultime de risque qui produit les vins sublimes : les 1997 et 1998 ont gagné en énergie interne et en mise en valeur de l’originalité des millésimes.

Appellations produites :

MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru Clos de la Bussière

CHAMBOLLE-MUSIGNY

CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru – Les Cras, Amoureuses

BONNES-MARES GRAND CRU, MUSIGNY GRAND CRU,

CORTON-CHARLEMAGNE GRAND CRU

Domaine Denis MORTET – 22 rne d’Eglise – 21 220 GEVREY-CHAMBERTIN

Vin servi : GEVREY-CHAMBERTIN 1er CRU Lavaux Saint-Jacques 1997: vin élégant, fin, structuré. Ses tanins sont souples et sensuels et sa matière est riche sans être envahissante. Bon et bel équilibre.

Contact : M. Denis MORTET
Tel. : 03 80 34 10 05 Fax : 03 80 58 51 32
Surface du Domaine: 11ha (10 ha Pinot noir, 0 ha 70 Chardonnay, 0 ha 30 Aligoté)
Nombre de bouteilles produites : 50 000 à 65 000

Denis et Laurence MORTET sont désormais arrivés au sommet de leur art. Pour nous, ils définissent les critères les plus élevés de la vinification des vins rouges en Bourgogne. Le grand déclic, qui a produit les prodigieux 1995, 1996, 1997 et 1998 et les magnifiques 1993 et 1994, a consisté à revenir à la vigne pour mieux préparer le raisin à la vendange. Chaque pied est un individu dont la charge est minutieusement contrôlée a tous les stades du cycle végétatif de la vigne. On peut compter sur les doigts d’une main les vignerons qui éclaircissent, effeuillent et rognent avec autant d’intelligence et de sévérité en août. Le domaine ne possède que d’infimes parcelles en Grand Cru. Il a cependant le bonheur d’exploiter certaines des plus belles vieilles vignes du coteau de Brochon et de son prolongement sur Gevrey qui produisent les plus beaux villages de la Côte d’Or, ainsi que quelques remarquables Premiers Crus de Gevrey et de Chambolle. Son style diffère de celui de son ami DUGAT. La couleur est aussi intense, plus bleutée que noire, mais le fruit est plus marqué et expressif. La forme, plus longiligne et élégante, est en contrepartie moins dense et moins sculptée par le terroir.

Appellations produites:

MARSANNAY Les Longeroies

GEVREY-CHAMBERTIN

GEVREY-CHAMBERTIN En Motrot (Monopole), Combe-du-dessus, Au Vellé, En Champs (Vieilles Vignes)

GEVREY-CHAMBERTIN 1ers Crus Les Champeaux, Lavaux Saint-Jacques, Les Beaux Bruns

CHAMBERTIN GRAND CRU, CLOS VOUGEOT GRAND CRU

Domaine Bruno CLAIR – 5 rne du Vieux-Collège – 21160 MAR.SANNAY-LA-CÔTE

Vin servi : GEVREY-CHAMBERTIN 1er CRU Les Cazetiers 1991 : vin très sensuel, d’un abord facile. Son corps est dense et sa matière est toute en tendresse.

Contact : M. Bruno CLAIR
Tel. : 03 80 52 28 15 Fax : 03 80 52 18 14
Surface du Domaine : 2 I ha 73 (17 ha 24 Pinot noir, 3 ha 37 Chardonnay, 1 ha 12 Aligoté)
Nombre de bouteilles produites : 80 000 à 100 000

Avec l’aide de son complice, l’œnologue Philippe BRUN, Bruno CLAIR a ressuscité cette belle propriété de 18 ha résultant de l’éclatement de l’ancien domaine ClAIR-DAÜ. On y produit, avec la même ferveur et le même souci du détail, du Marsannay rosé, rouge ou blanc à des prix raisonnables, tout comme quelques-unes des cuvées les plus prestigieuses des deux côtes. Le style du domaine, tout en équilibre et en élégance naturelle, sert à juste titre de modèle à nombre de vignerons de la nouvelle génération. Bien qu’ils ne soient pas les plus noirs et les plus charpentés, les Gevrey-Chambertin Clos Saint Jacques, Cazetiers 011 Fontenys, le prestigieux Chambertin Clos de Bèze ou le merveilleux Savigny-lès-Beaune. La Dominode sont destinés à un long vieillissement (de huit à vingt ans) qui en épanouira la race. Le Domaine réussit tout aussi bien les blancs, dontun rare Morey-Saint-Denis et, depuis peu, un Corton Charlemagne austère et minéral à souhait.

Appellations produites:

MARSANNAY rosé, blanc et rouge – MARSANNAY Les Vaudenelles, Les Longeroies, Les Grasses Têtes

GEVREY-CHAMBERTIN

GEVREY-CHAMBERTIN 1ers CRUS – Clos de Fonteny, Petite Chapelle, Cazetiers, Clos Saint-Jacques

CHAMBERTIN CLOS-DE-BEZE GRAND CRU

MOREY-SAINT-DENIS En la Rue de Vergy, blanc et rouge

CHAMBOLLE-MUSIGNY Les Champs Perdrix, ALOXE-CORTON, PERNAND-VERGELESSES, blanc

CORTON-CHARLEMAGNE GRAND CRU

SAVIGNY-LES-BEAUNE 1er Cru, 1er Cru La Dominode

Domaine Michel MAGNIEN – 4 rue Ribordot – 21 220 MOREY-SAINT-DENIS

Vins servis:

MOREY-SAINT-DENIS 1er CRU 1993: son corps est tendre, élégant et d’un bon équilibre. C’est un vin qui fait plaisir.

Contact : M. Michel MAGNIEN
Tel. : 03 80 51 82 98 Fax : 03 80 58 5 1 76
Surface du Domaine : 9 ha 63
Nombre de bouteilles produites: 50 000 à 60 000

Appellations produites:

GEVREY-CHAMBERTIN, CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU

MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru, CLOS-SAINT-DENIS GRAND CRU, CLOS DE LA ROCHE GRAND CRU

CHAMBOLLE-MUSIGNY

Domaine Alain MTCHELOT – 6 rue Camille Rodier – 21700 NUITS-SAINT-GEORGES

Vin servi :

NUITS-SAINT-GEORGES 1er CRU La Richemone 1993: le vin fait preuve d’une belle acidité et les tannins tirent vers le végétal. En bouche, il est harmonieux et équilibré.

Contact: M. Alain MICHELOT
Tel. : 03 80 61 14 46 fax : 03 80 61 35 08
Surface du Domaine : 7 ha 70
Nombre de bouteilles produites : 50 000

Appellations produites:

MOREY-SAINT-DENIS

MOREY-SAINT-DENIS 1er Cru Les Charrières

NUITS-SAINT-GEORGES 1ers Crus – Les Saint-Georges, Les Vaucrains, Les Cailles, Les Porets-Saint-Georges,

Aux Chaignots, La Richemone, Aux Champs Perdrix

Domaine MUGNERET-GIBOURG – 5 rue des Communes – 21 700 VOSNES-ROMANEE

Vin servi : ECHEZEAUX GRAND CRU 1997 : très belle griotte au nez. Belle et bonne structure de bouche. Vin soyeux, tendre et élégant.

Contact : Marie-Andrée et Marie-Christine MUGNERET
Surface du Domaine : 8 ha 90 Pinot Noir
Nombre de bouteilles produites: 23 000
Tel. : 03 80 61 01 57 Fax : 03 80 61 33 08

Les filles du docteur MUGNERET ont pris avec talent la succession de leur père, l’un des meilleurs vinificateurs de sa génération. Elles ont augmenté la qualité dans le sens d’une extraction mieux contrôlée de la couleur et des tanins. On se régalera de leur simple Vosne-Romanée, d’une finesse rare, et l’on attendra les dix ans nécessaires pour apprécier les splendides Echezeaux, Clos de Vougeot et Ruchottes-Chambertin.

Appellations produites :

VOSNE-ROMANEE

NUITS-SAINT-GEORGES 1er Cru Les Vignes Rondes, Les Chaignots

CHAMBOLLE-MUSIGNY 1er Cru Les Feusselottes

ECHEZEAUX GRAND CRU

RUCHOTTES-CHAMBERTJN

CLOS VOUGEOT GRAND CRU

Domaine René ENGEL – 3 place de la Mairie – 21700 VOSNES-ROMANEE

Vin servi : CLOS VOUGEOT GRAND CRU 1991 : le palais est relativement marqué par une acidité volatile qui confère au vin une certaine austérité (arômes restrictifs).

Contact : Philippe et Frédéric ENGEL
Surface du Domaine : 7 ha Pinot Noir
Nombre de bouteilles produites : 38 000
Tel.: 03 80 61 10 54 Fax : 03 80 62 39 73

Ce domaine est prestigieux en raison de la qualité de ses vieilles vignes et de ses crus. Son Clos-de-Vougeot, situé à mi-côte a peu d équivalents en richesse de texture et noblesse aromatique. Les Echezeaux et les Grands-Echezeaux n’en sont pas loin et font admirer une finesse aromatique rare, à peine voilée par un boisé parfois insistant. La garde est assurée pour vingt ans et plus. 1998 a donné au domaine des vins stricts, tendus, voire même un peu raides, qu’il faudra faire vieillir assez longtemps pour les assouplir.

Appellations produites :

VOSNE-ROMANEE

ECHEZEAUX GRAND CRU, GRANDS-ECHEZEAUX GRAND CRU

CLOS DE VOUGEOT GRAND CRU

Autres vins servis :

Maison FAIVELEY NUITS-SAINT-GEORGES 1er CRU Aux Vignerondes 1990: nez exquis qui fait ressortir une belle fraîcheur et une agréable sensualité. Belle matière liée dans un équilibre parfait. Un vin qui se donne et qui procure un grand plaisir.

Domaine Armand ROUSSEAU – 1 rue de l’Aumonerie – 21 220 GEVREY-CHAMBERTIN

Vin servi : CHAMBERTIN GRAND CRU 1988 : Vin d’une finesse et d’une grande délicatesse. Une élégance rare, au corps ferme et musclé. La chair du vin est veinée de gras. Il est ample, riche et savoureusement suave. Il se donne lentement, parcimonieusement, c’est presque une communion. EXTRAORDINAIRE. Un très grand vin, un SUMMUM.

Contact: M. Charles ROUSSEAU
Surface du Domaine : 14 ha (Pinot noir)
Nombre de bouteilles produites : 65 000
Tel. : 03 80 34 30 55 Fax : 03 80 58 50 25

L’an dernier, nous avons volontairement secoué ce domaine illustre et ami depuis les débuts de la Revue des Vins de France. Nous ne nions pas l’excellence de ses grandes cuvées de Chambertin, la pureté et l’élégance de leur saveur. Mais, nous sommes sûrs que l’ensemble de la gamme des vins, sans rien perdre de sa finesse, peut encore gagner en puissance d’expression du terroir comme le démontrent depuis quelques années Denis MORTET et Bernard DUCAT.

Appellations produites:

GEVREY-CHAMBERTIN & GEVREY-CHAMBERTIN 1er Cru, 1er Cru Clos Saint Jacques

MAZY-CHAMBERTIN GRAND CRU, CHARMES-CHAMBERTIN GRAND CRU,

RUCHOTI’ES-CHAMBERTIN GRAND CRU Clos des Ruchottes,

CHAMBERTIN GRAND CRU, CHAMBERTIN CLOS-DE-BEZE GRAND CRU

CLOS DE LA ROCHE GRAND CRU

Après un déjeuner vinique aussi prestigieux, il incombe à notre Chancelier Jean-Pierre PERRIN de clore ce symposium. «De la Côte de Nuits à la Côte de Beaune, en passant par Chablis, nous voilà au terme d’un voyage qui marquera notre Académie par ce moment de vie passé ensemble, moment que je qualifierai d’unique. Au moment où ce périple se termine, j’aimerais évoquer rapidement les noms de nos illustres pères spirituels aujourd’hui disparus: André PARCE et Constant BOURQUIN. J’aimerais également évoquer les noms de nos éminents confrères bourguignons, qui malheureusement nous ont déjà quittés: Charles QUITTANSON, Paul CHANSON, Max LEGLISE et André GAGEY.

Merci aux organisateurs de ce voyage pour avoir participé, à l‘entretien de cette flamme d’excellence dont l’Académie est le porteur. Merci à tous les participants qui, à travers les visites et dégustations, avez entretenu cette flamme. Cette Bourgogne, l’Académie n’y est plus revenue depuis vingt ans. Mais la Bourgogne entre-temps a poursuivi son travail et sa réflexion, et nous avons le sentiment que la Bourgogne est et sera toujours cette GRANDE BOURGOGNE qui sert d’exemple au monde entier. Les terroirs ont leur origine en France et, plus spécialement, sont nés en Bourgogne. C’est pourquoi aujourd‘hui, bon nombre d’étrangers viennent chercher la vérité ».

Jacques SEYSSES remercie le Chef de Cuisine René PIANETTI pour son excellente prestation. Il remercie ses amis vignerons qui nous ont apporté et offert le fruit de leur travail. J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de clore ce rapport sur une note un peu personnelle, mais ce voyage, j’aimerais le terminer sur un vin et sur un homme: Le Chambertin 1988 et Charles ROUSSEAU. Pour moi, à eux deux, ils résument la Grande Image de la BOURGOGNE. Le Chambertin 1988, cheval – étalon bourguignon, qui évoque la puissance mâle, la puissance retenue, la finesse. Ce vin complet, encore fermé et cachant une immense potentialité, est carré, presque monolithique. Il est l’image de la Bourgogne Eternelle. Ce vin, plébiscité comme coup de cœur par les membres présents, nous fait revivre le Grand Duché de Bourgogne, membre éminent du Saint Empire Romain Germanique.

Un Homme, Charles ROUSSEAU : un Grand Vigneron, homme de cœur et de conseil, joyeux et serviable. Il interpelle certains jeunes afin qu’ils reviennent aux traditions. Il rappelle que les «anciens» faisaient preuve d’un savoir-faire, mais que ce savoir-faire ne doit pas handicaper la génération montante. Cet homme au cœur généreux, avec qui j’ai partagé le repas, communique sa bonne humeur à tout un entourage ; par son franc parler, il sait capter son auditoire puis, quand il vous a mis le vin à la bouche, comme beaucoup de bons vignerons, il vous annonce avec un sourire contrit « Je regrette, mais je n’ai plus de vin à vendre ». Cet homme qui ne laisse pas indifférent, fier de ses racines et de son savoir-faire, nous retransmet l’image du vigneron bourguignon tel que nous aimons nous l’imaginer. A eux deux, ils sont un exemple qui ne souffre d’aucune faiblesse.

L’ABBAYE DE FONTENAY

Nous sommes arrivés à FONTENAY à l’heure où les escargots respirent ! Le Vallon dans lequel se situent les bâtiments de cette abbaye, aujourd’hui classée «Patrimoine Mondial» par l’U.N.E.S.C.O., donne une impression de calme et de sérénité.

L’Ordre Cistercien :

Le « NOVUM MONASTERIUM » de Cîteaux, la mère fondatrice de l’ordre cistercien, n’est pas apparu ex nihilo à la fin du XIè siècle. Après mille ans de christianisme les hommes s’insurgeant contre les déviances de l’idéal chrétien primitif et les hérésies. Opposé au modèle des riches abbayes clunisiennes, ils vont renouer, dans la solitude et la pauvreté, avec les origines du christianisme, et pour cela, réformer la vie monastique. A l’instar des pères du désert, ils préfèrent les « horribles et vastes solitudes » des forêts pour y vivre en communauté à l’écart du monde, en obéissant strictement à la Règle de Saint Benoît. En fait, les moines cisterciens sont des moines bénédictins réformateurs. Cet Ordre fut fondé par l’Abbé Robert, qui quitta le prieuré de Provins pour la forêt de Molesnes et y fonda une abbaye qui deviendra celle de Cîteaux.

Je regrette de ne pas avoir eu le temps et le plaisir de découvrir FONTENAY comme le souhaite Georges DUBY : «Pour saisir FONTENAY dans ce qui fait son sens et le fort de sa beauté, il faut s‘en approcher pas à pas, par les sentes forestières, dans la pluie d’octobre, à travers les ronces et les fourrières, péniblement. »

Histoire de l’Abbaye :

En ce beau matin d’automne 1118, à quelques lieux de MONTBARD, les bois du Grand Jailly résonnent sous les bruits de pas de Saint Bernard accompagné de douze moines. Ils viennent de quitter CLAIRVAUX et sont à la recherche d’un endroit propice à la construction d’une abbaye « fille ». Ils installent un camp de fortune dans une combe marécageuse à côté d’un ermitage, au lieu dit du « Chastellum ». L’endroit définitif est trouvé en 1130. Situé au sud de l’étang à l’endroit appelé aujourd’hui le Vallon de Fontenay. L’endroit est marécageux ; sources, résurgences: l’eau jaillit de toutes parts: Telle est sans doute l’origine du nom de Fontenay, « Fontanetum », qui nage sur les sources. Une immense tâche attend les moines, ils doivent assainir le terrain, capter les sources et les drainer. Pour cela, ils construisent deux digues qui existent toujours. L’espace s’organise afin de permettre aux moines de vivre en autarcie.

Les travaux de l’abbatiale commencent en 1139 et se terminent en grande partie en 1149. Pendant des années ont chargé des tombereaux, actionné des treuils à roue, tandis que les tailleurs maniaient les ciseaux à pierre. Avec des moyens de fortune et sans le savoir, ils construisaient des formes parfaites dont les réalisations de Le Corbusier seront l’écho huit siècles plus tard.

Financé par un évêque anglais, Ebrard de Norwich, réfugié ici par suite de persécutions religieuses, le chantier emploie des centaines de moines et de convers de Fontenay et d’autres abbayes ainsi que des paysans des environs. Elle fut consacrée le 21 Octobre 1947 par le pape Eugène III, en présence de huit cardinaux, de Bernard de Clairvaux accompagné de nombreux abbés cisterciens et de 300 moines précédant les seigneurs bourguignons. Exempte de droits sur la terre et sur l’eau par le roi Saint Louis en 1259, elle devient Abbaye Royale, par protection et non par fondation, en 1269. Elle bénéficiait de privilèges importants, était exempte de dîmes, et son abbé pouvait porter les insignes pontificaux (mitre, crosse, anneau), donnait la bénédiction papale et avait le droit de haute, moyenne et basse justice sur ses terres.

Au XIVè siècle, Corbolin écrit que l’Abbaye avait atteint « un degré de fortune vrai1ment surprenant pour une abbaye fille ». L’auteur estime qu’elle percevait des rentes dans au moins cent-vingt villages de la Bourgogne. D’où le dicton : «Partout où le vent vente, Fontenay a rente ». A cette époque, 300 moines vivaient à l’abbaye. En 1547 meurt le dernier abbé régulier de Fontenay et c’est maintenant le roi qui, selon le régime de la commande, nomme les abbés. C’est le début d’un long déclin qui prend fin le 17 Janvier 1790, lorsque l’Assemblée Générale décrète que tous les biens des communautés religieuses appartiennent à la Nation. Le 29 Octobre 1790, les huit derniers religieux quittent définitivement les lieux, 672 ans après la fondation de l’Abbaye. En Avril 1791, l’Abbaye et son Domaine sont vendues pour la somme de 72 000.- francs.

Transformée en papeterie, elle est rachetée le 3 octobre 1820 par la famille Elie de Montgolfier, descendant des célèbres astronautes et membre de la dynastie des papetiers d’Annonay. Depuis lors, elle est restée, par ventes et donations, entre les mains de la famille. On peut dire que c’est l’industrie qui a sauvé l’Abbaye de Fontenay de la destruction. Une industrie qui, au milieu du XIXè siècle, employa plus de 300 personnes sur ce site. Mais cette aventure industrielle prend fin en 1903 par manque de rentabilité; les chaudières à vapeur consomment trop de charbon et la dispersion du site dans la vallée constitue un handicap. C’est Edouard Aynard, époux de Rose de Montgolfier, qui rachète FONTENAY en 1906. Mécène, banquier, amateur d’art, cet homme et son fils feront renaître le monastère médiéval en démolissant tous les bâtiments parasites de la papeterie. En 1981, inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Abbaye de Fontenay restera préservée pour la postérité.

L’Eglise:

Parfaitement conservée, l’abbatiale de FONTENAY est l’une des plus anciennes églises cisterciennes. Construite sur l’eau et sur un plan basilical en croix latine, c’est un modèle d’architecture romane bourguignonne; elle est à la fois majestueuse et intime. Selon la volonté de Saint Bernard et du Chapitre Général de l’Ordre de Cîteaux, les verrières sont blanches, sans croix ni peinture. Dans le même esprit de simplicité, les chapiteaux sont à peine sculptés et ne représentent que des feuilles à très faible relief. On y retrouve souvent la feuille de roseau (jonc) appelée « cistel » ; ce nom est vraisemblablement à l’origine de l’ordre cistercien. Elle est caractérisée par une élévation à un niveau, c’est-à-dire que les murs des collatéraux ne sont percés que d’une seule rangée de fenêtres et la nef est donc éclairée indirectement. Le chiffre 8 représentait l’infini ; l’église a 8 travées. Le chiffre 3 suggérait la Sainte Trinité.

A l’époque, la nef était divisée en trois parties distinctes. Le premier cœur était réservé aux moines et aux novices. Un jubé séparait la croisée du transept du reste de la nef L’arrière-chœur était réservé aux infirmes et aux vieillards, tandis que le troisième chœur était occupé par les frères convers. Ces derniers constituaient le groupe le plus important dans les monastères. Contrairement aux moines cisterciens d’extraction noble, ils étaient issus de la paysannerie et étaient attachés à des tâches matérielles. Ils professaient des vœux mais ne pouvaient devenir moines de chœur par la suite. Ils n’avaient pas « voie au chapitre », d’où l’expression «avoir voix au chapitre » (avoir l’autorité pour prendre part à la discussion).

« L’église est l’atelier majeur, le point de cristallisation de toute l’entreprise cistercienne. Toutes les autres constructions lui sont subordonnées »« Créature déchue, l’homme n’atteindra à la plénitude que par l’abandon. Cependant, l’offrande où s’actualisent tous les renoncements, où se brûlent tous les désirs, ne prend sa pleine valeur que dans l’humble respect d’un rituel. Toutes les élévations individuelles, les exploits ascétiques, les visites fulgurantes de l’esprit n’ont de prix que s’inscrivant au sein des contraintes acceptées qui obligent à se réunir tous ensemble en un temps, en un lieu déterminé, à emprisonner le cri qui monte, de joie ou de dérilection, dans le carcan d’un texte, d’un chant modulé à l’unisson, où tous les élans, toutes les rechutes de la personne s’annulent dans l’unanimité du cérémonial.

Comme la chapelle des maisonnées princières, l’église cistercienne est domestique. A l’inverse des basiliques, elle ne se prête absolument pas à l’accueil des foules. Close, elle ne communique qu’avec le dortoir et le cloître. Le simple, le pauvre, la ligne, la forme. L’église cistercienne est incarnée. Mais elle est aussi décharnée, réduite à la musculature, au squelette. Et c’est bien là ce qui nous touche en elle, au plus profond. L’église où la lumière devient brûlure, nue comme une grange, presque sans porte, mais ouverte dans ses hauteurs aux déferlements de la charité, apparaît ainsi comme l’autel d’un sacrifice collectif où des hommes que la fatigue, les jeûnes, le soleil des moissons ont déjà calciné, s’offrent ensemble, de l’aube au crépuscule, à cette dévoration par le feu qui pour eux ne prendra jamais fin. »
Georges DUBY

Le Dortoir:

Le dortoir possède une magnifique charpente en chêne qui date du XVè siècle et évoque la coque d’ un navire renversé.

La règle de Saint Benoît stipule que les moines devaient dormir dans la même pièce. Des lits étaient installés contre les murs et, au centre de la salle, des barres horizontales (« pertica ») permettaient de suspendre des draps ou des vêtements. Les moines dormaient, tout habillés, sur des simples paillasses, avec une fine couverture pour les protéger du froid. La tenue vestimentaire du moine se limitait à une coule (vêtement à capuchon) une tunique, un scapulaire pour le travail (vêtement à capuchon ne couvrant que les épaules), des bas et deux paires de chaussures : des bottes de travail en peau pour la journée et des sortes de chaussons en feutre pour la nuit. Ils portaient aussi une ceinture à laquelle était accroché un couteau. En hiver, les moines dormaient plus longtemps mais ne prenaient qu’un seul repas au lieu de deux en été. Les dimanches et jours de fête, les moines ne travaillaient pas et les activités manuelles étaient remplacées par la « lectio divina ».

Le Cloître :

Situé au cœur du monastère, cette merveille romane est restée intacte depuis Le XIIè siècle. Les quatre galeries qui entourent le préau forment un rectangle de 36m sur 38m. Chacune est formée de huit travées. Ces galeries permettaient d’accéder à toutes les salles en restant à l’abri du soleil ou de la pluie. Mais c’était également un espace réservé à des activités religieuses ou pratiques. Une impression d’homogénéité se dégage de l’ensemble malgré la grande variété des piliers et colonnettes. «Le cloître n’est pas fait pour aider à la rêverie, mais à l’intelligence d’un texte… C’est par sa forme seule – essentielle à l‘être, – que le cloître cistercien entend en effet parler, répéter inlassablement l’injonction à plus de dépouillement et de rigueur.

En dressant les seules images de cohérence, de rectitude, de force : des murs de pierres étroitement jointes. Le mur est ici rendu à la fonction primordiale qu’il remplissait dans le premier art roman, à sa beauté, qui vient des perfections de sa facture – virile. Le cloître parle de sobriété. Mais il parle. Symboliquement ». « Au centre, de la clôture, le cloître est figure, celle d’un paradis rebâti. Une aire où la domestication du clos forestier parvient à son terme, où tout le cosmique redevient collection recouvrée, la forme du bâtiment à elle seule témoigne. L’édifice est carré comme la cité de Dieu, et cette quadrature évoque à l’esprit méditatif simultanément les quatre fleuves du jardin d’Eden, ces quatre sources que sont les Evangiles, les quatre vertus cardinales enfin la quaternité primordiale qui réside en l’être même de Dieu.

Saint Bernard réfléchit sur les quatre dimensions du divin, les trois de l’espace sensible, longueur, largeur, hauteur, à quoi s’ajoute, mystérieuse, impensable, la profondeur; il cherche à les mettre en relation avec les appétences de l’âme, ainsi qu’avec deux mouvements, inverses et pourtant concourant à la connaissance, que sont la crainte et l’amour. Ce carré parle eu même temps de ce qui est le plus matériel, des quatre éléments dont est forgée la création visible. Deux d’entre eux, la terre et l’eau, relèvent de la part lunaire, nocturne, féminine. C’est ici, sur la terre du jardin clos, que les canaux souterrains débouchent, que s’opère la résurgence. La fontaine d’ablution, où chaque jour, rituellement, au retour du labeur, la communauté va se laver des poussières et de la sueur serviles, offre ainsi l’image permanente d’un baptême, de la grâce répandue, du Christ donc. Ces deux puissances du froid, de l’humide, mais aussi de toutes les germinations secrètes qui gonflent les obscurités matricielles, viennent dans la quadrature claustrale s’unir indissolublement aux deux autres, l’air, le feu, les éléments du versant viril, estival, solaire, actif, spirituel.

Le carré autour duquel chaque moine, livre en main, conduit sa déambulation méditative, préside à la fusion harmonieuse, gouvernée, de ces quatre principes. Mais le cloître se trouve aussi placé à la croisée orthogonale des axes de l’univers. Appliqué sur la croix des quatre points cardinaux, il devient comme un immense cadran où tous les rythmes du cosmos s’emprisonnent. Il se prête de la sorte à la conjonction de deux durées, celle, rectiligne, projetée sur le vecteur de l’histoire du salut, et sur quoi s’inscrit le progrès personnel de chacun, celle, circulaire, parcours des heures, des saisons, des rites liturgiques, que régit le mouvement des sphères célestes à quoi le cycle des activités communautaires entend s’ajuster. Dans le cloître-paradis, où la création se montre dans la pureté du premier jour, analogue à ces séjours du ciel qui se révèleront à la fin du monde, le temps s’annule dans la totale confusion d’un passé et d’un futur de perfection.

Le temps cependant y demeure puisque la vie active se conjugue à la vie contemplative, puisque le cloître est le champs d’une histoire, d’une aventure, collective et personnelle, et le parcours de la lumière, de l’aube à la tombée du soir, entre les quatre galeries, au fil des saisons qui sont quatre elles aussi, parmi le feu, l’air, l’eau, la terre, délivre un enseignement chaque jour recommencé, parle d’épreuves, d’espérance, de progrès. Le carré du cloître est le carrefour de l’univers. En son centre, s’établit l’homme, seul capable, parce qu’il est l’image du Créateur, d’appréhender le procès, les lois, le but de la création » Georges DUBY

La Salle Capitulaire :

Elle est voûtée sur croisée d’ogive et comportait trois travées à l’origine. Son architecture, sobre et élégante, témoigne de son importance dans les abbayes cisterciennes. C’était en effet le lieu où, tous les matins, se réunissaient les moines et où la notion de communauté prenait tout son sens. Chaque jour, un extrait de la règle de Saint Benoît y était lu et commenté par l’abbé. On y organisait la journée et la répartition des tâches. On y tenait également le «chapitre des coulpes», séance au cours de laquelle les moines confessaient leurs fautes et où l’abbé décidait du châtiment à infliger : jeûne, exclusion de l’église, châtiment corporel ou séquestration dans un cachot pour les fautes graves telles le vol ou la rébellion. L’on y donnait également des nouvelles des autres abbayes et du monde extérieur. C’était là également que se tenait l’élection des nouveaux abbés de la communauté.

Le Chauffoir et le Réfectoire :

Le Chauffoir était la seule pièce de l’abbaye avec les cuisines et l’infirmerie où l’on pouvait faire du feu selon les coutumiers du XIIè siècle. Les moines y allaient donc pour se réchauffer, y graisser leurs sandales et se faire saigner périodiquement (4 fois par an). Afin d’éviter les mauvais rêves, Saint Bernard supprimera l’usage du vin en dehors du vin de messe. A cette époque, la règle de Saint Benoît interdit la viande aux moines, sauf à ceux qui sont malades. La base de l’alimentation est le pain, à raison d’une miche par personne et par jour. A partir du XlVè siècle, toute la communauté peut consommer de la viande. Chaque repas (deux en été et les dimanches, un seul le reste de l’année) est composé de deux mets cuits agrémentés, le cas échéant, de fruits et de légumes. La règle prévoit une hémine de vin par personne et par jour, soit l’équivalent d’un quart de litre. Les repas devaient se dérouler dans le silence et les moines écoutaient une lecture du passage de la Bible.

La Forge:

Le Pigeonnier :

Sa construction date du XIIè ou du XIIIè siècle et rappelle que Fontenay avait le «droit de pigeon». D’après notre guide, les prisonniers étaient nourris avec des pigeons morts par étouffement. Ainsi, étant toxiques, ils rendaient les prisonniers malades et leur urine, recueillie par les moines, entrait dans la production de colorants.

Cette ancienne forge a été construite par les moines à la fin du XIIè siècle. L’édifice mesure 53 m de long et 13,50 m de large et est renforcé par de puissants contreforts. Il était divisé en quatre salles voûtées en ogives. A la fin du XIIIè siècle, la forge est considérée comme étant le plus grand bâtiment industriel d’Europe. Tous les bâtiments et les salles nommés ci-dessus furent graduellement restaurées et aujourd’hui, grâce à ses propriétaires, la voilà devenue un temple de la culture après avoir été un sanctuaire dédié à la prière. Visiter ce lieu magique a été pour moi un moment de bonheur car, dans ce lieu de culture où les voûtes résonnent encore sous les psalmodies monacales et où les pilastres dirigent toujours prières et suppliques vers l’Eternel, on y trouve la pureté, la beauté, la sérénité et la lumière.

La vie revient dans les traces de la mort, comme la lumière revient dans les pas de la nuit.
Saint Bernard