AIV SYMPOSIUM DE PRINTEMPS – PORTO ET LA VALLEE DU DOURO
31 mai 2011 – 4 juin 2011

Mardi 31 mai 2011

Nous prenons possession de nos chambres à l’hôtel Pousada Palacio de Freixo. L’hôtel comprend un palais érigé au bord du Douro en 1742 pour le Doyen de la Cathédrale de Porto par l’architecte italien Nicolau Nasoni dans le style baroque portugais. Les chambres sont dans une ancienne usine de broyage de céréales construite au XXème siècle par un industriel allemand. L’ensemble est assez surprenant mais très confortable. Nous sommes accueillis par Peter Symington et Ermelinda Gomes qui, parfaite polyglotte, organisera tous nos déplacement avec autant d’efficacité que de gentillesse.

Nous dinons à l’hôtel et M. Anselmo Mendes, œnologue et producteur de Vinho Verde nous fait une présentation de cette appellation et une dégustation de ses vins. La zone du Vinho Verde s’étend de la frontière espagnole au fleuve Douro, dans sa partie ouest. Le climat est plus frais et humide que dans la zone du Porto. Autrefois en vignes basses avec sans doute des vins rouges concentrés et acides, le vignoble a été transformé en vignes hautes pour laisser de la place aux cultures vivrières, pomme de terre et maïs, après la découverte de l’Amérique. La production très élevée par pied a donné des vins légers en alcool, acides, avec du CO2 provenant de malo-lactiques en bouteilles (et de gazéification plus récemment). M. Mandes élabore pour sa part des Vinho Verde très différents, frais et structurés, sans gaz résiduel.

Muros Antiguos « contacto », cépage loureio.
Macération pelliculaire, frais et léger, met en valeur les boulettes d’aldheira (saucisson à l’ail et mie de pain) au fromage de chèvre.

Muros Antiguos « contacto », cépage alvarinho.

Macération pelliculaire. Aromatique et assez corsé, parfait avec la salade de crabe à la ciboulette. La vinaigrette ne choque pas l’accord.

Parcella 2004, cépage alvarinho provenant d’une vieille vigne.
Très corsé avec une pointe d’amertume, très différent d’un Vinho Verde traditionnel. L’alliance avec le dos de bar s’est faite sans problème.

Nous terminons sur le gâteau au chocolat, avec un remarquable Porto Vintage Warres 1985

Mercredi 1er juin

La journée commence par la visite des lodges du Porto Graham. Nous sommes impressionnés par le nombre de barriques, d’environ 600 l., destinées au vieillissement des tawnies et de foudres d’environ 3’000 l. pour celui des vintage et des LBV. La collection de vintages est tout aussi impressionnante. Un film nous initie à l’histoire de la famille Symington, venue de Glasgow en 1882. Graham est considéré par la famille Symington comme leur marque la plus prestigieuse, c’est une marque essentiellement de la catégorie « premium ». Les vins proviennent essentiellement de Quinta Dos Malvedos, Quinta do Tua (toutes deux sur la rive droite du Douro à hauteur de Tua) et Quinta das Lages (sur la rive gauche du Rio Torto. Peter Symington nous a préparé une superbe dégustation de l’ensemble de la gamme des portos Graham dans les lodges de Cockburn’s, une grande maison de Porto récemment rachetée par la famille Symington. Rupert Symington participe aussi à la dégustation. L’organisation est parfaite, chacun ayant devant lui les 14 échantillons dans une petite bouteille plastique.

Fine Tawny Léger en couleur, provenant de vignobles productifs, assemblage de trois années en rotation pour maintenir la constance de style, il est destiné surtout au marché français, le seul à consommer le porto à l’apéritif, à la place des traditionnels Dubonnet, etc.

Fine Ruby Robe intense et très fraiche, riche, frais et fruité, assemblage de deux à trois années. Correspond au goût anglais en vin de dessert ou de journée.

Six Grapes Très ancienne marque de Graham, provenant de leurs meilleures quintas ; c’est un porto très jeune, arômes intenses de mûres et de résine, finale très sucrée. Il correspond au goût nord-américain comme digestif.

LBV 2005 Même origine que 6 Grapes, mais millésimé et vieilli 5 à 6 ans en foudre. Un très beau porto qui a gardé tout le fruité de la jeunesse mais dont la violence tannique s’est assagie.

The Tawny Toujours issu des meilleures quintas de Graham, les tawnies sont viellis en futs de 600l. pour qu’une lente oxydation développe une robe ambrée de plus en plus claire, des aromes confits, amande, caramel et un fondu en bouche avec une finale d’une grande douceur. The Tawny a un vieillissement moyen de 7 ans et est présenté dans une bouteille originale en verre clair.

10 years old, 20 years old, 30 years old Ces tawny magnifiques sont des ensembles d’un système de solera et le chiffre correspond à un âge moyen et surtout à un style de vieillissement, soigneusement contrôlé par l’Institut des Vins de Porto. Avec l’âge, les arômes sont de plus en plus complexes, amande, noisette, vanille, miel. La bouche est de moins en moins tannique et reste toujours très douce. Graham est un porto très riche en sucre.

Touriga nacional Il s’agit d’un lot de cépage pur 2010 dont la destinée finale n’est pas encore connue. Aromes intenses de fruits noirs, riche structure sans agressivité, c’est un cépage remarquable, très peu présent dans les vieilles vignes plantées traditionnellement en mélange mais très représenté dans toutes les plantations en cépage unique réalisées par les Symington depuis 25 ans dans leurs quintas.

Touriga Franca Aromes très fins de rose et de violette, belle structure. Ce cépage à la maturité tardive est très complémentaire de la touriga nacional.

Vintages Les vintages ne sont produits que dans les grandes années. Ils sont élevés environ 18 mois en foudres puis mis en bouteilles sans aucun traitement. Ils sont parfaits sur des fromages ou des desserts au chocolat. Contrairement aux tawnies il faut les consommer si possible dans la journée.

  • 2007 Année sans excès de chaleur ni de sécheresse, maturité parfaite, petite récolte et grande concentration. Impressionnant de richesse et d’élégance.
  • 1994 Bonnes réserves de pluie l’hiver et été très chaud, torride en août avec quelques pluies bienvenues début septembre. Vin très riche, surprenant de jeunesse.
  • 1980 Année de très petite récolte qui a été sous-estimée. Le vin est toujours superbe avec encore un grand potentiel de vieillissement.
  • 1970 Une année climatiquement quasi parfaite ayant donné un porto classique, équilibré, riche et délicat à la fois. Remarquable.

Nous enchaînons par un déjeuner dans le jardin de la maison du fondateur de la dynastie Amorim, plus gros producteurs de liège au monde. M. Antonio Amorim nous reçoit chaleureusement avec de nombreux membres de sa famille et ses proches collaborateurs. Mme. Louisa Amorim nous commente pendant le déjeuner les vins de la propriété familiale, Quinta Nova de Nossa Senhora do Carmo.

Après le déjeuner, la visite de l’usine de bouchons voisine nous permet d’apprécier la différence entre le tubage manuel et la sélection visuelle des meilleurs bouchons et le tubage automatique et tri optique automatisé des qualités moins chères. Nous sommes impressionnés par le travail des trieuses qui voient passer 80’000 bouchons par jour sans perdre leur concentration. Nous voyons aussi les chambres de traitement à la vapeur pour extraire les TCA qui restent le problème majeur du liège dont les autres qualités et le bilan écologique sont sans rivaux.

La soirée nous réunit avec Peter, Paul, Dominic et Johnny Symington ainsi que de nombreux cadres de la maison pour un diner de gala à la British Factory House. Même Claude Bourguignon a mis une cravate (Franco Martinetti en a porté une pendant tout le voyage) et les dames sont très élégantes. Ce magnifique bâtiment construit entre 1785 et 1790 par le Consul britannique John Whitehead a souffert de l’occupation française en 1807 et fut remis en état par l’association des négociants en vin de porto britanniques. Seules trois familles, au premier rang desquelles les Symington, demeurent aujourd’hui responsables de maintenir une tradition qui remonte au milieu du XVIIème siècle.

Entre autres particularités, signalons les deux salles à manger adjacentes et identiques, l’une pour le début du repas, l’autre pour la dégustation du porto avec le dessert. Lors du traditionnel déjeuner du mercredi, on affiche dans le salon l’exemplaire du Times du même jour… il y a cent ans !

Madeira Blandy Bual 1977 Les Symington sont associés avec la famille Blandy, très anciens producteurs de madères de haute qualité. Le 1977 a vieilli 32 ans en chêne américain, les barriques étant au fil des ans transférées des étages supérieurs où le vin s’oxyde fortement aux étages inférieurs, plus frais. Le cépage bual donne des vins légèrement doux. L’équilibre est parfait avec le foie gras poêlé aux pois chiches et chou vert.

Chryseia 2004 Il s’agit d’un vin non fortifié du Douro élaboré par Bruno Prats et les Symington dans une joint-venture qui a commencé avec le millésime 2000. L’année 2004 a été marquée par une sécheresse extrême, heureusement interrompue par des pluies importantes début août, tout à fait inhabituelles. Robe très intense, toujours jeune, nez expressif de cerise noire et de bacon, structure riche de tannins soyeux, sans aucune dureté. 64% touriga nacional, 36% touriga franca. Le mignon de veau aux champignons fonctionne bien avec ce vin que même les asperges vertes ne désarment pas.

Graham 20 years old tawny Nous somme heureux de retrouver ce vin sur une pâtisserie. Il confirme sa douceur et son fondu.

Dow’s 1963 Selon la tradition britannique, le fromage serra et stilton, est servi après le dessert pour profiter pleinement du superbe porto vintage. Dow’s, autre fleuron de l’écurie Symington, est un porto plus sec que Graham. 1963 est une très grande année (le contraire de Bordeaux) surprenante de fraicheur et de complexité aromatique.

Jeudi 2 juin

S’il fallait autrefois une journée entière pour se rendre dans le Douro, les choses ont bien changé avec la construction de l’autoroute. Il reste à franchir la Serra de Alvȃo qui protège la vallée du Douro des influences océaniques mais un tunnel est en cours de construction. Nous visitons à coté de Vila Real le Palais de Mateus. Le rosé du même nom, produit par Sogrape,  fait figurer le bâtiment sur son étiquette mais il n’y a en fait aucun lien entre cette petite merveille d’architecture baroque et le rosé sucré et gazeux auquel trop de consommateurs identifient le vin portugais. Construit au début du XVIIIème siècle par le même architecte que le Palacio de Freixo, la Casa de Mateus est restée dans la même famille, qui l’a toujours conservé intact, aujourd’hui dans le cadre d’une fondation culturelle. Entre autres trésors, une amusante lettre de Talleyrand expulsant de France l’ancêtre du propriétaire actuel avec autant de courtoisie que d’humour. Les jardins à la française, parfaitement entretenus, sont magiques.

Nous déjeunons dans la salle de réception de Quinta de Nápoles, fief de Dirk Niepoort, le très médiatique producteur de porto et de vins Douro DOC (non fortifié). Il nous reçoit avec sa simplicité et sa générosité coutumières, ouvrant pour nous un porto blanc de 1917 et un porto rouge de 1931 vieilli dans une étonnante dame-jeanne (il nous racontera plus tard que l’institut des vins de Porto a voulu lui interdire cette pratique et que Peter Symington l’a soutenu énergiquement). Le déjeuner, avec vue sur la vallée du Tedo, a été préparé par Rui Paula, chef propriétaire des restaurants DOC dans le Douro et DOP à Porto dont nous aurons à trois reprises le plaisir de découvrir le talent pour donner aux produits locaux une dimension gastronomique créative et parfaitement maîtrisée.

Carpaccio de pied de porc au coriandre

Morue aux pois chiches

Joue de porc aux œufs pochés et jambon

Pavé croquant à la fleur de lait.
La dégustation n’est pas commentée et les vins, tous des Douro DOC non fortifiés, sont en libre service, ce qui permet de nombreux échanges mais dans une certaine confusion.

Niepoort blanc Tiara 2010  Frais et aromatique.

Niepoort Redoma 2004 et 2008 Très typé, terreux et balsamique, il provient de vieilles vignes en mélange de cépages.

Niepoort Batuta 2008 Provenant de vielles vignes proches de la cave. Riche et expressif

Niepoort Charme 2008 Léger et surprenant, provenant de vignes de la vallée de Mendiz, plus fraiche, fermenté d’abord en lagares puis fini en barriques.

Quinta do Vale de Meȃo 2007 Puissant et aromatique, assez proche du porto, excellent

Post Scriptum de Chryseia 2007 Second vin, plus prêt à boire que Chryseia

Chryseia Prats & Symington 2007 Commenté avec beaucoup d’enthousiasme par Jean-Noël Boidron qui lui trouve une finesse très bordelaise.

Chryseia Prats & Symington 2003 Plus évolué et parfait sur la joue de porc.

Nous n’avons guère approché le Bioma 2008 vintage port et le Coheita 1983 de Niepoort car nous nous sommes rués sur le 1931.

La visite de la cave gravitaire nous permet d’admirer la parfaite intégration dans le paysage de cette architecture contemporaine en béton et en schiste. La paroi naturelle a été conservée apparente et constitue un « poumon » qui aide à réguler température et humidité. Victor de la Serna nous expose lors de la visite le rôle important que Dirk Niepoort a joué dans la renaissance des vins non fortifiés du Douro par son inlassable activité de promoteur. Nous prenons nos chambres à l’hôtel Vintage house, dans d’anciens bâtiments portuaires de la petite ville de Pinhȃo, fort bien décorés dans un style colonial. Au dîner au restaurant DOC,  nous retrouvons la fine cuisine de Rui Paula avec les vins DOC de la famille Symington.

Altano blanc 2010 Provient de vignobles d’altitude de malvasia fina, viosinho et moscatel galego. Très frais en bouche avec une note aromatique nettement muscatée. Le carpaccio de poulpe au parmesan lui convenait moins bien que la lotte et saint-jacques, délicieuse.

Altano rouge Reserva Quinta do Ataide 2008 Provient du Douro Supérieur (vallée de Vilariça), 100% touriga nacional, il est vinifié en cuve inox à Quinta do Sol par Charles Symington, fils de Peter, qui l’a commenté en anglais (il est le seul Symington qui ne parle pas français) et Pedro Correia, également présent. L’élevage est de 11 mois en bois français et américain. Nous le goûtons sur un confit de canard et son gratin de pommes de terre, plat sur lequel nous sommes habitués à boire du Bordeaux ou du Cahors. L’accord est très convaincant ; la charpente tannique est équilibrée par un fruité qui donne de la fraicheur à ce vin peu acide.

Graham tawny 40 years old Ce vin rare complète la dégustation des tawnies à Gaia. Très évolué et parfaitement fondu, le parfait porto qui l’accompagne le met bien en valeur.

Vendredi 3 juin

Une version modernisée de barco rabelo nous attend sur le quai de Pinȃo. Il est orné d’une publicité d’un porto très présent dans les supermarchés français. L’un de nous espère que le bateau soit meilleur que le porto qu’il promeut. Avec une météo parfaite, le trajet vers l’amont est un enchantement, nous passons devant Quinta do Bomfim, aux Symington, Quinta de Roriz, acheté en 2009 par Prats et Symington, Quinta da Vila Velha, à James Symington, Quinta dos Malvedos et Quinta do Tua aux Symington. Antonio Filipe, Président de la Direction Exécutive du groupe Symington, nous fait un exposé passionnant sur l’histoire de la délimitation du Douro et le système du bénéficio. Cet exposé figurera sur le site de l’AIV.

Nous voyons un court film des années 1930 montrant le transport des pipes de porto en char à bœufs puis en barco rabelo au milieu des rapides du fleuve. Le film a été tourné à l’endroit même où nous nous trouvons, si calme aujourd’hui grâce aux barrages. Nous arrivons justement au barrage de Valeira, construit en 1975 et d’une hauteur de 48 m. Le passage de l’écluse est un grand moment que nous vivons un verre de porto blanc à la main. Nous accostons devant Quinta Senhora da Ribeira, une des plus anciennes quintas de la famille, et traversons en petits bateaux vers Quinta do Vesuvio, où Dominic Symington qui en a la charge, nous accueille.

Quinta do Vesuvio est (comme d’ailleurs Quinta do Roriz) l’une des plus emblématiques des quintas historiques du Douro. Développée entre 1814 et 1827 par Antonio Ferreira, la quinta devint célèbre sous la férule de Dona Antonia Ferreira, qui lui donna son nom actuel en souvenir de son voyage de noces à Naples. Les Symington en firent l’acquisition en 1989 et lui on redonné toute sa splendeur en étendant encore le vignoble par des plantations essentiellement de touriga nacional, en restaurant l’impressionnante demeure et la chapelle mais en conservant la vinification en lagares de granit, les plus grands du Douro, et le système gravitaire dont on redécouvre aujourd’hui partout les vertus. Nous visitons le vignoble où la vigueur de la vigne varie beaucoup à l’intérieur même d’une parcelle, ce qui oblige à des vendanges très étalées. Certaines vignes ont conservé les piquets en schiste, qui malheureusement ne sont plus fabriqués. Nous retrouvons le talentueux chef Rui Paula pour un déjeuner dans les lagares avec une pensée pour ces vendangeurs qui, à la fin d’une longue journée de travail, passent encore des heures à fouler aux pieds.

Pombal de Vésuvio 2008 La quinta ne fait du vin non fortifié que depuis le millésime 2007, Pombal est le deuxième vin. Il n’en est pas moins très riche et structuré, très minéral. Il fait face sans problèmes à une très gouteuse bouchée au saucisson fumé.

Quinta do Vésuvio Douro DOC reserva 2007 Encore plus puissant, très aromatique, très typé touriga nacional. On sent le caractère plus sec du climat du Douro Supérieur.

Le « bisaro » lui convient bien, mieux que la purée de céleris et asperges

Quinta do Vésuvio Vintage Port 1994 Toujours sur le fruit, très riche, délicieux avec un dessert au chocolat et fruits rouges.

Le retour en car par les routes tortueuses des sommets fut plutôt somnolent. Nous clôturons le voyage par un dîner à l’hôtel Vintage House à Pinȃo ou M. Leal da Costa, responsable des vignobles du groupe Symington, nous présente les vins que sa famille, qui descend du comte d’Ervideira, produit dans l’Alentejo depuis 1880.

Conde de Ervideira blanc 2010 Issu du cépage Aragonêz, vendangé la nuit, ce vin a su garder de la fraîcheur malgré le climat très chaud de l’Alentejo. Il accompagne bien le bar et son risotto aux champignons.

Conde de Ervideira 2009 Cépages Trincadeira, Aragonez et Alicante Bouschet, vinifié en lagares (en vinimatic pour l’Aragonez). Il est surprenant de voir que l’Alicante Bouschet peut, sous un climat très chaud, donner des vins aux tannins aussi élégants et souples.

Conde de Ervideira 2000 Nous sommes surpris par la bonne tenue de ce vin qui montre certes des traces d’oxydation mais reste très agréable sur le chevreau confit et même sur le gratin de fraises qui précède le fromage.

Dow’s vintage 1966 Peter Symington avait choisi ce vintage en tous points parfait pour clôturer, sur trois fromages portugais, notre voyage. Ce vin est admirable d’équilibre, de fraicheur, de puissance maitrisée.

Conclusion

Pour ceux d’entre nous, trop nombreux, qui n’avaient du porto qu’une vision caricaturale, ce voyage a permis de comprendre le caractère exceptionnel de ce terroir où le schiste permet de maintenir une alimentation en eau modérée sous un climat extrêmement sec. Nous avons admiré le travail de terrassement incroyable accompli au fil des siècles et modernisé par le système des patamares, la passion des gens du Douro, portugais ou britanniques pour ce vin si particulier. Nous avons été surpris par la redécouverte des vins non fortifiés, la renaissance de la gastronomie. Peter Symington tenait à ce que ce voyage soit mémorable. Il fut parfait et nous lui sommes très reconnaissants ainsi qu’à tous les membres de sa famille et aux cadres de la maison qui se sont mobilisés pour nous. Notre seul regret est que notre chancelier ait dû écourter sa participation au voyage mais, membre avec les Symington des Primum Familiae Vini, il n’ignore rien des charmes du Douro.