Par Bruno Prats

Lundi 18 mars 2013

Dégustation au Palacio San Martín.

Le chef de cabinet du Ministre des relations extérieures nous accueille dans ce superbe palais, construit en 1906 pour la famille Anchorena par l’architecte norvégien Alejandro Christophersen à l’occasion de la visite de l’Infante Isabel de Bourbon. Il est de style français avec quelques éléments Art nouveau. La salle où nous dégustons est somptueuse et couverte de dorures.

Le vignoble argentin possède 230’000 ha. de vignes dont 31’000 de Malbec, 20’000 de Bonarda, 18’000 de Cabernet Sauvignon, 12’000 de Syrah et 1’600 de Pinot noir. La consommation est passée de 90 l. par habitant à 30 l. Le vignoble et les caves ont dû se transformer de façon radicale pour produire de meilleures qualités, exportables. Roberto de La Mota nous fait déguster les vins des régions que nous ne visiterons pas.

PATAGONIA

Federico Sacca nous présente la région. Les principaux vignobles se situent entre 38 et 39.5° de latitude, à 350 km à l’est des Andes et 450 km à l’ouest de l’Atlantique, donc en climat continental (en été, les températures entre le jour et la nuit passent de 35° à 15 °C), très sec (120 à 170 mm de pluie par an), à une altitude de 350 à 400m, la plus basse des vignobles argentins. Les vents forts et la sécheresse donnent des vignes très saines, des petits grains à peau épaisse et de faibles rendements. Les gelées sont à craindre dès le 15 avril et jusqu’à fin décembre. Il y a quelques essais de vignobles à 42° de latitude, contre la Cordillère. La majorité des vignes est franche de pied avec des problèmes de nématodes.

La Bodega Schroeder fut créée en 2001 dans le cadre d’un programme gouvernemental de redéploiement des bénéfices pétroliers vers la fruiticulture (Neuquén est la plus grande zone pétrolière d’Argentine). Cépages Malbec, Cabernet-sauvignon, Pinot noir, Sauvignon blanc, Chardonnay, Torrontes. Expérimentation en cours sur Syrah et Cabernet franc. Le Merlot réussit très bien. La marque Saurus vient de la présence d’un squelette de dinosaure.

  1. Pinot noir Saurus 2010. 70% de sélection massale (les Pinots noirs de Mendoza ont été sélectionnés par Chandon pour les mousseux, donc à gros rendement), 30% clone 777. Vendange en février. Couleur moyenne, arômes boisés, tannins ronds, structure légère, plaisant.
  1. Pinot noir Fin del Mundo 2010. Sélection massale, élevage en chêne américain. Le boisé masque le caractère variétal, robe profonde, bonne structure, boisé final marqué.
  1. Malbec Saurus barrel fermented 2010. 5 jours de macération à froid puis fermentation en barriques. Très bon vin, grande fraîcheur, tannins fins et élégants, style original..
  1. Malbec Malma 2010, Bodega NQN. Vinification classique en inox, remontage en début de fermentation puis macération 15 à 20 jours et élevage 30% en fût, 70% en inox. Bon arôme variétal, bon équilibre, fruit mûr, boisé un peu présent en finale.
  1. Malbec Universo 2009, Bodega NQN. Année chaude. Extraction plus poussée, macération 25 jours, élevage de 12 mois. Le boisé américain est marqué, structure très riche, tannins mûrs très puissants, vin conçu pour le marché américain.
  1. Malbec – Cabernet sauvignon – Merlot, Universo blend 2009, Bodega NQN. Vinification en cuve inox de 120 hl, élevage en fûts 50% français, 50% américain. Bon équilibre, boisé américain marqué.
  2. Cabernet sauvignon – Malbec – Merlot, Special blend 2008, Fin del Mundo. C’est leur haut de gamme avec 18 mois d’élevage en barriques, structure très riche, très fondue, riche et tendre mais avec une finale très vanillée de bois américain.

SAN JUAN

C’est avec 70’000 ha la seconde région viticole après Mendoza. Autrefois, on y produisait des vins de base pour le vermouth et des vins de table de masse pour le marché domestique. L’exportation a commencé en 1990 avec des prix au détail de 6 à 7 $ aux USA, allant aujourd’hui de 10 à 15 $. La Bodega Graffignia (Groupe Pernod Ricard) produisait 4’000 caisses par an en 1998 et 420’000 caisses en 2005. Le climat est très chaud, jusqu’à 42 °C l’été, 120 à 140 mm de pluie par an. Les sols sont sableux ou sableux-argileux à 1’400 m d’altitude.

  1. Malbec Graffignia Gran Reserva 2011. Bons arômes variétaux, structure légère, simple.
  2. Cabernet sauvignon Graffignia Gran Reserva 2010. Pas de verdeur, correct, simple, boisé assez commun (chips ?).

LA RIOJA

Particulièrement connue pour le Torrontes, cépage blanc issu de pépins amenés au Pérou par les Espagnols ou, selon d’autres œnologues, croisement de Muscat d’Alexandrie et de Criolla (Mission). Cépage productif et rustique, son vin muscaté est apprécié des jeunes Américains. Il y en a trois variétés. La vallée est à 800 m. d’altitude mais on plante aujourd’hui jusqu’à 1’800 m. La Syrah se développe. Le plus gros producteur est la coopérative La Riojana qui vinifie 75 millions de litres à très petit prix.

  1. Torrontes La Riojana. Arômes musqués intenses, acidité correcte, légère amertume finale.
  2. Malbec Reserva Raza. Raisin très mûr, simple mais bon fruit.

SALTA

Région en plein développement, très riche culturellement et superbe. On est presque sur le Tropique et il faut monter à 2’000 m pour avoir de la fraîcheur, raison pour laquelle on vendange un mois et demi plus tard qu’à Mendoza. Il pleut 250 mm en été mais en 2012 il a plu 500 mm et il y a eu des problèmes de botrytis. Donald Hess a acheté 55’000 ha de montagne et en a planté une partie.

  1. Torrontes Reserva Cafayate, Bodega Etchart (Pernod Ricard). Très aromatique, muscaté, bouche assez neutre et finale légèrement doucereuse.
  2. Torrontes 2011 Finca Domingo. Arômes fins, légère verdeur, un peu lourd.
  3. Malbec 2012 Piatelli. C’est la première vendange d’une cave neuve spectaculaire de 60 ha d’un investisseur américain. Boisé sec au nez, poivré, tannins fins, finale un peu amère.
  1. Cabernet Sauvignon 2011 Cafayate Etchart. Très poivron vert au nez, bouche assez ronde, finale tannique.
  1. Malbec  Cabernet sauvignon Arnaldo B 2010, Etchart. Arômes vineux, structuré, tannins fondus, beaucoup de sucrosité.
  1. Malbec – Cabernet sauvignon – Tannat 2010 Rupestre Domingo Molina. Vignoble à 1200 m d’altitude, de la fraîcheur, excellent équilibre, l’un des meilleurs vins de la dégustation.

VINS EFFERVESCENTS

La méthode Charmat (cuve close) fut développée par Chandon en 1961 pour ne pas avoir de problèmes de main d’œuvre pour le remuage.

  1. Torrontes Raza. Un peu vert au nez, mousse généreuse
  1. Pinot noir de Patagonie, Rosa de Los Vientos. Jolie robe rosée, nez élégant, frais en bouche, prix de détail aux USA : 19 $

Nous déjeunons au restaurant Las Lilas dans les hangars portuaires réhabilités de Puerto Madero, repas d’asado traditionnel. Nous regoûtons les vins dégustés dans la matinée.

La soirée se passe au Bar Sur, bar de tango traditionnel, ouvert en 1960, classé au patrimoine culturel argentin. Chanteuse (chanteur ?) orchestre (bandoleon, contrebasse et piano), deux couples de danseurs de tango. Merveilleuse ambiance intemporelle et très authentique.

Mardi 19 mars 2013

Notre vol ayant été annulé, le programme est un peu modifié. Nous sommes accueillis à Mendoza par José Octavio Bordón, ancien gouverneur de Mendoza et ancien ambassadeur d’Argentine aux USA où il s’est lié d’amitié avec notre Président. Il nous accompagnera pendant tout le voyage en nous faisant profiter de son humour et de sa connaissance incomparable de l’histoire de la viticulture mendozinaise. Le Gouverneur actuel, le Dr. Francisco Pérez était également présent à l’aéroport.

BODEGA VISTALBA – LUJAN DE CUYO

Nous sommes accueillis par Carlos et Eduardo Pulenta et leurs épouses. Cette famille a joué un rôle très important dans le développement du vignoble de Mendoza et dans sa réorientation vers la qualité. Carlos nous explique que le nouveau défi est de trouver des parcelles de qualité dans des grands vignobles et d’explorer de nouveaux terroirs. Le vignoble de Vistalba de 50 ha est franc de pied, irrigué à la raie, à 980 m d’altitude. Très beaux bâtiments dans le style traditionnel. Une cave souterraine climatisée par un faux plafond réfrigéré, une belle coupe de sol montrant 20 cm de limon puis une grande profondeur de sol argileux, plein de grosses pierres de gneiss roulées par les glaciers. Un cuvier inox et un cuvier ciment en service. La réception de vendanges est faite à l’extérieur, moderne avec tri manuel avant et après égrappage et remplissage des cuves par gravité avec des cuvons mobiles. Le raisin est froid, ayant passé la nuit dehors en cagettes. Trois jours de macération à froid avant fermentation, pigeage manuel.

  1. Tomero Sauvignon blanc 2008, Vistalba. Nez puissant, boisé maîtrisé, bouche très charnue, très réussi. Vignes en valle de Uco, pas de fermentation malolactique, un an de barriques.
  1. Cabernet franc 2006, Bodega Pulenta. Arômes frais de cassis, extraction bien maîtrisée, finale très franche, un vin très agréable à boire à table.
  1. Vistalba Cortea 2007. 87% Malbec, 8% Bonarda, 5% Cabernet Sauvignon. Vigne plantée en 1948. Fruits rouges intenses au nez, extraction poussée, grande richesse, tannins très présents avec légère amertume finale.
  1. Bodega Tapiz, Seleccion de Barricas 2008. 40% Malbec, 36% Cabernet sauvignon, 14% Merlot, 10% Syrah. Vignes à 1’400 m d’altitude en Valle de Uco, 18 mois d’élevage en bois français. Arômes frais et fruités, boisé de qualité mais dominant en fin de bouche, bon fruit un peu sec en finale.
  1. Bodega Topiz Black Tears Malbec 2008. Nez torréfié, attaque fraîche avec du grain, vin très puissant mais finale très boisée et asséchante.
  1. Petit Verdot Tomero 2009, Vistalba. 15 mois en barriques de chêne français, vendange début mai. Beau nez mûr et frais, bonne acidité, un peu court en bouche.
  1. Cortea 2009 Vistalba. 60% Malbec, 30% Bonarda, 10% Cabernet Sauvignon, 18 mois de barrique. Arômes riches, légèrement eucalyptés, belle matière, vin énorme.
  1. Cabernet franc Pulenta Gran 2009. Vignes à Ugarteche. Nez un peu poussiéreux mais belle structure ronde avec tannins tendres et finale fraîche, très plaisant.
  1. Progenie I (Vistalba). Méthode champenoise 60 % Pinot noir, 40% Chardonnay. Frais et léger, très plaisant, mousse peu persistante.

Nous déjeunons sur place : effiloché de lapin confit et poires au Malbec, filet de cerf et mousseline de patates douces, aubergines, poires au carmel et sorbet de Cabernet franc et Malbec. L’Argentine ne fait pas que du bœuf grillé

CHEVAL DES ANDES – VISTALBA

Nous sommes reçus par Nicolas Eudebert, en tenue de polo (joueur N°3, la position la plus importante) qui nous offre du Baron B, le haut de gamme de Chandon, et lance ses équipiers et amis dans 4 chukkas animés. Malheureusement son équipe perd par 4 buts à 5. Le terrain de polo est au milieu du vignoble de 50 ha composé de 85% de Malbec, dont 16 ha datant de 1928, le reste en Petit Verdot, Cabernet franc et Merlot. Vignoble irrigué à la raie (il faut 5’000 m3 par ha et par an), plantation traditionelle de 1,80m x 1m, taille guyot double. Le vin est fait à Terrazas de Los Andes.

  1. Cheval des Andes 2008. 55% Malbec, 45% Cabernet sauvignon, 10% petit Verdot, 2 ans de bois français, année fraîche au petit rendement (coulure et gelée le 15 avril). 35’000 bouteilles (alors que 2007 a fait 100’000 bouteilles). Le vin vient d’être mis en marché. Tannins soyeux, beaucoup de fraîcheur, finale légèrement amère.
  1. Cheval des Andes 2005. Dernier millésime de Roberto de La Mota, beau nez, tannins très fondus, riche et épicé, beau vin.
  1. Cheval des Andes 2003. Année très chaude, 18% de petit Verdot, tannins très fins et très fondus, épicé, moins concentré que les autres millésimes
  1. Cheval des Andes 1999. 60% Cabernet sauvignon, 40% Malbec, premier millésime de Cheval des Andes. Très beau nez frais et floral, belle structure riche et fine, finale un peu sèche. Un très beau vin d’esprit français.

Un excellent cocktail nous est servi dans le bâtiment d’accueil (il n’y a pas d’installations techniques puisque le vin est fait à Terrazas).

Mercredi 20 mars 2013

BODEGA TRAPICHE – COQUIMBITO

Nous sommes reçus par Daniel Pi, chef de production, homme aussi modeste que compétent, qui dirige techniquement une affaire considérable fondée en 1883, ayant appartenu à la famille Pulenta. Reprise en 1970 par Peñaflor, qui appartient aujourd’hui à la famille Bimber, le plus grand brasseur argentin. Ils ont fait de Peñaflor le 8ème groupe mondial de vin. Parmi les membres de la famille, on trouve les de Ganey, les Montalembert, les Poniatowski. Daniel Pi vinifie avec 20% de raisin non égrappé et des levures indigènes.

Nous visitons d’abord la cave de 1912 de 10’000’000 de litres de capacité où sont élaborés leurs hauts de gamme. Superbe bâtiment parfaitement restauré, la réception de vendange d’origine a été conservée ; elle était d’avant-garde à l’époque. La réception moderne comprend 3 cuves vinimatic dont le remplissage manuel nous a surpris. La fermentation se fait en cuves ciment époxy de 115 hl. Nous visitons ensuite la cave plus industrielle qui possède, à 24 m sous terre, la plus grande cuve en ciment du monde, d’une capacité de 5’250’000 l. Construite en 1970, elle était destinée à faire des ensembles correspondant à un train complet de 40 wagons pour envoyer le vin à Buenos Aires.

Nous goûtons d’abord deux vins de la Bodega Lopez, à Maipu, la région la plus anciennement plantée en vigne à Mendoza. Ils vinifient de façon traditionnelle en cuve de bois de chêne français de 15’000 l avec un élevage très long.

  1. Montchenot 2002, Bodega Lopez, Maipu. Cabernet sauvignon 70%, Merlot 15%, Malbec 15%, 6 ans d’élevage en foudre. Arômes confits, assez rond mais très séché en finale, représentatif d’un style destiné uniquement au marché intérieur.
  1. Château Vieux 2004, Bodega Lopez. 70% Cabernet sauvignon, 15% Merlot, 15% Pinot noir. Le nez est mal défini et très évolué, la bouche est ronde, chaude, les tannins sont moins secs, c’est assez surprenant.

Nous passons aux vins de Trapiche

  1. Trapiche Gran, Cabernet sauvignon 2010. Raisins de Maipu, vignes plantées franc de pied en 1960 dans un terrain caillouteux, très perméable, irrigué à la raie. Vin très net, boisé bien réglé, extraction modérée, floral, souple, finale fraîche, très agréable à boire
  1. Finca Las Pierdas 2010. Malbec de la région de Los Arboles (Lujan), vignes de 10 ans dont 80% greffées sur R110 et 1103 Paulsen, irrigué au goutte à goutte, vinifié avec 10% de raffles. Nez encore un peu austère, bon équilibre, fraîcheur, tannins finaux très présents mais sans lourdeur, mériterait un élevage plus long.
  1. Terroir Series Malbec 2009 Jorge Miralles. C’est le nom du fournisseur de raisins ; il y en a plus de 200. Vignoble à 1’000 m d’altitude. Fermentation en barriques que l’on roule pour imiter le pigeage. Nez spectaculaire, profond et complexe, tannins très fins et très souples, beaucoup de sucrosité en finale, vin « coup de cœur ». Prix de détail U.S.A. 50 $.
  1. Iscay, Malbec et Cabernet franc 2008. Le nom veut dire « deux » en Quechua. C’est le plus cher de Bodega Trapiche. Arômes rôtis et grillés, bouche très élégante, sans excès de puissance, finale ferme. Vin très racé mais peut être durci par l’acidification.

BODEGA LA RURAL – COQUIMBITO

Nous sommes accueillis par Mariano di Paola, chef œnologue au gabarit de rugbyman et Gonzalo Videla, directeur des vignobles. Nous longeons un « parral » (vignoble en pergola) de Cabernet de 1973 pour pénétrer dans le musée créé par le fondateur de La Rural, Felipe Rutini, italien mort en 1919 et dont les 7 enfants ont poursuivi l’œuvre. Le bâtiment à murs de pisé et toiture de canisse présente d’étonnants outils de l’époque coloniale dont un lagar en peau de taureau.

Nous goûtons d’abord les vins de la Bodega Montequieto à Lujan de Cuyo

  1. Quieto 2008. 35% Cabernet franc, 40% Malbec, 25% Cabernet sauvignon. Le vin manque de netteté, rond et souple il est un peu creux en bouche.
  1. Quieto Reserva 2008. 45% Cabernet franc, 40% Malbec, 15% Cabernet sauvignon. Nez chaud avec une note poivrée bienvenue, équilibré, bonne fraîcheur.

Nous poursuivons par un déjeuner dans le jardin. Empanadas, charcuterie, excellent saumon, bienvenu après tant de viandes, crêpe farcie savoureuse.

  1. Trumpeter. Malbec rosé, méthode champenoise. Excellente surprise, ce vin nous plaît beaucoup, très agréable à boire.
  1. Rutini extra brut. 50% Chardonnay, 50% Pinot noir. Très bien fait et plaisant.
  1. Rutini Apartado Blanco 2011. Chardonnay 90%, Sauvignon 7%, Pinot gris 3%, fermenté en barriques et élevé 14 mois. Vin très riche, bouche beurrée, puissant.
  1. Pinot noir 2010. 14 mois de barrique de chêne français. Le vin n’est pas encore sur le marché. Bons arômes variétaux, tannins fondus mais manque de vivacité.
  1. Antologia 2009. Merlot 90%, Cabernet franc 7%, Petit Verdot 3%. Nez très mûr un peu chaud, vin riche et lourd qui a besoin de se fondre.
  1. Gran Malbec Rutini. 90% Malbec (de trois origines : Consulta, Altamira et Tupungato), 10% petit Verdot, 2 ans de barrique. Jolis arômes variétaux, vin puissant mais équilibré, sérieux, assez austère.
  1. Rutini Vin doux naturel 2010. Sémillon, Sauvignon, Gewürtztraminer, botrytisation par pulvérisation d’eau. Amusant.
  1. Malbec Encabezado. Malbec fortifié à la grappa de Malbec, 19°5, 138 g de sucre. Intéressant et original mais le caractère marc de la grappa domine.

BODEGA MENDEL – DRUMMOND

C’est la bodega que Roberto de la Mota a reprise en 2002. Elle produit 80’000 à 120’000 bouteilles par an. Roberto nous accueille avec son bras droit Santiago Mayorga. La cave a deux vignobles à Lujan de Cuyo et un en Valle de Uco. Nous voyons une vigne de Malbec de 1928, franche de pied, de 1,80m x 1m. Depuis 2002, elle n’est plus irriguée à la raie mais en goutte à goutte à gros débit 2 fois par semaine pour maintenir le contrôle du phylloxera. S’il le faut, on inonde à la raie l’hiver. Dans ces conditions, on peut continuer à faire du marcottage. Nous la pensons prête à vendanger mais Santiago nous explique qu’il faut encore attendre huit jours. Il y 6 ha en organique avec des rendements de 5 T/ha. Le travail du sol est fait avec un tracteur étroit car on a conservé sur le rang des oliviers, comme on le faisait traditionnellement pour répartir les risques.

Ils peuvent traiter si besoin contre le botrytis avec un extrait de pépins de pamplemousse, le BC 1000, efficace et sans délai d’application. La cave, fonctionnelle et très moderne est dans un beau bâtiment ancien en adobe. Cuves inox de 50 et 80 hl, extraction par pigeage uniquement, levures sélectionnées. Les anciennes cuves ciment ont été reconverties pour le vieillissement en barriques.

  1. Sémillon 2009. Fermenté et élevé en cuve sauf 15% en barriques (parce que la cuve était pleine !), robe très claire et brillante, très net, très frais, pH de 3,2, légère verdeur finale qui accentue la fraîcheur.
  1. Malbec 2010. Année fraîche. Beaux arômes mûrs sans lourdeur, riche, tannins savoureux, boisé bien réglé (Taransaud), légère amertume finale.
  1. Unus 2007. Année pluvieuse. 70% Malbec, 30% Cabernet sauvignon (clone 337 greffé sur 101-14), 14 mois de bois neuf. Nez très mûr, très profond, attaque très savoureuse, structure riche et soyeuse mais finale un peu dure comme très souvent dans tous les vins que nous avons goûtés durant ce voyage.
  1. Finca Remota. Malbec, vignes à 1’150 m d’altitude dans une zone fraîche et ventée, 3’000 bouteilles produites. Beaux arômes, très riche et opulent mais sans lourdeur, finale d’une grande finesse, très beau vin.
  1. Petit Verdot 2011. Toujours en barriques. Nez intense et poivré, à ce stade le vin manque un peu de chair et la finale acide est très présente. Beau potentiel.

Roberto a invité quelques amis pour nous présenter leurs vins

Domaine St. Diego

C’est une affaire familiale dirigée par le patriarche Angel Mendoza, ancien œnologue de Peñaflor,  qui nous raconte en détail son histoire familiale et ses vues personnelles et originales sur la vinification. Il fait 30’000 bouteilles par an et sa cave est proche de Bodega Mendel.

  1. Paradigma. 60% Malbec, 20% Cabernet franc, 20% Cabernet sauvignon, pas de bois, élevé en inox. Nez un peu réduit, équilibre particulier, creux en entrée de bouche et tannique à la fin.
  1. Pura Sangre. 80% Malbec, 20% Cabernet sauvignon, 9 mois d’élevage en bois neuf. Le vin n’est pas convaincant.

Bodega familia zuccardi – Maipu – dirigée par josé alberto zuccardi

  1. Emma. 100% Bonarda (ce n’est pas la Bonarda d’Italie mais le Corbeau français). Peu aromatique, net, mais tannins austères un peu comme un Tannat.
  1. Tito 2010. Valle de Uco, 80% Malbec, 10% Cabernet sauvignon, 8% Caladoc (Malbec x Grenache de l’INRA), 2% Chardonnay. Vin bien fait, acidité dominante.
  1. Zuccardi Alluvional 2009. 100% Malbec, vignoble à 1’200 m d’altitude. Style riche et sucré, un peu collant. Vendu 80 $ aux USA.

Bodega Weinert – présentée par Andres Weinert, le fils du propriétaire.

  1. Malbec 1977. Vin élaboré par le père de Roberto de la Mota, vendangé très tard car la cave n’était pas finie, fermenté en cuve béton de 400 hl avec remontages et une macération de 8 jours, élevage de 6 ans en foudres de 25 à 60 hl. Nez très évolué de réglisse, tannins totalement fondus mais pas secs, finale avec une acidité agréable.
  1. Cavas de Weinert 1977. 60% Cabernet sauvignon, 30% Malbec, 10% Merlot. Nez évolué un peu marqué vieux bois, tannins fondus, complexité, longueur en bouche, finale persistante. La preuve que la méthode traditionnelle pouvait faire des vins très intéressants.

BODEGA LAGARDE – LUJAN DE CUYO

Nous sommes reçus par Lucy Pez Carmona dans la très belle Casa Patronal, magnifiquement restaurée, impressionnante par sa hauteur de plafond et l’épaisseur de ses murs en brique. Cette grande dame, parfaitement francophone, nous impressionne par sa vaste culture et la vivacité de son intelligence. Le dîner, préparé par Mariano Gallego et Florencia D’Amico, les deux jeunes chefs du restaurant Brindillas est d’un très haut niveau : Potage de légumes, tartelette de légumes aux anchois, bonbon de potiron au quinoa croquant et maïs doux, filet de porc sauce maison, escabèche de lapin sauce moutarde, filet de cerf aux poires et pommes avec poivre rose, sorbet citron à l’infusion de maté, tarte aux amandes et maracuja, petits fours.

  1. Lagarde Extra brut. 60% Chardonnay, 40% Pinot noir, Lujan de Cuyo et Tupungato, méthode champenoise, 18 mois sur lies. Style riche et chaud.
  1. Lagarde Viognier 2012, Perdriel, Lujan de Cuyo. C’est le premier Viognier planté en Amérique du Sud, en 1993. Fermentation en inox à 17° avec levures sélectionnées. Pas de bois. Bien dans le style du cépage.
  1. Lagarde Primeras Vinas Malbec 2008. Lujan de Cuyo, plantation de 1906, 3 jours de macération à froid, fermentation avec levures indigènes avec remontages et délestages, 20 jours de macération, 12 mois de chêne français neuf. 8’000 bouteilles. Nez intense, prune, fruits rouges, bouche épicée, grasse, alcool très présent en fin de bouche. Vin impressionnant mais pas très facile à boire.
  1. Henry Gran Guarda N1 2006. Lujan de Cuyo, vignes de 12 à 17 ans à 980 m d’altitude, 24 mois de bois neuf. Très boisé (sans doute américain) une bouteille un peu sèche, l’autre plus charnue. Vin spectaculaire mais très style américain.

Assistaient également au dîner le ministre de l’Agriculture et son épouse ainsi que Julieta Gargiulo, vice-présidente de l’Academia Argentina de la Vid y del Vino et Cristina Pandolfi de l’Instituto Nacional de Vitivinicultura.

Jeudi 21 mars 2013

BODEGA LOS NOBLES – LUJAN DE CUYO

Nous sommes reçus par Alberto Arizu, œnologue de longue expérience qui a beaucoup réfléchi aux effets de terroir. Il nous parle des populations indigènes initiales, Huarpes de culture Inca au nord, Puelches au sud, de l’arrivée des européens par le Chili, par l’Atlantique et par la Bolivie. Il nous présente les cartes géologiques et climatiques : les vignobles sont sur des cônes de déjection de la Cordillère, dans des zones qui reçoivent entre 200 et 300 mm de pluie par an avec des températures moyennes de 2 à 4 °C l’hiver et de 20 à 22 °C l’été. Le vent de sud fait pleuvoir sur la Cordillère mais pas sur le vignoble. Le vent du sud-est fait pleuvoir sur le vignoble et le vent du nord, chaud et humide, donne des orages localisés.

Le sol présente 10 cm à 1,5 m de terre franche sablo-limoneuse puis une couche de 30 cm, dure à traverser par les racines, faite de pierres recouvertes dans la partie inférieure de carbonate de calcium et de sulfate de calcium (yeso). Dessous, on trouve du sable et de grosses pierres roulées par les glaciers puis, à 2,5 m de profondeur, des blocs de pierre pouvant atteindre 2 tonnes. Le sol comprend 30% de limon, 15 à 20% d’argile, 4% de calcaire, 1% de matière organique, le reste en sable et roche. La vigne, traditionnellement plantée nord-sud, donne de meilleurs résultats avec des rangs nord-ouest – sud-est qui protègent mieux les raisins de l’excès de soleil. Le vignoble de Los Nobles fait 56 ha et la marque principale est Luigi Bosca.

  1. Chardonnay 2010 Luigi Bosca. Las Lomas, Lujan de Cuyo, fermenté en barriques neuves, 6 mois de bois. Arômes riches de fleur blanche, structure beurrée sans excès, bonne acidité.
  1. Gala Luigi Bosca 2010. 60% Malbec, 20% petit Verdot, 20% Tannat. 48’000 bouteilles. Nez encore un peu fermé, beaucoup de sucrosité, élégant, pointe d’amertume en finale.
  1. Gala Luigi bosca 2009. 60% Cabernet sauvignon, 20% Cabernet franc, 20% Merlot. 48’000 bouteilles. Le nez est plutôt de style Merlot, la structure est légère, la bouche très ronde, le vin est un peu mou.
  1. Finca Los Nobles 2008. Cabernet franc, 12’000 bouteilles. C’est le deuxième vin dans la hiérarchie de la cave, le premier vin s’appelant Icono. Pas très structuré mais fin et élégant, finale un peu sèche.

Nous goûtons les vins de la Bodega Viña Alicia, qui appartient à l’épouse d’Alberto Arizu et que dirige son fils. Les sols sont plus argileux et donnent des vins avec plus de mâche.

  1. Malbec 2010. Structure équilibrée, simple mais plaisant, de la finesse.
  1. Morena 2008. Cabernet sauvignon (5 clones différents) et Cabernet franc (2 clones différents). Arômes mûrs, rond, très charnu, de la finesse.
  1. Nebiollo 2008. C’est la variété Lampia ramenée d’Italie en 1830 par le grand-père d’Alberto Arizu. Le Piémont cultive aujourd’hui un croisement des variétés Lampia et Michet réalisé par la Station d’Alba. Bons arômes variétaux, structuré, tannins bien présents et un peu rustiques.

Nous goûtons les vins de la Bodega Kaiken (c’est le nom d’un oiseau venu à Mendoza depuis le Chili à travers la Cordillère), créée il y a 10 ans par Aurelio Montes, le producteur chilien bien connu, et dirigée par Aurelio Montes junior, qui nous présente ses vins avec compétence et autorité. Montes produit 700’000 caisses au Chili et 150’000 en Argentine. Au début, Malbec et Cabernet sauvignon seulement mais aujourd’hui d’autres variétés au fur et à mesure de la découverte de terroirs adaptés.

  1. Kaiken Torrontes 2012. Cafayate, rendement de 8 T/ha (le Torrontes, un croisement Moscatel x Mission, peut donner jusqu’à 30 T/ha). Arômes intenses typiques, bonne acidité, fraîcheur en bouche, légère amertume finale bien contrôlée.
  1. Kaiken Terroir Series. 80% Malbec de Vistaflores en Valle de Uco, 12% Bonarda de Agrelo à Lujan de Cuyo, 8% Petit Verdot de Tupungato en Valle de Uco. Excellent vin, nez élégant, complexe, tannins très fins, puissant sans lourdeur, note épicée, finale longue et fine. Vendu 15 $ aux USA.

BODEGA NORTON – LUJAN DE CUYO

Nous sommes reçus par Jorge Riccitelli que le Wine Enthousiast a nommé meilleur œnologue 2012. Norton est une grande cave appartenant à la famille Swarovski. La production totale est de 20’000’000 de bouteilles, avec 50% de raisins achetés et 50% de raisins de leurs 780 ha de vignobles dont le vignoble de La Colonia, de 500 ha sur une propriété de 1’000 ha. Nous visitons le cuvier moderne de 1997, équipé de cuves inox de 300 hl puis le cuvier ciment de 1969 au toit en canisse avec isolation de liège. Enfin, le cuvier de 1919 et les belles caves à bouteilles souterraines. Le Sauvignon blanc est macéré à froid puis égrappé et pressé et débourbé avec enzymes jusqu’à 60-70 NTU. Le Chardonnay est pressé en grappe entière et débourbé jusqu’à seulement 600 NTU. Fermentation en cuve à 17 °C ou en barriques à 20-21 °C. Les rouges sont macérés à froid 5 jours puis fermentation avec 3 à 4 remontages par jour et macération de 20 à 30 jours pour le haut de gamme. Nous avons vu un essai de fermentation de Malbec en foudre rotatif  de 900 l. Tous les jeudis, les habitants de Mendoza peuvent amener leur dame-jeanne pour la faire remplir à partir d’un foudre en bois. Cette vieille tradition a toujours beaucoup de succès.

  1. Norton brut rosé Cosecha Especial. Très fruité, agréable.
  1. Norton Sauvignon blanc 2013. Filtré au labo pour notre dégustation. Vignoble La Colonia. Nez légèrement asperge, bouche légère bien équilibrée, prometteur.
  1. Perdriel Extra brut. 50% Pinot noir, 50% Chardonnay, méthode champenoise, mousse fine, plaisant, légèrement amer. La production est passée en 7 ans de 7’000 à 2’5000’000 bouteilles vendues entièrement sur le marché national à 80 pesos.
  1. Norton Reserva Cabernet sauvignon 2010. Très bien fait, bons arômes variétaux, pointe poivron, structure souple, bon équilibre, finale un peu sèche. Prix détail USA 18$.
  1. Norton Reserva Malbec 2010. Beaux arômes mûrs, très rond en bouche, bien équilibré, charnu, finale franche et un peu ferme. Vendu 18 $ aux USA.
  1. Norton Privada. 40% Malbec, 30% Cabernet sauvignon, 30% Merlot. Arômes complexes encore fermés, bouche riche, beaucoup de vivacité, très net, serré. 20’000 bouteilles.
  1. Norton Privada Malbec 2010. Très puissant, crémeux, avec un boisé très présent et un peu desséchant en finale.
  1. Perdriel 2007 Vineyard sélection. 60% Malbec, 28% Cabernet sauvignon, 12% Merlot. Beau nez au boisé marqué mais bien intégré, très riche en bouche mais sans lourdeur, de la fraîcheur, style vin de concours impressionnant. Vendu 50 $ aux USA.
  1. Gernot Langes 2006. Lujan de Cuyo, 80% Malbec, 10% Cabernet sauvignon, 10% Cabernet franc. Nez élégant de très bon bois, tannins très soyeux, de la finesse, beau vin racé.
  1. Norton Malbec 1974. Perdriel. A l’époque, on écoulait en foudre à 3° Baumé et on gardait plusieurs années en foudre. Nez très évolué, notes de champignon et de cire, bouche dominée par un alcool un peu brûlant. Vin émouvant mais passé.Nous goûtons les vins de la Bodega Piattelli, présentés par Valeria Antolin, œnologue.
  1. Piattelli Torrontes 2012 Premium Reserve. Cafayate. Vignes à 1’700 m d’altitude sur sols rocheux très pauvres. Style élégant et moderne mais avec toujours la flamboyance aromatique du Torrontes.
  1. Piattelli Cabernet sauvignon 2009. Tupungato, égrappage intégral, fermentation en cuves de 5’000 kg avec pigeage, 13 mois de barriques. 24’000 bouteilles. Arômes vifs, tannins souples en entrée de bouche mais un peu vert en finale.
  1. Piattelli Trinita 2010. 60% Malbec, 25% Merlot, 15% Cabernet sauvignon, 16 mois de barrique. Nez mûr et complexe, style de tannins assez vif donnant de la fraîcheur.

La visite se termine par un magnifique asado dans le jardin : chorizo, boudin, ris de veau, échine de porc, salade de tomates, aubergines, le tout arrosé de Gernot Langes 2006. Un verre de grappa de Malbec parachève le repas et nous rappelle que, selon leur blague favorite, les Argentins sont des Italiens qui parlent espagnol et se prennent pour des Anglais.

TERRAZAS DE LOS ANDES – PERDRIEL

Hervé Bernie-Scott, directeur de Chandon Argentine, nous raconte la naissance du projet à l’initiative du légendaire Robert Jean de Vogue qui avait, dans les années 50, révolutionné la maison Moët en créant Don Pérignon et en rachetant son importateur américain. C’est Renaud Poirier, chef de cave de Moët qui, après avoir prospecté dans le monde entier, choisit en 1960 Mendoza pour développer le premier mousseux élaboré hors de France par une grande maison de champagne. Aujourd’hui, Chandon possède 110 ha de Chardonnay et Pinot noir en Argentine et produit 2’700’000 bouteilles. Chandon Brésil a été créé en 1973, Chandon Californie et Chandon Australie en 2000.

Roberto de la Mota a été à l’origine de Terrazas en 1991. Il y a aujourd’hui 500 ha de vignes rouges. Chaque cépage est implanté en fonction du terroir puisque quand on passe de 600 m à 1’500 m d’altitude, cela équivaut à passer de l’Afrique du nord à la Champagne. Les vieilles vignes franches de pied sont entretenues par marcottage (on coupe le lien avec la mère au bout de 4 ans) et irriguées à la raie. Cette irrigation apporte beaucoup de limon qui s’accumule. Il faut labourer dans le rang pour maintenir l’aération du sol. Les sols très drainants permettent un enracinement profond. Si on passe au goutte à goutte, le phylloxéra et les nématodes peuvent tuer la vigne rapidement. Il faut donc faire des irrigations massives et peu fréquentes (toutes les 3 ou 4 semaines).

Avoir de l’eau est donc fondamental et il n’y en a plus beaucoup. Il est maintenant interdit de creuser de nouveaux puits. Une parcelle avec un puits a beaucoup de valeur. Le contrôle de l’irrigation par mesure de l’humidité du sol est inefficace. La chambre de Scholander donne de meilleurs résultats mais l’observation et l’expérience suffisent. Les vignes franches de pied sont plus tolérantes à la sécheresse que le celles greffées sur 1103 Paulsen ou sur SO4.

Nous visitons le cuvier, très moderne et impeccablement tenu, installé dans un bâtiment ancien aux magnifiques voûtes de briques. Il a résisté à tous les tremblements de terre. Hervé Bernie-Scott nous montre comment étaient faites les cuves d’origine en briques, aux voûtes presque plates, un chef-d’œuvre de savoir-faire dû au fondateur Sotero Arizu, un ingénieur espagnol dont le monogramme, sculpté dans un mur de la cave, fait subtilement référence à son appartenance maçonnique. Nous visitons les chais à barriques, 90% de chêne français (Taransaud, Sylvain, Darnajou etc.) et 10% de chêne américain (Canton, Demptos). Les vins rouges sont élevés 12 mois pour le Reserva, 18 à 22 mois pour les hauts de gamme. Les Chardonnays sont vinifiés en barriques dans un chai dédié. La production totale de vins tranquilles est de 10’000’000 bouteilles.

Nous commençons par déguster les vins de Bodega Fabre Monmayou, cave créée par le bordelais Hervé Joyaux. Les vins sont présentés par son œnologue Matthias Ricitteli, fils de l’œnologue de Norton.

  1. Malbec Gran reserva 2010. Nez concentré, grande richesse de structure mais un peu sec et pointe d’amertume en finale.
  1. Grand Vin Malbec 2009. Arômes plus frais, concentré et riche, la finale est encore dure et le vin a besoin de vieillissement.

Nous passons à la dégustation des vins de Terrazas de Los Andes

  1. Chardonnay Reserva Terrazas 2005. Vignes à Tupungato, clone 95 greffé sur SO4, fermentation en barriques pour 70%. Très bonne fraîcheur en bouche, style élégant.
  1. Malbec Single Vineyard 2008. Vignes à 1070 m d’altitude, au nord du Rio Mendoza, planté en 1920, franc de pied. 2008 est une année fraîche. Robe très soutenue, aromes frais de fruits rouges, tannins fondus, grande fraîcheur finale, riche et élégant.
  1. Cabernet Sauvignon Perdriel 2007. Vignes à 980 m d’altitude, sols maigres graveleux, très drainants. Aromes murs de cerise noire, belle structure tannique, beau fruit avec beaucoup de potentiel de vieillissement.
  1. Grand Malbec 2011. Très belle concentration, beaucoup de chair et de rondeur, beau vin.
  1. Cabernet Sauvignon Perdriel 2002. Grande fraîcheur aromatique, superbe potentiel, tannins amples sans verdeur, vin très riche.

La journée se termine par un excellent cocktail dans la Casa Patronal, joliment restaurée.

Comme je suis obligé de quitter le groupe, il est temps pour moi de donner une impression générale de ce voyage très dense, très bien organisé et passionnant. Nos amis argentins nous ont impressionnés par leur sens de l’accueil, leur jeu collectif (nous n’avons jamais entendu la moindre critique des uns sur les autres), leur volonté de bien faire. La viticulture argentine s’est transformée d’une façon radicale (lors de mon premier voyage en 1981, les vinificateurs continus étaient la règle) et dispose d’atouts considérables. La variété des microclimats permet de mûrir dans de bonnes conditions des cépages variés. L’œnologie est performante avec des investissements considérables. Nous n’avons pratiquement pas rencontré de vins ayant des défauts ni de vins insuffisants en termes de concentration ou de maturité du raisin.

Beaucoup de vins m’ont paru trop boisés, mais c’est une opinion personnelle. Presque tous les vins ont un grand potentiel de vieillissement mais comme ils sont mis en marché assez tôt les consommateurs ne les apprécient pas dans leur plénitude. Sans doute faudrait-il rechercher plus de buvabilité à un stade précoce. Le caractère qui m’a le plus gêné est une finale sèche sans doute due à l’acidification, pratique difficile à éviter dans un climat aussi chaud. Enfin, les hauts de gamme nous ont paru très chers, mais si nos amis argentins arrivent à vendre leurs vins à ces prix nous ne pouvons que les en féliciter. Un millon de gracias a nuestros nuevos amigos del fin del mundo.