Les 5, 6 et 7 juin 2003

Les chiffres clés en 1998 de la viticulture en Piémont BAROLO :

Sur les 10 dernières années, 6 381 000 bouteilles ont été produites par an.

750 exploitations couvrent une surface totale de 1 250 hectares de vignes.

La surface moyenne par exploitation est de 1,67 hectare.

La densité de plantation varie de 3 700 à 6 000 pieds par hectare.

La production annuelle moyenne sur les dix dernières années est de 40 hectos/hectare (contre une production maximum autorisée de 52 hl/ ha)

Le degré alcoolique minimum est fixé à 12,5 % d’alcool et le vin en bouteille doit présenter un minimum de 13 % d’alcool.

L’extrait sec doit être au minimum de 23 g /litre

L’acidité ne doit pas être en dessous de 5 g /litre

La période d’élevage minimum est fixée à 3 ans à partir du 1er janvier qui suit la récolte. Cette période est de 5 ans minimum pour le Barolo Riserva.

Dans la limite maximum de 15 %, un coupage entre un Barolo plus jeune ou plus âgé est possible et autorisé.

BARBARESCO :

Sur les 10 dernières années 2 252 000 bouteilles ont été produites par an.

363 exploitations couvrent une surface totale de 480 hectares de vignes.

La surface moyenne par exploitation est de 1,32 hectare.

La production annuelle moyenne sur les dix dernières années est de 35 hectos/hectare (contre une production maximum autorisée de 52 hl/ ha)

La vinification et la mise en bouteilles doivent se faire dans l’aire de production (avec certaines exceptions pour des exploitations situées dans les provinces de CUNEO, ASTI et ALESSANDRIA)

Le degré alcoolique minimum est fixé à 12,5 % d’alcool.

L’extrait sec doit être au minimum de 23 g /litre

L’acidité ne pas être en dessous de 5 g/litre

La période d’élevage minimum à pat1ir du 1er janvier qui suit la récolte est de 2 ans dont au minimum 1 année en chêne ou en châtaignier. La mention « Riserva » requiert un élevage de 4 ans en cave.

Dans la limite maximum de 15%, un coupage entre un Barbaresco plus jeune ou plus âgé est possible et autorisé.

Nebbiolo, Barolo et Barbaresco

Le Nebbiolo, son nom viendrait du mot « brouillard » (nebbia) ou bien encore du fait que le grain est tellement pruineux et bleu noir qu’il semble recouvert de givre. Il est certainement le plus noble et le plus ancien cépage à fruit noir du Piémont. Dés 1268, sa culture dans le région était déjà documentée et quelques siècles plus tard, en 1600, CROCE, qualifia le raisin de «roi des raisins noirs». A cette époque, des vignerons hautement compétents délimitèrent graduellement la topographie viticole de la région en préservant la plupart du temps le nom des différents lieux-dits. Ainsi, lors du 2è millénaire, les collines des Langhe furent graduellement déboisées pour faire place à la vigne. Au fil des années, le Nebbiolo a généré beaucoup de clones, à savoir: Lampia, Michet, Rosé et Bolla. Le plus important est certainement le Lampia, caractérisé par une bonne constance de production et par une qualité optimale des vins.

Le Michet, dénommé ainsi car il ressemble a une michette de pain est, semble t-il, issu d’une contamination virale. Il est reconnu pour ses résultats qualitatifs car ses rendements sont inférieurs au précédent et sa concentration phénolique dans le moût est plus importante.

Le Rose a été abandonné car combinant une concentration élevée en sucres et en acide malique avec un manque de phénols (spécialement les anthocyanes) ; ses qualités œnologiques étaient pauvres.

Le Bolla n’est plus autorisé par suite de ses excès de rendements. Cette région du Piémont que nous allons découvrir est bordée au sud par les premiers contreforts des Alpes Ligures, à l’ Ouest par la rivière Tanaro, à l’Est par la rivière Bormida di Spigno et au Nord par la rivière Tanaro et les collines qui entourent ASTI.

La région des Langhe a une morphologie géologique qui rappelle celle de « langues ». La naissance de ces collines aux langues pentues date d’il y a 30 millions d’années. A cette époque se formèrent les Alpes ainsi que l’Himalaya et l’Atlas marocain. Suite à quoi le Piémont d’aujourd’hui était une mer intérieure, et c’est dans cet environnement marin qu’ il y a entre 15 et 7 millions d’années, s’opéra la formation géologique actuelle. Si le territoire de Serralunga est caractérisé par des marnes compactes grises alternées de couche de sable, ceux de Castiglione, Faletto et Monforte le sont par des marnes arénacées-argilleuses et ceux de Barolo et La Morra par des marnes bleues compactes. Le climat est tempéré de type continental. Il semble que la région de BARBARESCO jouit d’un peu plus de chaleur que les zones environnantes. Cette légère différence permet à cette partie du vignoble une maturité et une vendange plus précoce d’environ une semaine.

Mai est le mois le plus humide avec des précipitations de l’ordre de 100 mm. Avril présente une pluviométrie d’environ 80 mm et septembre autour de 70 mm. Généralement, la robustesse du Nebbiolo supporte ces pluies de septembre, voire d’octobre, sans préjudice qualitatif. Mais il va de soi qu’en cas de pluies excessives, comme ce fut le cas en 1994, celles-ci affectent la qualité des raisins tant sur le plan sanitaire (pourriture) que sur celui de la qualité (dilution). Par contre, ce vignoble subit relativement fréquemment des orages de grêle qui affectent souvent gravement certaines parties du vignoble. Le mode de vinification le plus pratiqué consiste à égrapper et à fouler la vendange simultanément. Vu la température des monts, la fermentation alcoolique démarre relativement vite et ne nécessite en principe pas de levurage (même si ce dernier reste largement pratiqué).

Pour les macérations et les fermentations, certains viticulteurs utilisent des contenants inox et d’autres des cuves en bois. Dans les deux cas, le pigeage est fait de façon régulière afin d’éviter une montée en acide volatile. Même si elles ne font pas l’unanimité parmi les vignerons locaux, depuis maintenant une dizaine d’années, des cuves rotatives en inox remplacent les contenants précédents. Les fûts en ciment ont pratiquement été abandonnés au profit de cuves thermo-régulées en acier inoxydable. Selon la technique de vinification choisie, soit la fermentation malolactique est immédiatement déclenchée dès la fin de la fermentation alcoolique, soit elle se fait de façon naturelle et spontanée au courant du printemps qui suit la récolte. Comme le veut la loi, l’élevage doit se faire au minimum 2 ans dans le bois. Ainsi les caves d’élevage peuvent être agencées selon des modes différents et le choix du contenant reflète la pensée du vigneron.

Il y a les inconditionnels des foudres traditionnels en chêne de Slavonie ou en châtaignier, dont la contenance varie de 2 000 à 10 000 litres, et les partisans de cuves en acier inoxydable qui alternent avec des petits contenants en chêne français (pièces de 225 litres ou demi-muids de 600 litres) dont la durée d’utilisation – entre un et quatre ans – varie selon les vinificateurs. Les premiers affirment que grâce justement à ses tannins majeurs, le Barolo traditionnel jouit d’une plus grande longévité et d’une caractéristique indiscutable, qui sont le fruit de cette hérédité et des techniques œnologiques que l’histoire a confirmé comme essentielles à l’élaboration de ce grand vin. D’autre part, les « innovateurs » affirment que la plus grande souplesse que lui confèrent les tannins nobles, les couleurs plus vives et plus marquées, les parfums vanillés ont contribué à faire du Barolo un vin plus agréable et plus international.

Aussi, l’idée qu’il existe deux façons d’interpréter le Barolo n’inquiète ni le producteur, ni le consommateur. Les Barolo élevés il y a trente ou quarante ans étaient beaucoup plus austères, beaucoup plus âpres et la même école « traditionnelle» a contribué à les modifier, à les rendre plus voluptueux, plus raffinés et plus harmonieux. Même dans la comparaison avec les grands vins internationaux, ni l’école traditionaliste, ni l’école moderniste ne pénalisent le Barolo, justement parce que le Nebbiolo possède sa propre identité qui en fait un cépage incomparable. Ainsi, quant à savoir quel est le meilleur choix parmi ces deux techniques, je laisse à Elio ALTARE la paternité des propos suivants :

«J’aime utiliser la barrique neuve, je trouve qu’il s’agit d’un instrument exceptionnel, mais avec l’âge, le Nebbiolo s’en fout du style, bois neuf ou non. Après 10 ans, on ne constate plus qu’une faible différence entre les 2 modes de vinification. »

Jeudi 5 Juin :

«Les collines et la Langa d’Asti & des Muscat» et «Les collines d’Asti limitrophes au Roero».

C’est en fin de matinée que nous prenons le départ pour aller effleurer la belle. En effet, Franco MARTINETTI, en élaborant son programme, a prévu de nous faire découvrir son PIEMONT en débutant nos visites par deux régions voisines de celles de BAROLO et de BARBARESCO appelées «Les collines de la Langa d’Asti & des Muscat» et « Les collines d’Asti limitrophes du Roero ».

Maison CONTRATTO Via G.B. GIULIAN l56, 14053 CANELLI (AT) Italie
Tel. 014 182 3349 E-mail : latota@tin.it

C’est à l’heure où le soleil atteint son zénith que nos autobus s’arrêtent à CANELLI, ville située à l’extrême nord-est des « Collines de la Langa d’Asti & des Muscat », devant un superbe portail en fer forgé qui permet aux Académiciens d’accéder dans la magnifique cour intérieure de la Maison CONTRATTO. Tout en restant fonctionnelle car elle permet l’accès à l’ensemble des bâtiments qui l’entourent, cette cour charme le visiteur par l’alternance de son pavage à l’ancienne (à l’image de ce que furent jadis les rues de la cité) et de parterres de fleurs. C’est dans cette cour que les participants, hébergés dans différents hôtels d’Alba, se rencontrent dans un gentil brouhaha. Le Chancelier profite de ce moment pour souhaiter la bienvenue et remercier notre vice-président, Franco MARTINETTI, qui a choisi de débuter ce voyage d’étude le jour même de ses 60 ans.

Il appartient maintenant à Monsieur ORSINI, Directeur de l’accueil, de nous prendre en charge. Il nous exprime tout le plaisir qu’il ressent en nous recevant à la Maison CONTRATTO. Sa joie est d’autant plus grande en voyant nos amis Ezio RIVELLA et Franco MARTINETTI (tous deux Piémontais de pure souche) y participer. Fondée à CANELLI en 1867, cette Maison est essentiellement spécialisée en vins effervescents. Elle a également, dans le passé, créé une gamme de matériel œnologique dont plusieurs modèles ornent différentes salles. Il rappelle qu’au milieu du XIXè siècle, un grand nombre de vignerons sont allés en Champagne afin d’étudier et se familiariser avec l’élaboration de vins mousseux. Cette Maison jouissait dans le passé d’une immense réputation. Des caves avaient été creusées à 32 mètres de profondeur afin de permettre aux vins sur lattes de mûrir dans de bonnes conditions.

Aujourd’hui, de nouveaux propriétaires, la Famille BOCCHINO (les frères Antonella & Carlo BOCCHINO) souhaite redonner le lustre d’antan à cette Maison. Tenant compte de l’intérêt grandissant pour les vins rouges, une production de Barbera et de Barolo complète la gamme de vins effervescents. Aujourd’hui, cette Maison produit environ 500 000 bouteilles de vin par an. Sur le plan du marketing, elle dépense 100 000 € par an pour un événement gastronomique mondial appelé : Le Grandi Tavole del Mondo. Chaque mois, le temps d’une soirée, les plus Grands Chefs de Cuisine au Monde y sont invités à venir exercer leurs talents. Deux membres de notre Académie figurent parmi ces derniers, il s’agit de nos amis Alain SENDERENS et Jean-André CHARIAL.

Pénétrant dans une magnifique salle dont les baies vitrées donnent sur la cour, Monsieur ORSINI nous invite à goûter ses vins qui, dit-il, seront certainement à même de s’exprimer mieux que ne le feraient les hommes. Il faut dire que le cadre est grandiose : une vaisselle vinaire de grande qualité côtoie des bouquets de roses aux couleurs pastel.

L’ensemble charme par sa classe et sa sobriété. Un vin effervescent: Giuseppe Contratto metodo classico brut 1997 ouvre notre appétit. Seulement les meilleurs millésimes sont commercialisés sous le nom de cette cuvée, et les quantités disponibles n’excèdent pas quelques milliers de bouteilles. Ces vins mûrissent sur lattes pendant 4 ans au minimum avant d’être commercialisés. Majoritairement à base de Pinot Noir, mais mâtiné d’un peu de Pinot Gris et de Chardonnay, ce vin sait se rendre intéressant sur les différents canapés « GLI STUZZICHINI Dl MARIUCCIA » qui l’accompagnent. Sur la tomate, le tartare et les galettes d’herbes, le vin s’exprime sous des arômes fruités et floraux (pêche blanche). En bouche, il est fin et tendre mais sa finale est légèrement doucereuse. Par contre, il se raffermit sur la courgette. Quelques notes boisées permettent de suggérer qu’une partie de l’élevage s’est fait en barriques.

Suit un BARBERA D’ASTI Solus Ad 1998 servi avec des GNOCCHI DI PATATE ALLA MONFERRINA. Issu du cépage Barbera et produit sur les coteaux d’Agliano d’Asti exposés au sud-est. Le sol est marno-calcaire et le vignoble se situe à une altitude de 300 mètres. Le vin s’exprime par des arômes de fruits murs (cassis, cerise noire), complexes et denses. En bouche il est agréable car une belle acidité le relève. Tendre et puissant, il manque un peu d’épaules et de structure et sa finale est un peu chaude. Pour certains d’entre-nous il s’agit d’un vin de feuilles et non de racines; pour d’autres on y retrouve le terroir. Bien que controversé, il est cependant bien jugé dans l’ensemble. Pour terminer cet excellent repas, il nous est servi un ASTI de Miranda 2000 sur les desserts suivants :
MERINGATA ALLE NOCCIOLE CON ZABAIONE AL DE MIRANDA E PICCOLA PASTICCERIA.

Franco MARTINETTI, fin connaisseur en la matière, considère ce vin comme étant le plus beau de la région. Il est toujours vinifié à l’ancienne et 25% des bouteilles explosent sous la pression des gaz de fermentation, conséquences des sucres résiduels qui fermentent en bouteilles. Servi avec de délicieuses mignardises – noisettes enrobées de sucre et amaretto – le vin s’amuse. Son nez est floral et le sucre est dominant. Fin, droit, complet, le gaz carbonique permet au vin d’avoir une bonne finale, longue et fraîche.

Le Chancelier clos nos agapes en remerciant nos hôtes, Monsieur ORSINI et Madame LIA de nous avoir reçus de façon aussi charmante dans ce lieu magnifique. Dans ses propos, il rend également un hommage remarqué à Marriuccia FERRERO du Restaurant SAN MARCO à CANELLI qui, ce jour là, a mis son immense talent au service de nos palais. Merci pour ce lunch dont nous nous souviendrons longtemps.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BAROLO CEREQUIO Tenuta Secolo – BARBERA D’ASTI Panta Rei

PIEMONTE CHARDONNAY La Sabauda.

Il nous faut quitter ce lieu charmant pour nous rendre dans une autre endroit enchanteur situé dans les collines d’Asti limitrophes à celles du Roero : le Château et les caves des Marquis ALFIERI à SAN MARTINO ALFIERI.

«Les collines du Roero »

Les collines du Roero, longtemps confondues avec celles des Langhe voisines, s’opposent à ces dernières par leurs sensibles différences morphologiques, géologiques et pédologiques. Le nom Roero hérité de la noble famille qui assujettit ces territoires, réuni une vingtaine de communes situées entre ALBA & BRA. Le paysage y est varié, riche en vallées profondes et en versants escarpés sur lesquels grimpent vignes ou bois. Les viticulteurs ayant le soucis de la qualité cultivent la vigne sur les « bric » (collines) les plus hauts et évitent aux vignobles de glisser vers la vallée. Parmi les principaux vins élevés sur ces collines, on trouve : Le Nebbiolo d’Alba, le Roero et le Roero Arneis.

Le Nebbiolo d’Alba

La zone de production n’étant pas homogène, on peut remarquer une certaine différence entre les Nebbiolo d’Alba qui se trouvent à droite du Tanaro (territoire des Langhe), et ceux de la gauche du Tanaro, le Roero. Les premiers possèdent plus de corps et sont aptes à vieillir. Leur titre légal doit être de 12 % minimum. Généralement marqués dans leur jeunesse par une parfum léger et délicat qui rappelle la framboise et la violette qui s’accentue avec l’âge, il doit être bien structuré, velouté et harmonieux.

Le Roero

Situé sur la gauche du Tanaro, les collines aux marnes de type « astiane » constituent un excellent milieu pour la culture de la vigne. Le vin du Roero, à la différence des autres régions voisines, est le seul à être autorisé à délayer l’austérité du Nebbiolo et à l’affiner en y apportant entre 2 et 5% d’Arneis. Cet assemblage accentue le fruit du vin. C’est pour préserver sa jeunesse de caractère, sa fraîcheur et son fruit qu’il lui est permis d’être commercialisé dès le 1er juin qui suit les vendanges. Toutefois, certains producteurs, soucieux de cultiver son élégance, l’affinent en fûts ou en barriques puis en bouteilles selon ses caractéristiques. Lorsque le degré en alcool total minimum naturel atteint 12 %, il a droit à la mention «Superiore». Généralement de couleur rouge rubis lorsqu’il est jeune et une touche de pourpre avec un peu de maturité, ses parfums rappellent la violette, la framboise, la cerise, la fraise, la pêche el les épices. Rond et harmonieux, finement tannique, il étonne par une structure qui ne manque pas d’ampleur.

Le Roero Arneis

La recherche historique considère l’Arneis comme étant le cépage autochtone de la région Piémontaise. Au XVIIIè siècle, certains producteurs l’utilisaient comme base pour faire du Vermouth. A cette époque, comme ce fut encore le cas il y a encore quelques années, il était consommé comme vin doux. Mais à partir de 1989 – année de l’obtention de l’appellation d’origine contrôlée – il figure parmi les meilleurs vins blancs secs d’Italie alors qu’auparavant il était rare et peu connu. L’image du Roero lui doit aujourd’hui son succès. Le degré minimum requis est de 10,5 % d’alcool.

Sa robe est généralement jaune paille à reflets vert nu dorés. Au nez, il sait être frais, léger et délicat; ses senteurs typiques sont le genêt el la camomille bien en harmonie avec des perceptions fruitées telles la pêche et le melon. En bouche, il se veut sec, élégant avec une veine acidulée, fraîche et persistante. Sa finale peut rappeler l’amanade.

Marchesi ALFIERI Castello ALFIERI 14010 SAN MARTINO ALFIERI (AT) Italie Tel. 014 197 6288 Fax. 014 197 6015 E-mail : latota@tin.it

Après quelques manœuvres difficiles aux portes du Château, les cars se vidèrent rapidement car la curiosité nous poussait ; cette dernière fut justement récompensée. C’est à Monsieur Mario OLlVERO qu’il appartint de nous accueillir. Suite à ses mots de bienvenue, il nous appris que ce Domaine appartient à l’une des plus anciennes Familles de la région d’ASTI, et que le dernier Marquis fut marié avec une descendante de la Famille Française des Bourbons d’Orléans. Le Domaine compte 22 Ha de vignes presque toutes plantées en Barbera d’Asti. Le Barbera est le cépage le plus répandu dans le Piémont et est devenu très important dans les 10 dernières années. Avant, ce cépage donnait naissance à un vin qui était considéré comme étant le vin du peuple.

C’était un vin rustique. Une densité de plantation de 5000 pieds/hectare, des rendements se situant aux environs de 4 500 Kg/hectare, une meilleure identification des terroirs et des collines ainsi que l’utilisation des barriques neuves, ont permis de changer radicalement le style des vins. Aujourd’hui dans cette région, le terroir a pris le pas sur le rendement et il faut laisser au Barbera un minimum de 4 à 5 ans de bouteille afin qu’il puisse s’exprimer pleinement. Sur le Domaine proprement dit, les sols argilo-calcaires sont légèrement alcalins. Pendant les vendanges, la cueillette est manuelle et précède la table de tri. La production totale annuelle est de 80 000 bouteilles.

BARBERA D’ASTI – ALFIERA 2000

La dégustation a 1ieu dans la superbe orangerie où Madame la Marquise, secondée par Monsieur OLIVERO, nous servent les deux vins suivants :

BARBERA D’ASTI – LA TOTA 2001

Au nez, le vin laisse jaillir des arômes de fruits rouges (groseille, framboise) à profusion. L’acidité est belle et bonne, elle supporte bien le fruit du vin Ce vin est juste car il reste vineux malgré la chaleur qui nous environne. C’est un vin fin, équilibré, qui ne lasse pas. Voilà un très beau vin d’été pour la restauration. Pour les professionnels, je signale que son acidité est de 5,5 g/litre et son pH de 3,60. Avec des arômes de fruits rouges mûrs (cassis, cerise) son expression est très aromatique. Ce côté expressif du vin se prolonge en bouche. Equilibré, sa matière est liée par un fin boisé qui s’est bien intégré dans la matière, mais qui mérite encore de vieillir.

BARBERA D’ASTI – ALFIERA 1999

Arôme discret de fumé. Belle matière qui permet au vin d’être à la fois dense, souple et bien concentré. Un beau support acide, véritable colonne vertébrale du vin, rend même ce vin rafraîchissant. Une bonne finale fait ressortir la complexité finement tannique du vin.

BARBERA D’ASTI – ALFIERA 1998

Au nez, ce vin étonnant libère à la fois des notes fruitées et épicées (poivre de Tse Chouan). J’y retrouve également des fruits rouges compotés. En bouche, sa matière est dense, riche, ample, fondue et l’ensemble reste fin et élégant. Il termine joliment dans la richesse et la suavité.

Autres grands vins produits par le Domaine «Marchesi ALFIERI» :

PIEMONTE GRIGNOLINO SANSOERO
MONFERRATO Bianco dei Marchesi – MONFERRATO Rosso dei Marchesi – MONFERRATO Rosso S. Germano

Après cette dégustation verticale d’une tenue exemplaire, nous nous rendons au Grand Salon du Château où l’orchestre « La Mandolinistica » nous interprète les airs suivants : Sous les ponts de Paris – un extrait de Madame Butterfly (Puccini) – une piccatade Johan Strauss – La Dernière Valse de Chostakovitch – un pot-pourri de différentes mélodies de Walt Disney – une fantaisie napolitaine de leur propre composition – un libre tango, avant de clore sur un HAPPY BIRTHDAY improvisé et repris en chœur en l’honneur de notre  jubilaire : Franco MARTINETII. Ce chant d’anniversaire était également destiné au doyen d’âge de notre assemblée, Monsieur Bertrand LECLERC BRIAND, qui fêtait ce jour-là son 93ème anniversaire.

Le Chancelier, prenant la parole, remercie Madame la Marquise pour son accueil chaleureux et pour la dégustation des quatre BARBERA qui ont enchanté la plupart des Académiciens. Il la remercia également pour la qualité des prestations qu’elle nous a si aimablement offertes ainsi que pour tous les efforts qu’elle consent pour permettre à ce magnifique Domaine de s’adapter et de continuer à vivre. Un bref retour aux hôtels nous permit de nous rafraîchir avant d’aller dîner au Restaurant IL CENTRO à PRIOCCA D’ALBA.

Ristorante « il Centro » Famiglia CORDERO – Via Umberto 1°, n°5 – PRfOCCA D’ALBA (CN) Tel & Fax: 0173 616 112

Franco MARTINETTI Corso Turati, 14 10128 TORINO Italie Tel. 011 839 5937 Fax. 011 810 6598 E-mail : ginartinetti@ciaoweb.it

C’est dans ce restaurant pittoresque que Franco MARTINETTI décida, en Maître de Cérémonie, non seulement de présenter ses propres vins, mais également de leur trouver des partenaires de choix. Il nous fit donc l’honneur du menu suivant :

GLI STUZZICHINI Dl ELIDE servis avec un Colli Tortonesi bianco Martin 2001 (Magnum)

Nez floral (fleur d’acacia), bouche ample avec une acidité souple mais une présence citronnée bien présente sur la langue. Ce vin est sans aspérités. Le cépage utilisé « TIMORASSO » est un cépage autochtone du Piémont qui fut commun dans les années 1800 et qui disparut avec l‘invasion du phylloxera. Sur le plan aromatique, le raisin se situe entre le Chardonnay et le

Riesling. La production italienne totale et annuelle est de 20 000 bouteilles et il en produit 18%, soit 3 500 bout. Vendangés en septembre à une maturité de 14° à 14°5, vinifiés après une macération à froid pendant 60 heures, les raisins ont subi un pressurage léger. La fermentation s’est faite à 90dans des pièces en bois neuf. Avec l’âge, il évolue vers des arômes minéraux.

Ce vin trouve une association intéressante sur la fleur de courgette façon « tempura », mais éprouve quelques difficultés sur lanchois frit.

GIRELLO Dl VITELLO AL SALE, SALSA CAVOUR servi avec un Colli Tortonesi bianco Martin 2001 (Magnum)

Le vin fait preuve d’élégance sur ce plat. Il est riche et exubérant, voire un brin extraverti.

CREMA Dl GORGONZOLA CON BARBA DEI FRATI servi avec un Barbera d’Asti Superiore Montruc 1997 (Double Magnum)

C’est un Barbera à la fois élégant et puissant. Franco l’aime bien et il a plaisir à le boire. Il est issu d’une vigne à petite production. Le sol à la fois calcaire et sableux lui confère puissance et élégance. C’est à Giacomo BOLOGNA, en 1982, que l’on doit le renouveau et la renaissance du Barbera. MONTRUC fut vinifié en 1985. «Montruc, c’est son truc». Nez un peu animal, humus. En bouche, le vin est droit, franc et frais, alors que le nez laisse suggérer une certaine souplesse. En finale, l’acidité parait même légèrement dominante, mais ce n’est pas gênant du tout.

Le plat révèle le fruit et la délicatesse cachée du vin, cependant ce dernier a une tendance dominatrice sur le mets.

TAJARIN AL RAGU servi avec un Monferrato rosso Sulbric 2000

Sulbric est le nom Piémontais qui veut dire sur les brics (pointes de colline). Il s’agit d’un assemblage à 60% de Barbera et de Cabernet Sauvignon (40%). Le Barbera était un vin difficile à commercialiser au début des années 1980. C’est un vin très acide avec très peu de tannins. Par contre, le Cabernet Sauvignon n’a pas d’acidité et présente des tannins très doux. C’est donc à un mariage d’intérêts que Franco pensa lorsqu’il élabora cet assemblage. Aujourd’hui, ce mariage d’intérêt est devenu un mariage d’amour. En 1985, il a fait planter cette vigne qui commença à s’exprimer d’une façon intéressante en 1989. Son intuition fut la bonne.

Beau nez de fruits rouges (soupe de cerise). Belle acidité, bonne fraicheur, touche minérale (thym). Vin ample, dont la bouche reste marquée par le fruit (cerise acide de type merise). Finale droite et franche. En rétro-olfaction, le vin fait preuve d’une grande élégance et le fruit s’exprime avec une finesse remarquable. Il termine également sur une fine touche citronnée.

Le plat de pâte accentue le fruit du vin.

CODA Dl BUE BRASATA servi avec un Barolo Marasco 1998

En présentant ce vin, Franco tient à remercier Elio ALTARE, qui lui a permis de vinifier et d’élever ce vin dans sa cave. C’était son premier Barolo et Elio est pour lui comme un frère. Le nom de Marasco est celui d’une cerise noire en italien. Le Barolo est un vin masculin. Cerise et cannelle au nez; belle matière, dense et ample en bouche. L’image d’une main de fer dans un gant de velours me vient à l’esprit. Les tannins sont veloutés et d’une excellente longueur. L’acidité s’est civilisée mais reste présente à l’état de mémoire. Ce vin sensuel est tout en élégance et en finesse. Le soyeux de ses tannins illustre bien le commentaire du «vigneron Franco» : le cépage Nebbiolo a des tannins, mais il faut les rendre souples et fondus.

Sur cette excellente queue de bœuf braisée, le vin joua avec brio : aussi fut-il bu aussi vite que servi.

SPUMA Dl TORRONE CON CREMA DI NOCCIOLE

Ce dessert à base de mousse de nougat et de crème de noisettes termina le dîner en apothéose. Il était près de 23 heures lorsque le Chancelier prit la parole et remercia chaleureusement Franco MARTINETTI pour ce dîner qu’i1 a organisé de maître façon. Il l’envia même un peu car, en ce jour anniversaire, il avait bien de la chance l’ami Franco d’être aussi bien entouré par des amis vignerons, cuisiniers et journalistes. Il rappela que Franco débuta sa vie de vigneron il y a 10 ans à peine, et que les progrès réalisés dans ce cours laps de temps sont exceptionnels. Il souhaita que dans 10 ans, avec l’aide de son fils Guido, il atteigne l’excellence.

Il félicita également Elide, la femme Chef de Cuisine, qui œuvra pour nous ce soir et fit un éloge remarqué sur la CREMA Dl GORGONZOLA CON BARBA DEI FRATI. Pour lui, le temps d’un dîner, ce restaurant fut le rendez-vous de toute l’Italie Gourmande. Puis après avoir remercié l’ensemble du personnel de sommellerie et de service pour l’excellence de leur travail, il leva la séance. Le retour fut calme, le sommeil commença à avoir raison de nous.

Vendredi 6 Juin :

« BARBARESCO »

Le départ est matinal car la journée s’annonce importante. Vu la petite taille des Domaines que nous allons visiter, les Dames ne pourront pas nous suivre et quitteront leurs hôtels un peu plus tard pour se rendre à ASTI afin d’y visiter l’Arazzeria Scassa. Il s’agit d’une manufacture de tapisseries, dont les merveilleux ouvrages sont fameux dans le monde entier. Ces tapisseries sont élaborées à partir d’esquisses de grands peintres italiens. Elles nous rejoindront donc pour le déjeuner à FONTANAFREDDA. Notre arrivée à BARBARESCO se fait dès 9 heures et, répartis en 2 groupes, nous visitons à tour de rôle le Domaine MOCCAGATTA et GAJA.

Avant de débuter ces visites, voici quelques informations pour vous permettre de mieux comprendre les vins de cette région et les commentaires qui vont suivre. Les communes comprises dans le protocole du BARBARESCO sont les suivantes : Barbaresco, Neive, S. Rocco Seno d’Elvio, Treiso. Divisées et définies de façon géographique en 75 sous-zones par la Commission Agricole des Communes, chacune d’entre-elle fixe un «cahier des charges» dans lequel sont rédigées les frontières des sous-zones définies ainsi que des règles plus restrictives de production. Du point de vue géologique, presque toute l’aire du BARBARESCO est de formation marine puisqu’elle est d’origine miocène appartenant à l’ère tertiaire. Malgré l’homogénéité de leur composition, les collines du BARBARESCO peuvent se différencier en deux zones :

La première comprend les collines de Barbaresco et la partie de Neive, qui lui fait face, est caractérisée par des couches de marne calcaire bleuâtre. Leur consistance compacte donne naissance à des vins structurés et aptes au vieillissement. La deuxième, qui comprend Treiso, San Rocco Senno d’Elvio et les collines au sud de Neive, est caractérisée par des couches de marne grise compacte qui alternent avec des couches de sable. Ces terrains moins compacts sont à l’origine de vins plus immédiats. C’est en 1894, avec Domizio CAVAZZA, Directeur de l’Ecole d’œnologie d’Alba que débuta l’histoire contemporaine du BARBARESCO. Propriétaire du Château de Barbaresco et de l’exploitation agricole annexe, il encourageait les vignerons à produire un vin totalement fermenté et apte à vieillir en bouteille à la place d’un vin doux et très moelleux. Il en fixa les caractéristiques typiques et le baptisa du nom de son village.

A partir de ce moment-là, le BARBARESCO quitta graduellement le giron des BAROLO. D’après l’ouvrage «atlas des étiquettes», édité en partenariat par l’association des viticulteurs du Piémont et la Chambre de Commerce de Cuneo, les caractères organoleptiques des vins de BARBARESCO y sont décrits comme suit :

Couleur: rouge grenat dans laquelle percent des nuances couleur rubis qui tendent au fil des années vers l’orange. Nez : il présente un bouquet composite et hétérogène dont se détachent une exceptionnelle harmonie et un caractère exhaustif. Le fruit frais des premiers mois s’enrichit durant son évolution successive vers l’univers des épices. Néanmoins à la violette, à la rose églantine, au géranium, souvent à la pomme et à la cerise s’ajoutent des senteurs de vanille, de cannelle et de poivre vert. Bouche: sèche, caressante, d’une force délicate, une étoffe continuellement dévoilée, race, caractère et extraordinaire aristocratie.

MOCCAGATTA Azienda Agricola Via Rabajà, 24 12050 BARBARESCO (Cn) Italie Tel. 0173 635 152 Fax. 0173 635 279 E-mail : moccagatta az.agr@libero.il

Ce Domaine de 12 hectares est dirigé par 2 frères, Sergio et Franco MINUTO. Le cépage planté est le Nebbiolo. Suite à la grêle, le millésime 2002 a subi une perte de 75%. La majorité du vignoble est enherbée, et le sol est travaillé en alternance tous les 3 ans. Il égrappe la vendange et pratique une macération de 4 jours avec un départ en fermentation. Pour avoir beaucoup d’extraits, il chauffe la vendange jusqu’à 34°C le 1er jour, puis descend entre 25° et 26° tous les 3 jours. La Cuve de Macération est rotative et subit 2 rotations par heure le 1er jour, puis 1 rotation par heure le 2ème jour pour finir avec 3 rotations au cours de la 3ème journée. La fermentation se déroule dans des cuves en inox. La fermentation malolactique est terminée vers Noël.

Il existe un marché du vin en vrac local avant la dégustation d’agrément, et cet achat se fait au risque de l’acheteur. En cas de refus dans l’appellation, le vin est déclassé sous «Vin de Table». Ce déclassement concerne chaque année environ 5% des volumes. Tout producteur peut garder son statut de producteur s’il limite ses achats faits à d’autres producteurs à 27% de sa production. Dans ce cas, il a le droit d’habiller l’ensemble de ses vins avec sa propre étiquette. Sur le plan de la vinification, ce Domaine est remarquablement équipé et son matériel est très récent.

BARBARESCO – Récolte 2001 (en attente d’agrément) 

Nez de fruits rouges (mûres, cassis, cerise noire). Le vin présente une forte acidité et est très chargé en bois neuf. Pour l’instant, il est sans noblesse.

BARBARESCO – Récolte 1999

Au nez, on retrouve le tabac, les arômes sont plus intégrés que dans le précédent. En bouche, l’acidité s’est civilisée tout en restant marquée. Les tannins se sont assouplis mais restent relativement astringents et marqués par le bois.

BARBARESCO – Récolte 1998

Au nez, le vin revient sur des arômes de fruits (soupe de merises mûres). En bouche, l’acidité reste marquée, je dirais même étonnamment marquée. Le fruit est d’ailleurs revigoré par cette dernière, qui est de 5,8 g par litre. A titre personnel, je trouve que le vin mériterait d’être plus concentré au niveau de sa matière afin de pouvoir mieux intégrer et assimiler cette acidité.

BARBARESCO – Récolte 1997

Au nez, le vin est reparti vers des arômes de tabac avec des touches animales. L’acidité reste marquée et dominante. Je trouve que ce vin manque de matière, de gras et de structure.

Autres grands vins produits par le Domaine:

BARBARESCO Basarin – BARBARESCO Cole – BARBARESCO Bric Balin – BARBERA D’ALBA Basarin

BARBERA D’ ALBA – DOLCETIO D’ ALBA – LANGHE FREISA

LANG HE CHARDONNAY – LANG HE CHARDONNAY Buschet

GAJA Via Torino, 36 12050 BARBARESCO (Cn) Italie Tel. 0173 635 158

Angelo GAJA nous reçoit avec un immense sourire aux lèvres. Prenant place dans la salle, nous voilà assis tels des étudiants venus boire les paroles du Maître. Et ce magicien d’Angelo nous dit tout à trac que chez lui il n’y a rien à voir que nous n’ayons déjà vu. Son vignoble est identique aux autres, sa cave et ses installations le sont également. Ce qu’il juge le plus important et qu’il souhaite donc nous développer est : le rôle du marketing et sa relation avec la qualité du produit. Et Angelo est persuadé que cette relation existe pour le consommateur.

Nous voilà donc partis sur les traces du père d’Angelo, qui fut élu maire de BARBARESCO et traité de fou lorsqu’il abaissa de son plein gré les rendements de 60 hl/ha à 35 hl/ha. Cette décision prise unilatéralement a été le point de départ de la révolution qualitative. En 1961, il est rentré dans la Maison Familiale qui de tout temps a privilégié la clientèle de restaurateurs. A cette époque, son père produisait 50 000 bouteilles de Barbaresco. Ce vin était connu en Italie mais n’avait aucun débouché à l’étranger. L’étiquette : pour lui, elle doit véhiculer un message clair. Bouteille en main, il nous montre qu’en 1937, son grand-père avait déjà fait imprimer le nom de GAJA sur le haut de l’étiquette. Or, certains le critiquent car il met soi-disant son nom avant celui du terroir. En fait, il ne fait que poursuivre la politique de son grand-père et il trouve essentiel que le consommateur doit immédiatement reconnaître un vin comme étant un GAJA.

Dès 1937, son grand-père apporta également une indication de vignoble sur l’étiquette et mit en œuvre une pyramide « prix – qualité ». C’est en 1969 qu’Angelo introduisit la barrique en Piémont. Le Nebbiolo étant déjà un cépage tannique, pourquoi vouloir lui apporter ceux de la barrique? Au début, il avoue avoir fait quelques erreurs mais aujourd’hui, il est unanimement reconnu que la barrique a rendu les vins plus complets. Derrière tout cela il y a un challenge, un défi. Sa famille a mangé sa fortune en se laissant séduire par les jeux de hasard. Aussi ont-ils décidé que dans leur Domaine, plus rien ne sera laissé au hasard. Ils ont fait de nombreuses recherches sur les barriques, suite à quoi ils ont décidé de sécher eux-mêmes les douelles afin de se sécuriser au maximum le plan qualité.

En 1974, suite à une publication de la Revue des Vins de France traitant du sujet de la qualité du vin suspendue à la qualité du bouchon, ils ont décidé de rechercher des fournisseurs de liège sans contrainte de prix. Ils sont ainsi arrivés au bouchon de 62 mm, les plus longs du monde. Le fournisseur a du faire un choix extrême, il a fallu adapter une « boucheuse » à ce bouchon, il a fallu convaincre les sommeliers qui cassaient les bouchons en débouchant les bouteilles, leur offrir des couteaux sommeliers à mèche longue. En 1976, Angelo s’est marié avec Lucia et elle le seconde tous les jours avec discrétion, efficacité et bonne humeur. En 1977, début de l’importation de vins étrangers destinés aux restaurants et aux cavistes. Cette année là, GAJA produit environ 310 000 bouteilles, dont 20% sont commercialisées en Italie. La société GAJA DISTRIBUTION comprend 100 agents qui font un excellent travail, et le chiffre d’affaires de cette société est aujourd’hui plus important que celui du Domaine GAJA proprement dit.

Ainsi, grâce à ce choix, GAJA choisit ses clients qui se répartissent entre la restauration (70%) et les cavistes (30%). Il considère que la restauration est le marché dédié aux Grandes Bouteilles. Le restaurant (théâtre) est l’endroit où l’on célèbre les évènements. Ouvrir une belle bouteille et la partager montre l’importance que l’on attache à ses invités. A ce propos, il cite Alain DUCASSE qui propose à ses clients des pages de vins GAJA. En 1978, le Cabernet Sauvignon s’implante au Piémont. Il y était cultivé avant le phylloxera, et les vignerons le baptisèrent sous le nom de DARMAGI (Dommage). Il s’agit d’un Cabernet spécial, au caractère végétal, qui plaît localement.

En 1979, ils plantent le Chardonnay. GAJA est le premier Chardonnay en barriques en Italie. Au départ, le vin était surchargé de bois. Aujourd’hui, 1’oenologue a dominé sa vinification et la qualité progresse d’année en année. En 1980, les bouteilles sont conditionnées dans des caisses en bois pour attirer l’attention et donner une idée de la qualité des vins qui y sont contenus. Les caisses sont de 6 bouteilles identiques ou panachées. En 1989, achat d’un vignoble dans le BAROLO. Il attache beaucoup d’importance quant au choix du terroir qu’il souhaite acquérir. Il n’oublie pas le conseil de son père qui lui disait de toujours choisir un sol de grande qualité.

En 1994, la décision est prise de ne pas étendre GAJA dans le futur au-delà de sa dimension actuelle. En 1995, achat d’un autre vignoble à MONTALCINO, patrie du cépage SAN GIOVESE. Le caractère d’origine de ce vin est très spécial et ils se sont installés dans cette Appellation avec l’idée d’y faire un excellent travail. En 1996, achat d’une nouvelle propriété en bordure de la Mer Méditerranée. Ce vignoble est planté en Cabernet Franc, Merlot et Syrah et le vin qui y est produit s’appelle MAGARI. L’architecture des bâtiments y est sobre, les caves sont enterrées et masqués par 300 oliviers âgés entre 50 et 300 ans. La végétation environnante y sera méditerranéenne. Les températures y sont de l 8°C la nuit et 35°C le jour. Son objectif est d’y produire un vin au caractère local, présentant une acidité et une fraîcheur intéressante et non pas un vin au goû international.

Puis revenant à BARBARESCO, il nous dit que c’est avec plaisir qu’il constate de voir qu’un marché de niches se développe autour de ce vin. Dans les cinq dernières années, de plus en plus d’amateurs et de connaisseurs recherchent les vins de Nebbiolo car ces vins sont toujours spéciaux et jouent avec la nouveauté de manière extraordinaire. Aujourd’hui enfin, on trouve des consommateurs qui comprennent ce message. Avant de quitter la salle et de nous permettre de déguster une sélection de vins, Angelo nous présente son œnologue, Monsieur RIVELLA, homme très attaché à la Maison GAJA et qui y travaille depuis 33 ans. « Cet !tomme de talent accepte d’élaborer des vins qui reflètent un caractère personnel et non pas uniquement des vins qui s’adaptent au marché. Il ne part pas non plus avec l’idée de faire des vins parfaits car de petites erreurs (mais peut-on les appeler des erreurs ?) personnalisent les vins et les font sortir des sentiers battus. »

Pour terminer ses propos, Angelo nous confie qu’il y a beaucoup de non connaissance des vins italiens, aussi veut-il apporter un vin de qualité et non de marketing. Il part également du principe que le Producteur doit être courageux et que sa parole doit mettre en valeur la qualité et l’esprit de son vin par l’utilisation de mots et de termes appropriés. Aussi, regrettant de ne pas posséder le vocabulaire de Jacques Puisais, il a dû choisir la voie du marketing pour mieux s’exprimer.

Après ce brillant exposé, nous voilà dans la très belle cour intérieure de la propriété afin de procéder à la dégustation. Les tables sont garnies d’un délicieux vieux parmegiano et d’excellents saucissons, et la fille d’Angelo veille sur le service. Nous dégustons les vins suivants :

SPERSS 2002 – Langhe Nebbiolo D.O.C. :

Nez de cerise groseille. En bouche, le vin fait preuve d’un caractère rustique par rapport au Barbaresco. Il est moins fruité mais par contre plus épicé. J’y trouve une note de tabac qui perdure jusqu‘à la rétro-olfaction. Sa finale est longue.

SPERSS 1999 – Langhe Nebbiolo D.O.C. :

Nez ample et fondu. Les arômes me rappellent ceux de fruits rouges cuits. En bouche, le vin est beau et l’ensemble des composants s’exprime avec de la classe et du caractère. Belle acidité qui sublime cet ensemble.

SPERSS 1989 – Barolo D.O.G.C.:

Nez ample et riche en flaveurs. En bouche, le vin est bien équilibré et frais. Le vin oscille entre des arômes complexes et fruités. Une acidité délicate sublime cet ensemble parfaitement équilibré qui  ne demande qu’une belle viande rouge pour satisfaire complètement vos sens mis en éveil.

GAIA REY 1999 – Langhe D.O.C.:

Chardonnay au nez finement boisé, vanille et fleur d’acacia. Belle et grande matière, finement grassouillette qui se donne avec une belle amplitude. L’acidité présente est bien intégrée et met l’ensemble en relief. Très beau vin.

BARBARESCO 2002 – D. O. C. G. :

Nez de cerise et de groseille. En bouche, le vin est délicat et subtil. Vin ample remarquablement construit, qui associe la matière, le fruit, l’acidité et les tannins.

BARBARESCO 1998 – D. O. C. G. :

Nez à la fois ample et fin. Les arômes déroutent un peu car on trouve le tabac blond, la boite de cigare vide, la cannelle. En bouche, la matière confère un fruité exquis au vin. On y retrouve une fraîcheur agréable et une acidité sans aspérités. Ce vin me fait penser à une soupe de fruits rouges composée de cerises, fraises, groseilles.

BARBARESCO 1990 – D.O.C.G.:

Nez complexe et épicé. En bouche, le vin se prolonge selon les mêmes critères mais avec plus d’amplitude. Elle reste bien marquée par les fruits de sous-bois (mûres, myrtilles).

Autres grands vins produits par le Domaine :

BARBARESCO Sori-Tildin – BARBARESCO Costa Russi – BARBARESCO Sori-S. Lorenzo

LANGHE ROSSO Sori-Tildin – LANGHE NEBBIOLO Contcisn – LANGHE ROSSA Costa Russi

LANGHE ROSSO S. Lorenzo

Après avoir fait connaissance avec le Barbaresco, nous voilà en route pour découvrir les vertus du Barolo. Pour ce faire, nous nous rendons à SERRALUNGA D’ALBA au Domaine FONTANAFREDDA. Pendant le laps de temps nécessaire à notre déplacement, nous circulons au milieu d’un paysage ou les productions agricoles (vignes, noisetiers, tabac, céréales et autres) alternent avec les habitations et les petites unités artisanales et industrielles. Voici quelques informations préliminaires sur les vins afin de mieux les comprendre.

« BAROLO »

Comme il est normal que les caractères organoleptiques des vins soient en relation avec la géologie locale, les collines de Diano d’Alba, de Grinzane Cavour, de Serralunga, de Castiglione Falletto et de Montfo1te, dont les sols sont compacts, donnent généralement naissance à des vins à leur image, bien structurés; des vins riches dont le potentiel de vieillissement est excellent.

Les collines de Roddi, Verduno, La Morra, Novello et Cherasco où les sols ont une structure plus tendre, offrent des vins plus immédiats, plus aromatiques et élégants. Le village de Barolo au centre de ce vaste amphithéâtre se trouve à la confluence des deux zones, et donne des vins aux caractères intermédiaires qui offrent structure et élégance. La délimitation des territoires et des vignobles des Langhe effectuée par les Communes ne représente pas une échelle de qualité, mais une définition à caractère géographique des zones les plus significatives et les plus appropriées pour la culture du raisin Nebbiolo réservés au Barolo.

Celles-ci sont, par tradition, les mieux exposées. C’est au début des années soixante-dix que Renato RATTI rédigea la première « Charte du Barolo ». Partant de la nécessité de mettre en valeur les grands vignobles, il indiqua les « crus » de première catégorie, les positions viticoles historiques et celles à vocation particulière, faisant preuve dans sa recherche d’une connaissance scrupuleuse du territoire, basée sur une documentation historique et avec le concours de nombreux témoignages directs. A partir de ces indications et grâce à un travail successif de recherche, l’Arcigola-Slow Food édita au début des années 90 l’Atlas des Grands vignobles de Langhe concernant la zone de Barolo, en sélectionnant «120 Grands Vignobles» dans les onze communes comprises dans le protocole du Barolo. Ces communes sont les suivantes : Barolo, Castiglione Falletto, Cherasco, Diano d’Alba, Grinzanc Cavour, La Morra, Monforte, Novello, Roddi, Serrnlunga, Vercluno.

D’après l’ouvrage intitulé «Atlas des étiquettes» et édité en partenariat par l’Association des Viticulteurs du Piémont et la Chambre de Commerce de Cuneo, les caractères organoleptiques des vins de BAROLO y sont décrits de la façon suivante :

Couleur : rouge grenat avec des nuances rubis qui avec les années tendent vers l’orangé. Nez: son bouquet composite et éthéré possède harmonie, une exceptionnelle richesse et exhaustivité. Le fruit frais des premiers mois embrasse pendant son évolution successive tout l’univers des épices. La violette, la rose et la fragrance des autres fruits à peine cueillis s’ouvrent vers le royaume exotique des épices, où ils empruntent des parfums de vanille, de cannelle et de poivre vert. Bouche : agréablement sèche et complète. Chaleur et longueur en bouche, austérité ; il révèle une étoffe veloutée et une forte personnalité; racé, son caractère déploie une extraordinaire aristocratie pour terminer avec des senteurs de réglisse.

DOMAINE FONTANAFREDDAVia Alba, 15 12050 SERRALUNGA D’ALBA (Cn) Italie Tel. 0173 613 161 E-mail: fontanafredda@fontanafredda.it

C’est Monsieur Gian MINETTI qui nous reçoit et nous présente ce Domaine fondé en 1878 par Monsieur le Comte MIRAFIORI, fils naturel du Roi EMMANUEL (la petite histoire veut que ce dernier ait non seulement fait l’Italie mais qu’il l’a également peuplée). Ce Domaine produit annuellement 6,5 millions de bouteilles dont 4,5 millions de vins effervescents dont 2,5 millions d’ASTI SPUMANTE. Cette propriété de 100 hectares, dont 70 hectares plantés en vignes, n’a jamais été divisée. Sa production est très vaste et couvre toutes les productions du Piémont. Depuis des générations, elle complète sa production en achetant des raisins à des vignerons locaux. Ce Domaine a été racheté en 1931 par une banque : la « Monte dei Paschi di Siena Bank». C’est elle qui en est le propriétaire actuel. Au départ, tout ce Domaine était agencé comme un petit village, avec des maisons pour ouvriers (cela me rappelle certains bâtiments identiques en Beaujolais) et une église. Aujourd’hui encore, 12 familles y vivent sur place.

Les caves gigantesques sont bien tenues. En guise d’apéritif, nous y dégustons les vins suivants :

BAROLO 1999 – Vigna La Delizia 

Au nez, le vin est ferme et s’exprime par des arômes de sous-bois. En bouche il est bien structuré, dense, avec une belle expression de fruits sauvages qui se prolonge de façon savoureuse. L’acidité fait place à la tendresse.

BAROLO 1999 – Vigna La Rosa:

Belle expression de fruits épicés au nez, on retrouve même des traces de girofle. En bouche, le vin est d’une expression intense. Marqué par une étonnante sensualité, charmeur, pulpeux et riche, il est savoureux au possible. Sa finale est non seulement longue, mais délicate et harmonieuse.

Après cette remarquable prise de contact avec les vins du Domaine, nous nous rendons sous une immense tente dressée dans un parc magnifique afin d’y savourer un déjeuner champêtre de très haute tenue. Ce déjeuner, préparé par le Chef Francesco BARBERIS du Restaurant LOSANNA à MASIO nous permettra non seulement de nous remettre en forme après une matinée fort chargée, mais également de déguster d’autres vins de FONTANAFREDDA qui, ainsi servis, seront mis en valeur avec les mets.

PASTA E FAGIOLI AL PROFUMO Dl BASILICO servi avec un Dolcetto d’Alba Treiso 2002

Dolcetto est le nom du cépage et Treiso celui du Domaine. Ce vin se consomme généralement jeune (2 à 3 ans maximum) et frais. C’est un vin simple et qui l’est resté; c’est cette caractéristique – faite de fraîcheur et d’amertume fine – qui est recherchée par l’amateur.

Au nez, nous sommes dans la soupe de fruits rouges (fraise, mûre). Le vin est tendre et son caractère est rond. Le vin se raffermit sur la soupe de haricots.

ARROSTO DI VITELLO LARDELLATO AL ROSMARINO servi avec un Barolo Riserva 1996

Monsieur MTINETTI précise que l’élevage de ce vin s’est fait exclusivement dans de grands foudres en chêne centenaire. Ici, le Barolo est normalement vendu 4 ans après les vendanges (3 ans étant une obligation légale). Le Nebbiolo doit être élevé au minimum 2 ans (le type de bois n’est pas précisé). Monsieur MINETTI signale que le Nebbiolo a la même tendance colorimétrique que le Pinot Noir, c’est à dire une densité moindre comparé à d’autres cépages de vin rouge. Aussi, l’utilisation des barriques a permis d’avoir des vins plus intenses quant à la couleur. Par contre, son acidité est remarquable.

Beau fruit avec des touches minérales (thym). Bonne structure de bouche avec un fruit fin et délicat. Vin agréable et de circonstance car il fait chaud. (13,5% alcool).

PERFETTO IN GUSCIO DI CIOCCOLATO CON GELATO ALLA CREMA E ALLA NOCCIOLA E AMARETTI servi avec un Moscato d’Asti Moncucco 2002

FONTANAFREDDA a une longue tradition de Spumante. Celui-ci provient d’un vignoble dont ils ne sont pas propriétaires mais ils en assument toute la gestion technique, tant au niveau de la conduite de la vigne que de la vinification.

Très subtil au nez, presque une infusion. Ce vin est trop sucré à mon goût et fait penser à un jus de raisin filtré.

CIOCCOLATINI servis avec un Barolo Chinato

L’appellation de « Barolo Chinato » est accordée aux vins aromatisés préparés en utilisant comme base le vin « Barolo D.O.C.G. » sans ajouts de moûts ou de vins n’ayant pas droit à cette appellation et dont l’aromatisation est telle qu’elle permette de se rapporter à l’appellation quinquina, selon les normes en vigueur. Les ingrédients communs à toutes les recettes prévoient, le quinquina calissaia, la cannelle, les clous de girofle et autres épices  et aromatisants, dont la cardamone. Il s’agit d’une ancienne tradition qui est issue de la fabrication de vins médicinaux.

Notre Chancelier, Jean-Pierre PERRIN, remercie Monsieur Gian MINETTI pour son accueil et le félicite pour la qualité de la plupart des vins présentés. Mettant en avant la formation agricole du responsable de ce magnifique Domaine, il lui confia qu’il avait bien de la chance d’avoir l’entière confiance des propriétaires, en l’occurrence banquiers.

« Au-delà de ces responsabilités, vous êtes le Président du Consortium de Barolo et Barbaresco, et à ce titre vous êtes responsable de cette région. Aussi lorsque nous avons la chance de rencontrer un responsable tel que vous, nous cherchons à lui transmettre cet esprit d’excellence qui nous anime. J’aimerais vous dire que ce déjeuner nous a enchanté et nous avons apprécié qu’à la fin du repas vous nous avez servi un verre de Barolo Chinato, une des plus vieilles médecine du Piémont. »

En quittant les tables, des boîtes de chocolats fourrés au Barolo Chinato furent distribuées en cadeau à la gent féminine.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BAROLO La Vigna-Paiagallo – BAROLO Vigan Lazzarito – BAROLO Serralunga d’AIba – BAROLO La Villa

BARBARESCO Coste Rubin – BARBERA D’ALBA Papagana – BARBERA D’ALBA Raymonda

DIANO D’ALBA Vigna La Lepre – LANGHE Etermo – LANGHE CHARDONNAY Ampelio

Après avoir fait une photo de groupe dans le Parc du Domaine, nous laissons nos épouses se rendre aux Châteaux des Langhe. La petite histoire veut que cette excursion s’avéra onéreuse pour elles. Afin d’éviter aux précieux chocolats de fondre, le chauffeur, sur leur suggestion, stationna son car à l’ombre, mais en stationnement interdit. Malheureusement, la maréchaussée survint, et le procès verbal fut dressé. Ces dames se cotisèrent pour en assumer le paiement.

Quant à nous, c’est à LA MORRA que nous nous rendons. La cave communale, ancienne cave du Château, a été agencée en salle de dégustation, et nos Confrères Elio ALTARE, Ezio RIVELLA et Pio BOFFA accompagnés de quelques vignerons locaux nous y attendent. Leur souhait est celui de nous initier aux vins de cette région.

Cette séance de travail nous permettra de déguster quatre Barolo 1999 issus de quatre différents terroirs. Elio ALTARE donne un rapide aperçu géographique de cette région située à 500 mètres d’altitude. Confiant dans la jeune génération de vignerons qui se mettent en place actuellement, il précise qu’en 1978, il n’existait plus que 18 vignerons dans cette région qui aujourd’hui en compte 50.

BARBERA D’ASTI Sichivey 2000 – Ezio RIVELLA

Avant de nous présenter son vin, Ezio s’excuse d’avoir pris quelques libertés quant à son assiduité aux séances de notre Académie. Il rappelle la réception qu’il avait organisée il y a une quinzaine d’année à la Villa BANFI. Aujourd’hui, producteur au Piémont, il possède une petite exploitation de 5 hectares qu’il a héritée de son père. Ce dernier commercialisait son vin en bouteilles dès 1960. A l’époque, la situation était très difficile et il fallait faire preuve de courage. Son père mort, il a seulement repris ce Domaine i1 y a quelques années. Rappelant que le Piémont produit 4 millions d’hectolitres de vin, il précise que son choix s’est arrêté aux meilleurs terroirs et aux rendements limités. Le Barbera qu’il nous présente est un vin moderne avec une extraction plus poussée. Le cépage est très riche en couleur, surtout en anthocianes.

En 2000, le rendement était de 40 hl/ha et les vignes étaient âgées de 40 ans et plus. La fermentation s’est effectuée en 15 jours et la température est montée jusqu’à 30°C – 32°C. Il a procédé à une extraction de nanoprotéines pour apporter plus de rondeur au vin. L’élevage s’est fait en barriques (demis en fûts neufs et demis en fûts d’un an).

Nez concentré, gras, beaucoup de matière. Le problème du Barbera est son acidité forte; celui-ci est souple.

PIO CESARE Via Cesare Balbo, 6 12051 ALBA (Cn) Italie Tel. 0173 440 386
E-mail : pincesare01piocesare. It

BAROLO 1999

Pio BOFFA produit 300 000 bouteilles par an et exporte dans de nombreux pays. Son souhait est de continuer à produire des vins dans le style et dans 1’esprit d’il y a 120 ans. Il présente deux vins différents ayant chacun leur propre expression. Le 1er est un Barolo traditionnel qui provient de différents vignobles situés dans la région de BAROLO. Auparavant, ces vins étaient durs et rustiques ; aujourd’hui, grâce à la technique, les vins présentent du fruit et des tanins souples. Ce vin, plus tannique, possède un bon potentiel de vieillissement. En fonction de l’origine et des collines, ces expressions changent ainsi que les caractéristiques des vins. Ainsi il assemble les raisins des différentes collines afin d’avoir une expression unique.

Il précise que de 1995 à 2001, il y a eu 7 années exceptionnelles et que le millésime 1999 est un grand exemple de ce que la nature peut transmettre dans une bouteilles de vin. La température de fermentation était de 25°C à 28°C et son élevage s’est fait à 75% dans des foudres en bois et à 25% dans des barriques neuves. Ce vin a été mis en bouteilles à la fin mars 2003.

Au nez, le vin se découvre sous des arômes de cerise. Il est ample, franc. Son acidité s’intègre bien dans la matière du vin. Présence d’une fine amertume noble en finale.

Le 2ème est un Barolo – Ornato, une propriété de 12 ha à 13 ha située comme Serralunga dans une sorte d’amphithéâtre. Il s’agit d’une de ses meilleures propriétés et le vin reflète bien son terroir. L’élevage s’est fait à 20% dans des foudres en bois et à 80% dans des barriques neuves. Mise en bouteilles prévue pour juillet 2003.

Au nez, la cerise (soupe) est bien marquée. Les tannins sont tendres et le vin présente une belle fraîcheur minérale. Présence d’une fine amertume en finale, un peu quina (quinine).

Autres grands vins produits par le Domaine:

BARBARESCO Bricco – BARBARESCO – BARBERA D’ALBA Fides – LANGHE CHARDONNAY Piodilei
LANGHE ARNEIS – LANGHE ROSSO Il Nebbio – PIEMONTE CHARDONNAY L’Altro

BAROLO 1999 La Mora – Vigna Conca – REVELLO

Ce Domaine produit 60 000 bouteilles par an issues de 4 différents vignobles. Les terrains sableux donnent des vins plus fins et plus fruités (petits fruits rouges) avec des tannins moins agressifs. Il possède 7 terroirs différents situés dans les meilleurs crus du Barolo qui donnent chacun des vins aux caractéristiques distinctes. Le Nebbiolo est un cépage qui aime l’exposition sud (sud-est ou sud-ouest); il aime la chaleur et déteste le vent. Ce cépage s’est adapté au climat de la région et y a évolué depuis près de 1000 ans. Cette parcelle fait 1 hectare et sa récolte a été vinifiée selon les critères de la vinification moderne. La fermentation alcoolique fut très courte (3 jours). L’élevage s’est fait par moitié en barriques neuves et en barriques de 1 à 2 ans.

Beau nez expressif de cerise sauvage (merise). Vin très fin et très élégant. Equilibré et harmonieux, on sent qu’il est issu d’une très belle matière.

DAMILANO V.LO San Sebastiano, 2 12060 BAROLO (Cn) Italie Tel. 0173 56 265 Fax017356105 E-mail: da111ila11og@ilihero.it

BAROLO 1999 Liste

Ce Domaine compte 11 hectares et le propriétaire actuel, Guido DAMILANO représente la 4ème génération. Il possède le monopole de ce cru appelé Liste qui couvre une superficie de 1 ha 30. La récolte y a été de 35 hl/ha. Le raisin a subit une macération de 12 jours puis a été encavé par moitié en barriques neuves et en barriques d’un an. Un élevage d’une année en cuves en acier inoxydable a précédé la mise en bouteille.

Le nez s’exprime selon des arômes fruités avec des touches végétales. Les tannins sont encore relativement agressifs et non liés. Astringent.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BAROLO – BAROLO Cannubi – BARBERA D’ALBA – DOLCETTO D’ALBA

PODERI ALDO CONTERNO LOC. Bussia, 48 12065 MONFORTE D’ALBA (Cn) Italie Tel. 0173 78 150

BAROLO 1999 Colonello

Ce Domaine est tenu par la 5ème génération familiale ; Aldo CONTERNO vinifie uniquement sa propre production. Il produit 4 types de Barolo mais la vigne appelée Colonello est la plus belle. Son exposition est Sud/Sud-Est et son sol est sableux. Le vin issu de cette vigne est souvent le plus vite prêt à être consommé car étant d’une approche plus facile. Par contre, il est connu pour être moins apte à vieillir.

Nez fin, élégant et distingué. Vin avec beaucoup de charme, d’élégance et de race. Sa matière s’exprime avec richesse et du gras. Ample en bouche, il fait preuve d’un bel équilibre.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BAROLO Gran Russia Ris – BAROLO Cicala – BAROLO Soprana – BARBERA D’ALBA – DOLCETTO D’ALBA
LANGHE BIANCO Printaniè

Le Chancelier Jean-Pierre PERRIN clos cette séance de dégustation en remerciant les vignerons présents d’avoir bien voulu accepter de faire cette démarche de dénuement total. En utilisant ce terme, il précise qu’ils sont venus sans avoir la possibilité de montrer leur cave, ils sont venus tout nus, tels les Pèlerins de Compostelle, emportant leurs bouteilles sous leurs bras. Cette dégustation lui donne à réfléchir et il se demande si, dans nos critères gustatifs à l’Académie, il ne fallait pas inclure la notion de finesse à celle de la noblesse. En fait, il existe une notion de redemande. Il ne faut pas que nous perdions de vue qu’une bouteille devrait être bue et en appeler une autre. Avant de retrouver nos cars qui nous reconduiront aux hôtels afin de nous y rafraîchir, nous nous retrouvons sur l’esplanade du vieux Château en ruines où un imposant balcon permet au regard de s’étendre à l’infini jusqu’aux Alpes, au Montferrat et sur les collines du Barolo constellées de petits bourgs, de fermes et de châteaux. Face à nos yeux éblouis s’ouvre un panorama immense et grandiose, le plus vaste et le plus beau des Langhe.

Après un moment de repos, salutaire pour les Dames qui remercient Franco d’avoir ainsi pensé quotidiennement à elles, nous avons la chance de revenir dans ce bourg pour y dîner au Restaurant BELVEDERE. A nouveau, nos yeux détaillent le paysage et nous en profitons en guise d’apéritif. C’est dans ce restaurant situé en bordure de la terrasse panoramique que nous invite la Société GAT. Cette société, crée et fabrique tout un ensemble de matériel œnologique et de cave. Le menu de ce soir est le suivant :

TERRINA DI MANZO servie avec un Langhe Nebbiolo 2001 de Mauro Veglio

Au nez, fruits rouges, merise. Vin qui présente une acidité virulente et un caractère agressif. Avec le mets, il s’assouplit mais reste néanmoins solide et massif. Convient à une nourriture de type paysanne, très protéique.

FUNGHI PORCINI ALLA SALVIA SU LETIO OI PATATE servis avec un Langhe Nebbiolo 2001 de Mauro Veglio

C’est étonnant, ce même vin parle de façon différente. Sur ce plat (purée cèpes), il est rafraîchissant. Il apporte la fraîcheur d’un vin blanc avec une structure de vin rouge.

RISOTTO CON PETTO DI FARAONA ARROSTO servi avec un Barbera d’Asti – Ai Suma 2000 de Braida

Nez intense qui fait preuve d’une belle extraction, également très boisé. Belle matière et bonne concentration. Ample et riche, la prédominance du bois a tendance à goûter l’originalité de ce vin et c’est dommage. D’ailleurs, le caractère boisé ne semble guère convenir au riz.

FILETTO Dl VITELLO IN SALSA AL BARBARESCO servi avec un Barbaresco – Il Bricco 1997 de Pio Cesare

Très beau nez de cerises et de mûres. Vin fin et élégant qui se donne en bouche de façon onctueuse. Equilibré avec un boisé discret, c’est un vin qui apporte un réel plaisir gustatif.

PANNA COTTA CON FRUTTI DI BOSCO E PASTE Dl MELIGA servi avec un Moscato d’Asti 2002 de Paolo Saracco

Le Chancelier clos le dîner en remerciant Monsieur BOVIO pour l’excellence de ce repas et les sommeliers pour leur prestation qui fut parfaite. Il donne quelques précisions sur notre hôte, Monsieur Carlo GAI. Il indique 1’avoir reçu à Chateauneuf-du-Pape avec un groupe d’amis réunis sous le Club des G.A.F. (les alcooliques félicie). Etant un homme de qualité, il voulait nous faire plaisir en nous recevant de façon amicale et discrète. Il remercie également Franco MARTINETTI pour l’organisation du dîner. L’accord entre les vins et les mets a fait forte impression sur les convives. Il a un mot gentil pour Ezio RIVELLA qui a mis sa gentillesse et ses talents de traducteur à notre service durant les deux jours que nous venons de passer en Piémont.

Samedi 7 Juin

A nouveau nos bus nous mènent à LA MORRA, mais ce matin il s’agit pour nous de rendre visite à notre confrère Elio ALTARE et au vigneron Mauro VEGLIO.

ELIO ALTARE

« Le critère qualitatif premier d’un vin est la finesse et sa finalité : DONNER DU PLAISIR ».
Son exploitation, qui est également son lieu de résidence se situe à environ 1 km de LA MORRA.

Fraz. Annunziata, 51 12064 LA MORRA (CN) Italie Tel. 017 350 835

Les cars ont quelques difficultés à manœuvrer car la cour du Domaine est petite. Elle n’a certainement pas l’habitude de se voir envahir de la sorte. Dès la sortie du bus, Elio précise que nous sommes ici dans un lieu de viticulture, et bien qu’il travaille en cave, c’est dehors dans la vigne que tout se passe. Avant de déguster, il invite donc les participants à le suivre dans le vignoble. Ce Domaine de 10 Hectares (5 hectares en propriété et 5 hectares en location) est complanté en vignes de 15 ans et de 55 ans. Il produit annuellement entre 50 000 et 55 000 bouteilles. Très entouré, Elio ALTARE se donne entièrement à son auditoire. Il explique non seulement sa démarche, mais parle de son passé, de l’incompréhension de son père. Il capte un auditoire qui lui est très majoritairement acquis. Son visage devient rayonnant quand il explique que le vigneron d’aujourd’hui doit être un homme libre.

L’encépagement est constitué à 90% par le Nebbiolo, le Barbera, le Dolcetto et à 10% par le Cabernet Sauvignon et le Petit Verdot. Il rappelle que le Nebbiolo aime le Sud et déteste le vent. Les meilleurs crus sont ceux qui ont la disposition d’un amphithéâtre afin d’être protégés. Les Langhe se sont les collines. Le cru le plus fameux est le Brunate qui donne un vin fin, fruité aux tannins doux. Selon les vins et leur exposition, la macération est courte afin d’éviter une certaine amertume. Concernant les règles de production viticole actuelles, i1 propose une comparaison inhabituelle faite entre la vigne et la vache : dans le passé une vache donnait 10 litres de lait par jour et mettait bas une bonne douzaine de fois durant sa vie. Aujourd’hui, elle donne 40 litres de lait par jour puis elle est bonne pour l’abattoir. Ses réflexions l’ont amené à penser que la Flavescence est une conséquence du stress de la vigne. Ainsi, cette dernière devrait arriver à se défendre naturellement contre cette maladie. Elle est ainsi une des conséquences de l’utilisation importante de fertilisants et des déséquilibres créés suite à cet excès.

Aussi nous faut-il revenir en arrière, et aucun adulte n’a le droit d’empêcher les jeunes à chercher une autre voie et de pratiquer des essais. L’Homme doit faire des recherches afin d’améliorer la qualité mais il doit savoir reconnaître ses limites. Il considère Angelo GAJA comme son Maître et il a suivi la voie que ce dernier a tracé. Son premier voyage en Bourgogne date de 1976. Ce voyage a été décidé suite à un effondrement des ventes et son père ne trouvait plus preneur pour son raisin. Dans le passé, une récolte de 5 tonnes à l’hectare était exceptionnelle, mais avec l’aide des fertilisants chimiques, les récoltes récentes montaient facilement jusqu’à 20 tonnes à l’hectare et plus. En 1979, il arrête l’utilisation des fertilisants chimiques. En 2002, il a traité le sol une fois durant l’année avec un herbicide juste pour contrôler son enherbement qu’il griffe régulièrement) et il utilise un pesticide quand les conditions climatiques rendent ce traitement nécessaire. Il pratique la vendange verte (éclaircissage).

Son vignoble sur la colline est réparti en 3 parties : les 2 meilleures sont complantées en Nebbiolo (cépage aussi délicat que le Pinot Noir), le dernier tiers l’est en Barbera. La densité de plantation est de 6 000 pieds à l’hectare avec un écartement de 2, 60 m/64 cm. La vigne est plantée en contre-pente à cause de l’érosion. Le sol en grande partie marneux est rendu glissant lorsqu’ il est mouillé. En vinification, il considère que la meilleure acidité pour un Barolo est de 5,3 g à 5,5 g avec un pH de 3,9. C’est après un périple organisé avec d’autres vignerons locaux et qui les a conduit en Californie, en Bourgogne et à Bordeaux, que ses confrères et lui ont pris conscience du goût que recherchaient les clients. Son père avait perdu 80% de sa clientèle et ne trouvait plus preneur pour ses raisins. Pour suivre la voie de vigneron telle qu’il la concevait, il a refusé l’autorité de son père et a été déshérité par ce dernier.

A l’époque, il a été difficile d’imposer ses idées. Son but final était de produire un bon vin et, pour y arriver, il n’y avait pas de règles à suive. Tout était fonction des terroirs et des expositions. Aujourd’hui, la région est riche d’hommes qui donnent vie à cette région. Pour le vin, il considère comme UNIQUE la règle qui veut qu’il n’y ait pas de règles. Le vin est une interprétation! LE GRAND VIN, c’est celui dont on finit la bouteille. Malheureusement, aujourd’hui on fait plus de GROS VINS que de GRANDS VI NS.

L’homme ne peut contrôler au maximum que la moitié du résultat final d’un vin.

1.) Il doit veiller à une bonne maturité du raisin (en 1999, la vigne a du faire face à un déficit hydrique et les vins ont manqué de fruit).

2.) Il n’utilise que des levures indigènes, mais il ne sait pas quelle est la variété qui va se détacher du lot et gagner la compétition.

3.) La chance.

La dégustation débute avec les vins d’ELIO ALTARE

Ce sont ses filles qui le secondent dans l’entreprise ainsi que son épouse qui assurent un service impeccable des vins.

BAROLO 1994

Vendangé le 28 Septembre après la pluie. Le raisin était très beau, sans attaque de botrytis. La vendange a subi un foulage et la température de 23° à 24°C au départ a grimpé jusqu’à 33° C. La fermentation a débuté 2 heures plus tard et le lendemain, la température était à 36°C – 37°C. La macération fut courte (40 heures) et le pH élevé. La fermentation malolactique s’est faite dans les cuves en inox (6 mois). Il a décuvé lorsque le vin était encore doux. Elevage de 18 mois en barriques dont : 80% âgées de 1- 2 – 3 ans et 20% dans le bois neuf.

Nez aux arômes de cerise et de fraise. En bouche, le vin est élégant, onctueux, tendre. Il fait preuve d’une agréable fraîcheur. Il est très fruité et son expression dominante rappelle à nouveau la cerise qu’il décline d’une façon extrêmement délicate.

BAROLO 1990

Ce vin a été vendangé en 2 fois car la vigne avait subi une crise hydrique suite au temps sec.

1.) Le 23 septembre, il a récolté une première partie afin de préserver la fraîcheur du vin. Après 4 jours et demi de macération, il a mis le vin immédiatement en barriques.

2.) Le 30 septembre, il a récolté la deuxième partie. Ce vin après 4 jours et demi de macération était plus gras et plus flatteur. Il a été élevé pendant 20 mois en barriques dont 80% âgées de 1 – 2 – 3 ans et 20% dans le bois neuf.

Nez tendre et délicat, ses arômes fruités sont chargés en épices douces. Fort bien constitué, élégant, tendre et charmeur, c’est un vin d’une grande harmonie dans lequel tous les éléments sont liés et fondus. Un vrai délice qui vous donne grand plaisir.

Une légère polémique s’installe entre Elio ALTARE et Michel BETTANE. Elio pense qu’une forme de paresse s’est installée en Europe et certains journalistes – surtout dans les pays émergeants – ont pris la place de ceux des pays producteurs européens. Aujourd’hui, on assiste à une course vers la concentration. Cette tendance vient du fait que certains consommateurs boivent très peu de vin (1 fois par mois ou 1 fois par semaine). Or ces derniers cherchent à être surpris, à être choqués. C’est pour cela que les journalistes, aujourd’hui, devraient inciter les consommateurs à boire d’avantage de vin. Michel signale quand même qu’Eli a produit des vins fins et élégants et malgré ce fait, il obtient de très bonnes notes de dégustation chez les journalistes américains.

Autres grands vins produits par le Domaine « Elio ALT ARE » :

LANGHE La Villa – LANGHE Larigi – LANGHE Arborina – BARBERA D’ALBA – DOLCETTO D’ALBA
L’INSIEME – BAROLO Vigneto Arborina

La dégustation se poursuit avec les vins de :

MAURO VEGLIO Fraz. Annunziata, 50 12064 LA MO RRA (CN) Italie Tel. 01 7 350 9212 E-mail : mauro.veglio@libero.it

BAROLO 1997

Bien que provenant d’un autre producteur, ce vin est issu de la même exposition que les précédents. Contaminé et instruit par Elio ALTARE, il a débuté dans la vinification en 1992. Depuis, ils travaillent ensemble afin de progresser. Le temps de macération a été de 4 jours et l’élevage s’est fait pendant 24 mois en barriques neuves à 50%.

Beau nez avec un fruité discret. En bouche, il est denseample, riche et harmonieux. Il fait preuve d’un peu moins de finesse que les deux précédents.

BAROLO 1999

Ce vin dénote par rapport à la vinification traditionnelle. A cet âge, généralement, le vin était imbuvable. Grâce aux progrès de la vinification, le consommateur trouve plus rapidement son bonheur. Ainsi, aujourd’hui, le consommateur a le choix entre une consommation rapide ou avec une certaine maturité.

Belle expression fruitée. Beaucoup de matière. Les tannins se fondent dans un fruité à la fois frais et fins. Très bonne et belle présence en bouche faite d’harmonie et d’élégance.

BARBERA D’ALEA 2001

Elevé à 100% dans les barriques neuves.

Expression de plénitude du fruit, avec des arômes boisés – en partie fondus – mais cependant encore bien présents. En bouche, il est ample, gras, avec une belle acidité (civilisée). Son caractère complexe est promis à un bel avenir.

Le Chancelier remercie nos hôtes. Se tournant vers les deux filles d’Elio ALTARE, il se dit heureux d’avoir pu rencontrer la nouvelle génération. Il les félicite pour l’excellence de leurs vins. Dans ce monde viticole où chacun cherche actuellement sa voie, ils ont certainement pris de l’avance. Ils cherchent, par leur savoir faire, à apporter toute la force qu’ils trouvent dans ces montagnes du Piémont, mais en apportant également la finesse des couleurs que l’on retrouve dans ces paysages magnifiques. En s’adressant à la femme de Mauro VEGLIO qui nous a présenté les vins du Domaine de ses parents d’une façon impeccable, il constate qu’elle recherche la concentration, la matière et la puissance tout en préservant la finesse.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BARBERA D’ALBA Cascina Nuova – BAROLO Vigneto Rocche – BAROLO Arborina – BAROLO Castelleto
BAROLO Gattera – L’INSIEME – DOLCETTO D’ALBA

Avant de nous quitter, Elio ALTARE remercie Franco et rappelle que ce dernier lui a beaucoup appris et qu’il le considère comme un frère. Il est midi passé lorsque nous réintégrons nos bus pour nous rendre dans la cité voisine de BAROLO et d’y déjeuner au Château. Le repas suivant y a été préparé par le Chef Davide PALLUDA du Restaurant All’Enoteca à CANALE D’ALBA.

GLI STUZZICHINI Dl DAVIDE servis avec un Roero Arneis Saglietto 2001 de Malvirà

L’Arneis est un cépage autochtone produit dans la zone géographique du Roero. On le trouve également dans les Langhe. Ce dernier a été élevé 2 à 3 mois dans le bois pour avoir plus de complexité.

Ce vin a un côté perlant, il est agréable, facile et frais. Sa dominante, si l‘on peul dire, évolue entre la citronnelle, le citron frais et son zeste.

LASAGNA Dl VERDURE FRITTE E BURRATA – PESTO LEGGERO servi avec un Bric dei Banditi 2001 de Franco Marinetti

Ce vin est Barbera d’Asti. C’est le vin de la famille et ses 14° d’alcool lui vont bien. Le nom donné à cette cuvée a été trouvé lors d’une promenade. Un écriteau « Bric del Banditi » était fixée au bord du chemin. L’histoire veut qu’au temps de Napoléon, les brigands cachés dans la forêt voisine attendaient les voyageurs pour les détrousser.

Au nez, ses arômes sont à la fois floraux (violette) et fruits de sous-bois. En bouche, son acidité est savoureuse, fine, tendre et subtile. Le vin est plein, sensuel et élégant. Bref, il est à 1’image de son propriétaire : Franco MARTINETTI.

CUORE Dl COSTATA IN CROSTA DI GRISSINI servi avec un Barolo 1990 Estate vineyard de Marchesi di Barolo

Les côtes de veau ont été panées avec des grissinis afin d’éliminer le gras. Il s’agit d’un Barolo traditionnel issu d’un terrain argilo-calcaire. Son temps de macération fut de 15 à 20 jours.

Nez fruité (cerise). Très bonne matière quoique un peu sévère. Fine bouche boisée qui s’intègre bien dans la structure du vin. Cette bouche boisée évolue vers le bois frutier.

TORTA SOFFICE ALLA VANIGLIA CON FRAGOUNE Dl BOSCO, SORBETTO ALLE FRAGOLE E BRACHETTO E PICCOLA PASTICERRIA servie avec un Bracetto d’Acqui 2002 de Braida

Les arômes me rappellent ceux de petits fruits rouges (fraises, framboises) que l’on écrase et que l’on couvre d’un vin sec effervescent. Ce vin est subtil, aérien et délicat. Il s’agit d’un vin amusant qui ne manque pas d’intérêts. En tout cas il trouve un accord parfait avec le sorbet à la fraise dont il renforce d’ailleurs le goût.

Franco voulait que ce repas soit léger afin de ne pas handicaper la dégustation qui va suivre. Le Chef est jeune et un bon ami. Il voulait élaborer un repas traditionnel mais interprété avec modernité. Le Chancelier prend la parole et rappelle à l’auditoire que nous sommes dans un lieu historique du BAROLO :

«Lorsque l’on est au cœur de l’origine, nous avons un devoir de nous recueillir devant tout ce passé. Franco a dû trouver un Chef qui soit à la hauteur de la dimension du lieu, et ce déjeuner fut en harmonie avec tous les vins que nous avons goûtés. Avec les fleurs de courgettes en tempura, l’Arneis qui me rappela le Chignin Bergeron de Savoie. Puis cette Lasagne de verdure qui fit penser à un repas champêtre s’amourachait à merveille avec le vin de Franco. Le Filet de veau qui aima la pureté exemplaire de ce Barolo issu des caves de la Maison. Certes la Noblesse était présente, mais il reste encore du travail à faire pour la perfectionner. Le Brachello quant à lui était imprégné par les fruits du dessert. En ce qui me concerne, ce jeune Chef fait d’ores et déjà partie des grands chefs d’aujourd’hui et à fortiori de demain. »

MARCHESI DE BAROLO Via Alba, 12 12060 BAROLO (Cuneo) Italie Tel. 0173 564400 Fax. 0173 564444 E-mail : marchesi.barolo@marchesibarolo.com Internet : www.marchesibarolo.com

C’est la Famille ABBONA qui en est le propriétaire actuel. L’histoire du Barolo est relativement récente. En 1825, le Marquis Tancrèdi FALLETTI de BAROLO épouse une COLBERT. Tout commence avec ce mariage car la Française fait venir un œnologue français, le Comte Louis ODART, pour vinifier les vins de Barolo. A l’époque, le vin était même parfois doux et « frisante». Le mérite de la Marquise Giulia COLBERT FALLETTI est d’avoir codifié la typicité du vin. Elle a également créé un hôpital de Charité. La Marquise est morte en 1864 ; elle était veuve et sans descendants. Elle a donc créé une fondation qui englobait les vignes et le Château. Cette fondation a perduré jusqu’en 1930. Suite à des problèmes législatifs, l’ensemble de la propriété fut vendue et c’est la famille actuelle qui l’a achetée.

Ce Domaine commercialise aujourd’hui 1,5 million de bouteilles, dont 300 000 bouteilles de Barolo. Il achète également par courtage des vins provenant d’autres origines. Le propriétaire raconte ses expériences quant à la vinification de ce vin. Comme les rendements étaient importants, il essaya de trouver un équilibre en pratiquant des macérations longues. L’extraction des tanins était pour lui très importante. Avec un degré alcoolique élevé (13°), il fallait naturellement éviter les tanins verts issus des pépins. La famille nous reçoit dans une belle et grande salle afin de procéder à la dégustation de quelques vins du Domaine. Au centre de la pièce se trouve une immense table recouverte d’un magnifique nappage en lin blanc richement décoré par des raisins et des roses rouges. Nous prenons place sur les chaises alignées le long des murs et entrons dans le vif du sujet.

BAROLO Cannubi 1999

Ce vin est issu du Cru appelé Cannubi. Le rendement était de 40 à 45 hl/ha. La macération fut courte (4 à 6 jours). Il s’agit du plus charmeur des Crus. Le sol est composé de sable (25%), d’argile, de limon et de calcaire. Conséquence de ce terroir, le vin évolue de la complexité vers l’élégance.

Arômes complexes (encre) dans lesquels on retrouve également des fruits de sous-bois (mûres). En bouche, il est dense, ample, avec des tanins souples. Structuré, il est prêt à être consommé mais il est également apte à vieillir.

BAROLO Sarmassa 1999

Ce vin est issu d’une vigne située pour moitié sur la commune de Barolo et pour moitié sur celle de La Morra. Le sol y est très argileux mais avec du calcaire et des pierres. Ce sol donne naissance à des vins structurés. Le rendement était de 32 à 33 hl/ha. Lors de la vendange, les baies de raisins étaient petites car la vigne a souffert de sécheresse.

Vin plus expressif au nez, il est floral (rose rouge) avec des arômes de vernis avec des touches de minéral. La matière est bonne et les tanins sont fermes et bien marqués. Ils sont même un peu astringents.

Autres grands vins produits par le Domaine :

BAROLO Riserva Casa – BAROLO Coste di Rosa – BARBERA D’ALBA Pajagal- BARBERA D’ ALBA Ruvei
DOLCETTO D’ALBA Boschetti – LANGHE ROSSO Pi Cit – MOSCATO D’ASTI Zagara

Après les remerciements formulés par notre Chancelier, nous regagnons nos hôtels afin de nous préparer pour la soirée de Gala. Parcourant pendant une trentaine de minutes cette plaine piémontaise qui nous dévoile la richesse de son agriculture et la diversité de ses petites manufactures et unités industrielles, nous nous rendons à POLLENZO pour clore ce Symposium par un Dîner de Gala qui sortira des sentiers battus. Bercé par les secousses des amortisseurs d’un bus qui se déplace sur les petites routes de campagne, des damiers faits de cultures céréalières et d’habitations défilent devant mes yeux. A moitié somnolant, il me faut reconnaître que jamais je ne m’étais imaginé rencontrer une telle culture gastronomique dans cette région d’Italie. A vrai dire, dans cette région qui vit à l’ombre de la culture paysanne, le vin et la cuisine cohabitent en symbiose afin de mieux s’offrir à nous tels de précieux cadeaux.

Ainsi les restaurants que nous avons visité n’ont pas seulement été «des lieux de restauration», mais grâce à Franco, digne fils de cette région du Piémont, nous avons rencontré des lieux dans lesquels on prend le temps de vivre et de savourer les bienfaits que nous prodigue la nature, ici omniprésente. On a comme impression que les personnes qui œuvrent en cuisine où dans les caves ont une soif insatiable de progrès et de découvertes. Cherchant de façon constante à s ‘améliorer dans les mets qu’ils cuisinent et dans les vins qu’ils vinifient, ils savent également les associer intelligemment pour notre plus grand plaisir et le bonheur de nos papilles. Merci beaucoup Franco, de nous avoir fait partager tes découvertes.

Nous voilà arrivés et plusieurs manœuvres sont nécessaires à nos bus pour négocier au mieux l’entrée d’une immense propriété qui date du XIXè siècle. Pour la petite histoire, le Restaurant dans lequel nous dînons ce soir n’ouvrira qu’en juillet prochain. Mais comme chacun le sait maintenant, Franco a des relations privilégiées avec les Dieux de la Gastronomie Piémontaise.

Voilà pourquoi ce Restaurant, d’un coup de baguette magique, nous accueille ce soir pour un dîner d’exception.

Dîner de Gala préparé par le Restaurant Guido :

GLI STUZZINI DI LIDIA servi avec un Gavi Minaia 2001 de Franco Martinetti

Ce vin est issu d’un cépage autochtone typique appelé Cortese. C’est le seul cépage qui sied pour élaborer un vin blanc de type traditionnel. La vigne se situe autour du village de GAVI et sa Dénomination d’Origine Contrôlée est GAVI. Cette zone d’Appellation produit annuellement 5 à 6 millions de bouteilles. Il peut porter plusieurs noms, tels CORTESE DE GAVI ou GAVI DE GAVI (Gavi qui appartient à la ville de GAVI). Sa vinification est délicate à mettre en œuvre. Il semble trop souvent planté dans des sols riches et humides, ce qui a comme conséquence d’augmenter les rendements. Il est le vin blanc sec le plus traditionnel du Piémont.

Nez très fin et subtil, les arômes rappellent la fleur blanche; on est de toute façon sur le floral – végétal. En bouche, il est sec, mais tendre car son acidité est faible. Cette acidité est surprenante car elle est à peine vive, sans agressivité. En finale, le vin évolue vers la citronnelle.

PEPERONE FARCITO servi avec un Gavi Minaia 2001 de Franco Martinetti

SFORMATO Dr PARMIGIANO servi avec un Barbera d’Asti Superiore Sichivej 2000 de Ezio Rivella

Nez de fruits muges confits (me fait penser à la confiture de vieux garçon). Ce nez laisse présager un vin ample et velouté. En bouche, le vin est ample, dense et riche (éclatement de  nano-protéines?), mais fait preuve d’une belle suavité. Sa richesse et son onctuosité sont la conséquence d’une vendange cueillie en surmaturité. Ce vin est étonnant car il dénote complètement par rapport à ce que nous avons goûté jusqu’à présent.

Au niveau de l’accord avec le mets, j’émets une réserve car je trouve le vin trop puissant sur la délicatesse et la finesse de cette préparation rehaussée de Parmigiano. Par contre, un fond de verre du Gavi précédent se comporte à merveille sur cette préparation.

AGNOLOTTI AL SUGO D’ARROSTO servi avec un Langhe Arborina 2000 de Elio Altare

Au nez, le vin est superbe, ample avec en arrière-fond des effluves de thym frais. En bouche, les flaveurs du vin sont contrastées par rapport à son approche nasale. Le vin est riche et ferme. Il est également délicat, franc, élégant : j’éprouve un réel plaisir à le sentir et à le boire.

Au niveau de l’accord gustatif avec les agnolotti (raviolis de viande); c’est tout simplement remarquable.

STRACOTTO Dl VITELLO FASSONE servi avec un Barolo 1989 de Pio Cesare

La couleur est remarquable. Au nez, j’y trouve quelques traces de prunelle. En bouche, le vin est subtil, satiné, élégant; le tout se donne avec fermeté et fraîcheur. Il fait encore preuve d’une belle amplitude de bouche et d’une bonne longueur. Il s’agit pour moi d’un vin mûr mais qui a su rester jeune d’esprit.

Ce vin s’accorde avec le mets sous la forme d’un fondu enchaîné. Nous sommes en face d’un mariage d’amour.

PICCOLA PASTICCERIA servi avec un Forteto della Luja – Loazzolo Piasa Rischei 2000 de Giancarlo Scaglioni

Nez extraordinaire qui me rappelle les Grands Muscats de Cap Corse à l’époque de Monsieur Luigi (père). Miellé, dense, exceptionnel; j‘y retrouve des arômes d’un miel de bruyère encore figé dans sa cire. Que c’est grand! Serais-ce possible que la tradition de ce type de vin se perde en Corse pour se perpétuer en Piémont!

Monsieur Carlo Pietro PETRINI, Président Mondial de Slow Food, prend la parole pour nous donner quelques explications sur les projets d’avenir réservés à l’endroit magnifique dans lequel nous nous trouvons ce soir. Il nous dit tout d’abord combien les vignerons et les cuisiniers Piémontais sont heureux de nous recevoir dans leur Province, et combien notre visite rejaillit sur le Prestige de leur terroir. Ces bâtiments de 13 000 m2 ont été construits par le Roi Carlo Alberto pour devenir une ferme modèle. Elle était à l’époque entourée de 800 hectares de terres. Avec l’aide du Gouvernement Provincial, le mouvement SLOW FOOD a beaucoup travaillé pour redonner vie à ce complexe qui comprend 2 000 m2 de caves. Il y sera créé une Université Internationale de Gastronomie qui développera cet art de façon scientifique afin de prouver qu’il est loin d’être un folklore local. Un diplôme de Docteur en Gastronomie consacrera la réussite des étudiants en fin d’Etudes.

Notre Chancelier Jean-Pierre PERRIN prend la parole à son tour. Après avoir remercié les personnalités et les vignerons Piémontais présents, il se dit étonné de tout ce qu’il voit. Jamais, en venant au Piémont, il n‘aurait pensé y rencontrer le Président Mondial de Slow Food qui, à voir ce qui se passe ici, est en train de conquérir la terre entière. Il le remercie pour tous les efforts entrepris pour défendre la Gastronomie et les vins car, dit-il, sur cette planète, le goût s’en va. Face à une immense photo tirée en noir et blanc qui orne le mur, il s’exclame à l’intention des vignerons présents :

« Cette main résume a elle seule toute votre vie : C’est une main calleuse, c’est une main du Piémont. C’est une main qui produit de la richesse. Nous venons de faire un voyage en Piémont qui fut remarquable en tous points. En commençant par Madame la Marquise ALFIERl, il remercie tous les vignerons piémontais qui nous ont ouvert leur cave et leur cœur en nous faisant goûter leurs vins. Il remercie Ezio RIVELLA – Il Cavaliere – pour nous avoir traduit en français les propos tenus dans cette belle langue italienne. Il n’oublie pas cependant de lui rappeler gentiment que nous comptons sur lui pour remplir ses obligations lors de nos cessions annuelles. Il remercie le Chef de Cuisine dont le dîner permit des accords parfaits.

Ce soir, le dîner préparé a été un des exemples de l’excellence de l’accord. Au bout du compte, dit-il, il y a un Chef d ‘Orchestre : Franco MARTINETTI, que je commence a connaître et qui est, si ce n’est UN, ou le plus Grand Epicurien de la Planète. Tous les dîners, déjeuners ont été concoctés par l’ami Franco. Tous ces repas ont été excellents et travaillés dans le moindre détail. Mon Cher Franco, je souhaite que tu continues à t’occuper des accords, et que les nombreuses occupations ne t’empêchent pas d’œuvrer pour l’Académie Intemationale du Vin. Merci également à tes deux fils qui t’ont secondé dans celte tâche. Merci également à Aldo QUIRIGUETTI qui fût ton ombre durant ce voyage.

S’adressant au vignerons présents :

L’Académie tient un rôle modérateur dans un monde où tout devient permis. A l’Académie, nous nous sommes réfugiés en Pays Neutre afin d’apporter notre message et éviter au Monde du Vin de perdre la raison. Si l’on produisait la moitié des quantités aujourd’hui produites, le vin serait non reproductible ailleurs. Lorsque l’on utilise une levure exogène au terroir, c’est également perdre l’identité du terroir. Aussi, essayons donc de refuser la levure que l’industrie essaie de nous vendre. Nous avons trouvé chez vous une vraie fraternité piémontaise et pour nous, le symbole de cette fraternité est cette main.

Merci.