Symposium de printemps – Corse 2002

Par Jean MEYER

PREAMBULE

Ce voyage, organisé à l’initiative de Christian IMBERT et de l’UVA Corse, dont il est le président (27 domaines répartis dans l’ensemble des A.O.C. corses sur les 73 répertoriés par le Groupement Interprofessionnel), nous a permis d’apprécier la richesse et la diversité des cépages insulaires qui complantent les différentes appellations corses. Il a également permis aux participants de se laisser séduire par la beauté du paysage Corse et de s’imprégner de sa culture. Pour autant, la gastronomie locale n’a pas été délaissée et, durant ce voyage, un large assortiment de charcuteries de montagne et de fromages locaux fit naître en nous un péché de gourmandise. Comme l’an passé, je me suis permis d’utiliser les commentaires de Michel BETTANE (que je remercie pour son amabilité), pour étoffer les renseignements sur les domaines dont nous avons dégusté les vins. Pour les domaines qui n’étaient pas mentionnés dans ce guide et qui, par leurs vins, étaient cités dans le guide Hachette, j’ai pris la liberté d’en citer un extrait à titre d’information.

Note historique sur la vigne en Corse

« Avec dix cépages autochtones, lambrusques sans doute rescapées de la dernière période de glaciation, il y a douze millénaires, la Corse est une vieille terre viticole et la vigne fait partie de son plus ancien patrimoine. Les grecs confirmèrent cette vocation quand ils fondèrent Aléria en 564 avant notre ère en apportant la culture de la vigile : la taille, la domestication des lianes spontanées, l’art de faire le vin et le goût de le boire en signe de son appartenance à la société civilisée. Gènes, à partir du XIVè siècle, donne une impulsion décisive à l’agriculture insulaire. Plus tard, dans les années 1638 – 1640, elle engage une véritable politique coloniale de développement de l’arboriculture. Ainsi, à la fin du XVIIIè siècle, la Corse comptait 9’743 ha de vignobles et Ajaccio, avec 525 ha, était la plus grosse commune viticole de l’île.

Au XIXè siècle, la Corse, devenue française, connaît une expansion viticole importante qui portera les surfaces de 18 000 à 20 000 ha avant la crise phylloxérique, tout en gardant son orientation qualitative héritée de sept siècles de colonisation italienne, au moment où la viticulture continentale obéit plutôt à une logique de production de masse. La crise phylloxérique fait disparaître de nombreux petits vignobles d’altitude qui ne seront jamais replantés et font migrer les vignes replantées dans des zones plus littorales. Au XXè siècle, la viticulture corse connut une histoire agitée. Jusque vers 1950, elle vivote et parvient à survivre dans les terroirs traditionnels. En 1955, elle ne compte plus que 6 000 ou 000 ha. A partir de 1958, le rapatriement des Français d’Afrique du Nord provoque une formidable expansion agricole qui porte en quinze ans les surfaces à plus de 30 000 ha. Mais l’option quantitative qui est choisie alors que les modes de consommation évoluent vers la qualité engendre la mévente.

Entre 1975 et 1999, ce sont 25 000 ha qui ont été arrachés. Dans le même temps, les zones traditionnelles se réveillent, prennent conscience de leur patrimoine et de leur identité. En 1968, la région de Patrimoine est classée en AOC, celle de Sartène enVDQS. En 1971, c’est

Au tour d’Ajaccio de bénéficier de l’AOCEn 1972, après le regroupement de toutes les zones traditionnelles de la Corse, l’INAO accorde à la Corse une AOC régionale et sept appellations locales. Cette résurgence se trouve renforcée par la politique européenne de restructuration. Les zones d’AOC ont ainsi pu aller dans le sens d’une plus forte typicité ampélographique et les zones de vin de table se tournent vers des cépages améliorateurs. »

François-Noël MERCURY – 4 mars 2002

Les chiffres-clés:

Les viticulteurs en vins d’appellation :

– représentent 55% des viticulteurs spécialisés

– rassemblent 87% des superficies de vignes en AOC

– rassemblent également 15% des autres vignes (vins de pays et vins de table)

– cumulent les trois-quarts du potentiel viticole insulaire.

Les domaines d’au moins 30 ha rassemblent plus de la moitié des surfaces de vignes en 2000.

La superficie moyenne en vigne progresse de 15,5 ha en 1988 à 19 ha en 2000.

La superficie moyenne en vigne des viticulteurs spécialisés en AOC atteint 22 ha.

Les surfaces de vignes cultivées en agriculture biologique étaient de 116 ha en 2000.

Les caves particulières ont vendu un quart de leur volume directement au consommateur.

Les cépages en A.O.C.

Le Nielluciu représente 35% des surfaces
Le Vermentino représente 17% et est le cépage blanc qui règne en maître.
Le Sciaccarellu (15 %) et le Grenache (14%) constituent les deux autres cépages de base des rouges et rosés.
La Syrah, cépage en développement est passé de 2% en 1988 à 7% en 2000.
Le Carignan et le Cinsaut ne représentent plus que 7% contre 26% en 1988.

Les cépages en Vin de Pays

Les cépages corses sont minoritaires: Nielluciu représente 8% des surfaces, le Vermentino (4%) et le Sciaccarellu (3 %).
Les cépages d’introduction récente occupent les plus grandes surfaces. Ce sont : le Merlot en rouge (28%) et le Chardonnay en blanc (16%) qui dominent alors que le Grenache représente 8% et la Syrah 5%.

Jeudi 30 Mai PATRIMONIO – CALVI

Christian IMBERT est non seulement un bon vigneron mais également un homme de communication, Parcourant le quotidien «CORSE-MATIN» sur le vol MARSEIlLE-BASTIA, voilà qu’en dernière page un article de presse sous le titre «L’académie Internationale des Vin en visite dans l’extrême sud» annonce notre venue en termes choisis: Insigne honneur que celui fait à la Corse, et plus particulièrement à Porto-Vecchio, par l’Académie Internationale des Vins, le symposium de printemps sera l’occasion de la découverte du vignoble corse du 30 mai au juin 2002, A l’origine de cette manifestation, la dynamique association UVA Corse, emmenée par son Président Christian IMBERT. Cette association défend ardemment les produits du terroir, l’identité, la qualité insulaire et ces fameux cépages. Avec humilité, Christian IMBERT précise : «Nos vignerons sont prêts à recevoir les enseignements de ces gens qui viennent d‘horizons divers, et qui viennent pour certains du bout du monde pour rencontrer les vignerons insulaires.

A notre arrivée à l’aéroport de BASTIA – PORETTA, Christian et Birgitt sont présents pour nous souhaiter la bienvenue sur l’Ile de Beauté. Etant les premiers arrivés, il nous incombe d’appliquer les versets de l’Evangile et, gentiment installés dans nos cars, nous patientons pendant une bonne heure afin d’attendre le vol en provenance de Paris et permettre au groupe d’être au complet. Cette attente permet à notre mental de se mettre à l‘heure corse et nous lézardons! C’est vers 11h30 que les deux bus prennent la route pour se rendre à PATR1MONTO. Les routes corses sont loin d’être des autoroutes et la Corse, avec ses montagnes qui culminent à plus de 2000 m d’altitude (2710 m pour la plus haute), est un rocher dans l’eau: nous allons l’apprendre!

Cependant, et pour notre plaisir visuel, ce tapis d’asphalte sinue entre des paysages d’une grande et sauvage beauté. Le maquis est en fleurs: grâce aux genêts et aux cistes blanches, ce pays très catholique se drape dans les couleurs vaticanes, Isolé sur un promontoire à 1km de MURATO dans le Nebbio, voilà l’Eglise San-Michele de Murato. L’arrêt s’impose afin de visiter cette charmante église romane construite au XIIè siècle par les Pisans. Implantée au milieu d’un paysage bucolique, elle surprend par la polychromie de ses murs et l’originalité de son clocher-porche, La pierre vert sombre (une forme de serpentine très facile à travailler qui provient du lit d’une rivière voisine) est utilisée soit en damier, soit en bandes horizontales alternées avec les dalles blanches taillées dans les carrières calcaires de Patrimonio. L’intérieur s’ouvre sur une nef couverte de charpente. Sur l’arc triomphal, nous remarquons des restes de fresques du XIIè siècle (l’Annonciation).

Le programme qui nous fut remis faisait abstraction des horaires; et il faisait bien, car c’est vers 13h30 que nous arrivions à la cave de Jean Louis SANTAMARlA à POGGIO d’OLETTA. Il nous attend en compagnie du Maire de PATRIMONIO. Les présentations se font aux portes de ce domaine dont les bâtiments d’exploitation se situent au centre d’un vignoble bien tenu et aux sols travaillés.

Nous faisons ainsi connaissance avec les vignerons de cette région. Ils nous reçoivent dans cette cave afin de nous faire découvrir leurs vins qu’ils accompagnent de spécialités culinaires locales élaborées par la Ferme de Campo di Atonte. Ces mets aux noms chantants nous font saliver: cagiade, charcuterie corse, pain au porc, gigot de veau, sturzapreti à la bastiaise, sformati de courgettes, fromages de brebis, fiadone, a torta, beignets de pommes de terre, pastizzu au pain. Comme bon nombre d’entre nous se sont levés aux aurores, c’est avec un bon coup de fourchette que nous attaquons les platées qui nous attendent.

Les deux appellations qui figurent au programme de dégustation sont celles de l’AOC PATRIMONIO et l’AOC CORSE – CAP CORSE.

Les vignerons présents sont les suivants:

Jean-Louis SANTAMARJA – Domaine Santamaria – PATRIMONIO
Antoine ARENA – Domaine Arena – PATRIMONIO
Laurent LESTUNFF – Domaine de Catarelli – PATRIMONIO
Muriel GlUDICELLI – Domaine Giudicelli – PATRIMONIO
Yves LECCIA et Annette LECCIA DE LA ROSSA – Domaine Leccia – PATRIMONIO
Maurice et Maxime LAZZARINI – Domaine Lazzarini – PATRTMONIO
Lina et Alain PIERETTI-VENTURI – Domaine Pieretti – CAP CORSE
Jean-Noël LUIGI – Clos Nicrosi – CAP CORSE
Michel ANGELI – Domaine de Gioielli – CAP CORSE

Au total, il s’agit de 20 vins (7 rouges, 6 blancs, 2 rosés, 4 muscats, 1 rappu) qui vont être soumis à la sagacité de nos palais. Je vous livre en vrac certains de mes commentaires de dégustation, précédés – selon le cas – des extraits du Guide Bettane & Desseauve 2001:

Domaine Antoine ARENA – AOC Patrimonio
Rouge: 4 hectares – Niellucio

Blanc : 7 hectares – Vermentino 60%, Muscat 40%
Production totale moyenne : 38000 bouteilles par ail

Antoine ARENA réalise des vins très purs et pleins de santé, toujours solidement bâtis mais sans rudesse et maquillage. Depuis quelques années, cette quête de la pureté et de la parfaite précision des saveurs atteint un niveau assez éblouissant, en particulier dans les blancs. Dans celle couleur en effet, le perfectionniste Antoine ARENA élabore des vins à la fois simples par la franchise de leur fruit, et très harmonieux, alliant subtilement corps et fraîcheur.

Domaine ARENA 2001 – AOC Patrimonio – blanc
Il semble marqué par un léger sucre résiduel (un peu dominant) qui amplifie son arôme floral.

Domaine LECCIA – AOC Patrimonio

Rouge: 15 hectares – Niellucio 90%, Grenache 10%
Blanc : 3 hectares – Vermentino
Production totale moyenne : 100 000 bouteilles par an

Possédant un beau vignoble et ayant bâti des chais modernes parfaitement adaptés à ses besoins, Yves LECCIA est devenu avec Antoine ARENA, le vigneron majeur de la très intéressante appellation de Patrimonio. N’ayant cessé de progresser depuis le début de la décennie, ce perfectionniste a su faire de ses Patrimonio blancs et rouges des vins à la fois consistants et fins, privilégiant toujours l’équilibre et l’harmonie à la recherche de la puissance. Les Muscats sont au plus haut niveau de leur appellation. On appréciera leur équilibre sans lourdeur et la finesse de leur palette aromatique.

Domaine de LECCIA Petra Bianca 2001 – AOC Patrimonio – blanc
Issu de cépage Vermentino (le malvoisie local), ce vin se présente avec des arômes miellés et des touches boisées. Belle franchise de bouche et bonne acidité. Le corps est ample et présente du gras. Le gaz carbonique qui le supporte lui sied bien et sa finale est belle et bonne.

Domaine de LECCIA Petra Bianca 1999 – AOC Patrimonio – rouge
Très belle matière, vin ample et riche. Très beau vin.

Domaine de LECClA Petra Bianca 2001 – AOC Patrimonio – Muscat
Vin issu d’un sol argilo-calcaire. II est à la fois ample, frais et fin. Ce vin nous interprète un opéra et sa voix s’amplifie à l’aération.

Domaine GIUDICELLI – AOC Patrimonio
Un vignoble de 12 ha soigneusement entretenu, une cave f1ambant neuve et des méthodes de vinification alliant tradition et modernité ont permis à Michel Giudicelli de produire des vins fins et aromatiques. (extrait du Guide Hachette)

Domaine GIUDICELLl 2001 – AOC Patrimonio – blanc
Vin aromatique, ferme et dense. Intéressant avec une belle finale.

Domaine GIUDICELLl 2000 – AOC Patrimonio – rouge
Tendre et léger.

Domaine CATARELLI- AOC Patrimonio
Le savoir-faire de Laurent Le STUNFF, sa connaissance du cépage et du terroir lui ont permis de produire ce 1999 1égèrement tuilé, issu de parcelles plongeant vers la méditerranée. Le nez présente un caractère minéral et iodé agréable plutôt rare en appellation Patrimonio. En bouche, la finesse l’emporte sur la puissance, tant les tannins semblent fondus. L’impression minérale se confirme, subtilement mêlée aux arômes de fruits rouges. (extrait du Guide Hachette)

Domaine de CATARELLl 1999 – AOC Patrimonio – rouge
Fait preuve d’une certaine rondeur. Le vin est en accord avec le climat, les tanins sont mûrs et fondus. Arômes de cerise noire.

Domaine LAZZARIINI – AOC Patrimonio 

Les trois frères Lazzarini sont des hommes éminemment chaleureux et d’attentifs vignerons. Grâce à leur expérience et à leur souci de la sélection du raisin, ils ont élaboré un vin de vermentinu complexe, tout en puissance et en longueur sur des arômes de fruits exotiques. (extrait du Guide Hachette)

Clos NICROSI – AOC CAP CORSE

Rouge : 8 hectares – Niellucio 80%, Aleatico 10%, Sciacarello 10%
Blanc : 17 hectares – Vermentino 80%, muscat 20%
Production totale moyenne : 50 000 bouteilles par an

Jean-Noël LUIGI est depuis de nombreuses années le meilleur spécialiste du muscat du cap Corse. Ce vin des vignobles de la pointe nord de l’ile est issu de raisins passerillés. Il possède une finesse et une complexité aromatique très remarquables et un équilibre sans lourdeur qui le rendent très différent de la plupart des muscats continentaux. Les notes d’écorce, de grillé et de raisin sec s’associent avec brio en une très belle finale. La propriété propose aussi un blanc sec issu de vermentino. charmant par son caractère.

Clos NICROSI 2001 – AOC Cap Corse – blanc
Quelques arômes de lies fines semblent encore se dégager au nez. Le vin est riche et structuré, sec et ample. Il me donne l’impression d’avoir été façonné par un architecte.

Clos NICROSI Muscatellu 2001 – AOC Cap Corse – Muscat
Vin issu d’un sol schisteux. S’exprime par des senteurs de fleurs d’acacia. Il allie la finesse et la puissance et son corps à la fois riche et svelte est supporté par une belle acidité.

Les deux muscats s’expriment à travers un langage de haut niveau.

Domaine PIERETTI – AOC Cap Corse
Lina PIERETTI est l’une des premières femmes vigneronnes de Corse. Secondée par son mari, elle dirige le Domaine depuis 1991, suivant les pas de son père. (extrait du Guide Hachette)

Domaine PIERETTI Vieilles vignes 2001 – AOC Cap Corse – blanc
Neutre au nez et en bouche.

Domaine PIERETTI 2000 – AOC Cap Corse – rouge
Problème de bouchon car le vin est poussiéreux avec un léger moisi.

Domaine de GIOIELLI – AOC Cap Corse

Domaine de GIOIELLl 2001 – AOC Cap Corse – blanc
Vin harmonieux et bien vinifié.

Le Président Robert HAAS remercie les vignerons présents et les félicite tant pour leur organisation que pour avoir su maintenir les traditions et présenter les cépages autochtones.

A son tour, le Chancelier Jean Pierre PERRIN remercie les vignerons de PATRIMONIO et du CAP CORSE – Crûs historiques de l’Ile de Beauté. Il rappelle aux personnes présentes que ce voyage a été possible grâce à la force de persuasion de Christian IMBERT qui a toujours œuvré pour défendre le vin Corse. Il précise que l’Académie Internationale des Vins fait office de Conservatoire. Comme aujourd’hui la technologie s’est emparée de l’œnologie et de l’agrologie ; la technique a pris le pas sur la démarche empirique. Or, grâce aux membres qui la composent, l’Académie internationale contribue à un retour aux bases qualitatives et traditionnelles du vin. Il incite les vignerons présents à ne pas se laisser enjôler par les sirènes et par les faux prophètes mais de continuer et de persévérer dans l’effort. Jacques PUISAIS clos les interventions en précisant que l’Académie défend le vin Noble. Et le vin Noble est celui qui respire l’endroit où il est né. Or les vins qu’il a goûtés sont justes, on en redemande. « Votre vin a la gueule de l’endroit. Il faut continuer».

Nous remontons dans nos cars et, en deux groupes distincts, nous nous rendons au Domaine LECCIA et au Domaine de CATARELLI. C’est à ce dernier que je me rends. Après avoir peiné pour trouver son chemin dans ce labyrinthe de routes, le bus arrive à ce Domaine aujourd’hui dirigé par Laurent Le STUNFF. Il est membre par alliance de la famille Massimi – Franchi qui l’a fondé au XIXè siècle. A proximité de la mer, bordé par une plage immense, il est dans un environnement de rêve. La superficie du vignoble est de 11 ha (collines et en plaines). Les sols y sont argilo-calcaires et la densité de plantation est de 4 000 pieds à l’hectare. La cuverie est moderne et en acier inoxydable. La commercialisation se limite à la vente de 35 000 bouteilles par an et s’adresse plus spécifiquement à la restauration et à une clientèle privée qui s’approvisionne sur place.

L’ensemble respire la Corse et prête le flanc à la nonchalance. On aimerait s’y attarder, surtout lorsque, verre en main, le palais se laisse griser par les 96 g de sucre et les 16° d’alcool de ce frais Muscat. Rapidement, nous prenons un énorme retard et c’est à la hâte que nous quittons cet endroit paradisiaque afin de nous rendre à l’église San Martinu de PATRIMONIO. Village viticole important, PATRIMONIO était à 100% vigneron il y a de cela une vingtaine d’années à peine. Il est placé sous le patronage de Saint Martin, patron des vignerons. Dans un tabernacle d’une des chapelles latérales, il y a d’ailleurs un robinet-entonneur et le marteau. Chaque année on y pratique la bénédiction du vin nouveau. C’est dans cette belle église du XVIè siècle (dont le clocher du XIXè siècle ne dépare pas l’ensemble), que nous avons droit à un concert de chants interprété par le chœur polyphonique de la CUNFRATERNITA San Martinu di Patrimoniu. Ces chants «paghjella» sont une tradition vivace. Sans rôle fonctionnel ni thème imposé, ce chant polyphonique réunit trois voix masculines : la segunda qui, au centre, donne la mélodie principale, la terza, plus aiguë et ornementale, et le bassu, qui soutient et régule l’ensemble. Sa pratique exige une profonde complicité.

Ce concert se prolongea sur le parvis de cet édifice élégant et séduisant par son aspect un peu brut. Les trous et boulins, la pierre rugueuse de la façade, jamais crépie, et les lourds contreforts accentuent cette apparence. C’est le chant national Corse qui clôtura cette très belle prestation. Le Chancelier remercia le Maire ainsi que polyphonistes. Très sensible à la qualité de ce concert, il compara les interprètes à des moines grégoriens du XXIè siècle partageant leur culture Corse à l’image de Saint Martin, leur patron, qui sut partager son manteau. En revenant à nos autocars nous passons à proximité d’une statue-menhir du IXè ou VIIIè siècle avant Jésus-Christ. Haute de 2,29 mètres, elle a été mise à jour par un ouvrier viticole en 1964. Quittant PATRIMONIO et délaissant SAINT FLORENT, ancienne place forte génoise aujourd’hui devenue coquette station balnéaire, nous nous dirigeons vers l’ILE ROUSSE et CALVI en traversant les Agriates. «Le désert, c’est ainsi qu’on les a toujours appelées. (…) Une espèce de formidable chaos rocheux d’une quarantaine de kilomètres de long, large à peu près d’une trentaine, limité à au sud par les ombrages et les vallées du Nébbio, au nord par la mer, de l’Ile-Rousse à la base du cap Corse. L’été, quand le soleil lape à fond là-dedans, la roche rougeoie paraît sur le point d’éclater la chaleur est la même  qu’à l’intérieur d’une cuve de cuivre. Pas un village, bien entendu. A part les paillers, misérables cubes de pierres empilées, trois maisons en tout et pour tout.», Pierre BENOIT, Les Agriates.

Si l’on pense aridité, l’appellation de désert est abusive. Ses marais et cours d’eau permirent longtemps aux villages limitrophes, du Nebbio et de Balagne, d’en faire une zone de pacage pour les troupeaux. Non seulement on y trouve une faune et une flore abondantes, mais le nom même d’Agriates est une déformation du latin ager, qui signifie terre cultivée. Mais désertiques, les Agriates le sont: par l’absence d’habitants. Aucune route ne dessert le bord de mer. C’est vers 20 heures que nous arrivons au Clos CULOMBU – AOC Vin de Corse CALVl où la Famille SUZZONI nous reçoit avec gentillesse malgré un retard que j’ai honte à mentionner.

En préambule à cette rapide visite, je vous livre le commentaire du Guide Bettane & Desseauve 2001 :

Rouge: 25 hectares – Niellucio 36%, Sciacarello 24%, Grenache 20%, Cinsault 10%, Syrah 10%
Blanc: 9 hectares – Vermentino 78%, Muscat 22%
Production totale moyenne : 200 000 bouteilles par an

Le Clos CULUMBU produit des rouges concentrés et réguliers, développant un style aromatique marqué par des notes de fruits mûrs, presque confits, et une solide charpente tannique. Les blancs et les rosés sont très agréables, en particulier le rosé Prestige d’une superbe netteté fruitée.

Le microclimat de cette région de Balagne est conditionné par la chaîne montagneuse qui la délimite. Actuellement, la sécheresse y sévit et les précipitations n’ont été que de 25 mm depuis Novembre dernier (7 mois). La visite du vignoble, il ne faut plus y penser car le jour décline. Des tables dressées sur la propriété nous attirent et nos hôtes nous invitent à déguster deux vins, un blanc et un rouge. Comme le liquide ne saurait se passer de solide, nous nous jetons sur les platées de charcuterie Corse et sur des bocaux d’anchois marinés à l’ail et à l’huile d’olive qui garnissent les tables. Certains d’entre nous regrettent d’ailleurs de ne pouvoir transformer ce goûter, à la fois impromptu et délicieux, en dîner. Le Vermentinu que nous goûtons est très aromatique. Il est issu d’un assemblage entre deux expositions différentes: des parcelles situées sur le granit qui donnent des vins aromatiques mais un peu courts en bouche, et des parcelles situées sur de l’argile, dont les vins s’expriment sous une forme peu aromatique mais avec beaucoup de corps.

La nuit tombée, avec une hâte non dissimulée, nous quittons le Clos COLOMBU pour CALVI avec un objectif: nous rendre à nos hôtels dans les meilleurs délais. Malgré la rapidité mise en œuvre pour nous rafraîchir, voire nous changer, nous arrivons au Restaurant «ACAPULCO» vers 22 heures. Le vin qui nous est servi à l’apéritif est un vin blanc AOC CORSE – CALVI: la Cuvée Vignola 2001 du Domaine RENUCCl. Il est frais, agréable, gouleyant et désaltérant. Pour le dîner, les vins suivants sont chargés d’accompagner l’Assiette Gourmande Corse, l’Agneau de lait rôti, les Fromages et le Nougat Glacé Maison à la Châtaigne.

Domaine MAESTRACCI – Cuvée E Prove 2001 – Blanc
Domaine MAESTRACCI – Clos REGINU – Cuvée E. Prove 1999 – Rouge
Clos COLOMBU – Cuvée Prestige 2000 – Rouge
Domaine d’ALZIPRATU – Cuvée Fiume Seccu 2001 – Blanc
Domaine d’ ALZIPRATU – Cuvée Fiume Seccu 2000 – Rouge
Clos LANDRY – Rosé Gris 2001 – Rosé

Malheureusement et je m’en excuse, la fatigue de cette journée a pris le pas sur la bonne volonté du soussigné, et mon carnet de notes n’a vu apparaître aucune remarque gustative sur les vins ci-dessus mentionnés. Cependant, par souci d’information, vous trouverez ci-après le commentaire relevé dans le Guide Bettane & Desseauve 2001 concernant le Domaine MAESTRACCI – Vin de Corse CALVI

Rouge: 24 hectares – Grenache 25%, Niellucio 25%, Sciacarello 25%, Syrah 15%, Carignan 6%, Mourvèdre 4%
Blanc : 3,5 hectares – Vermentino 80%, ugni blanc 20%
Production totale moyenne: 122 000 bouteilles par an

Magnifiquement situé sur une splendide pievre (vallée côtière) des environs de Calvi, ce domaine est depuis longtemps une propriété de référence de la région. Les vins sont assez concentrés, très soigneusement réalisés. Ils ont gagné en charme aromatique dans les derniers millésimes. En blanc comme en rouge, on produit ici une cuvée « de base» appelée Clos Reginu, toujours d’un bon niveau, et une cuvée plus ambitieuse, E. Prove.

Quant au Domaine d’ALZIPRATU – Vin de Corse CALVI, il n’est pas cité dans le guide, mais d’après le Guide Hachette, il s’étend sur 31 ha de vignes et les rouges sont issus d’un assemblage entre le Nielluciu et le Sciacarellu. Vers 0h30, bon nombre de convives, morts de fatigue, ont souhaité abréger le dîner et ont quitté le restaurant afin de profiter au maximum des quelques heures de sommeil qui nous étaient imparties.

Vendredi 31 Mai: CALVI-PORTO-VECCHIO

Malgré un départ matinal, et au vu de la distance qu’il nous faudra couvrir avant notre arrivée à la Cave Coopérative d’Aléria, il est décidé de ne pas s’arrêter au Clos LANDRY pour y visiter le vignoble et la cave comme initialement prévu. Le trajet de CALVI à ALERIA est long et le ruban de bitume qui nous fait traverser l’île d’Ouest serpente dans un paysage à la fois sauvage et grandiose. Gorges, montagnes et ravins se succèdent et les petites maisons de bergers nous rappellent la présence humaine. A un détour de route s’étend un superbe panorama avec le Monte Cardo (2453 m) en arrière-plan. Nous descendons vers ALERIA par la Vallée du Tavignano. Cette vallée a été creusée par un des principaux fleuves de la Corse et c’est entre le maquis, les châtaigniers et les chênes-lièges que nous cheminons pour arriver à la plaine d’Aléria.

Cette vaste plaine (660 km2) est constituée de sables et d’agrégats divers arrachés à la montagne par les nombreux torrents, affluents des fleuves locaux. Cette région marécageuse fut, jusqu’à la fin de la deuxième Guerre mondiale, la plus déshéritée de la Corse et la malaria y fit de nombreux ravages. Pourtant, et les vestiges romains le prouvent, cette région fut très prospère dans l’Antiquité. Blé, vignes et oliviers y étaient cultivés. Mais après le départ des romains, la population, fuyant les incursions barbaresques, abandonna la plaine afin de se réfugier dans les montagnes et les terres fertiles devinrent des marécages. Ce sont les troupes américaines qui, par un épandage massif de D.D.T., éliminèrent le moustique anophèle. L’entreprise de rénovation commença en 1957 par la création de la SOMIVAC qui acheta, remembra et défricha les terres envahies par le maquis afin de les distribuer aux cultivateurs. L’établissement de plusieurs milliers de Français rapatriés d’Afrique du Nord, familiarisés avec les procédés modernes d’agriculture méditerranéenne, facilita ce renouveau.

A la Cave d’Aléria:

Nous sommes accueillis par le Président et le Directeur Général: Monsieur Jean-Marc VENTURI. Cette cave, vaste, propre et fonctionnelle est l’une des cinq caves les plus importantes d’Europe, et regroupe trois caves coopératives; celles d’Aléria (98 vignerons – 1700 ha de vignes), de Casinca, la plus ancienne car elle date de 1950 (67 vignerons – 562 ha de vignes) et de Sartène (156 ha de vignes). A ces trois caves il y a lieu d’ajouter une S.C.E.A « Domaine VICO» qui représente 82 ha de vignobles. Leur production totale s’élève à 60 000 hl de Vin de Pays et 22 000 hl de vin A.O.C. Elle est conditionnée par deux centres d’embouteillage à un rythme de 50 000 bouteilles par jour. Leur stock permanent est de 2,5 millions de bouteilles et ils embouteillent également en bag-in-box.

Leur groupe représente 40% (2 500 ha) de l’ensemble de la production corse, et 25% de l’ensemble des A.O.C. corses. Son Chiffre d’Affaires est passé de 1,75 ME en 1996 à 3,37 ME en l’an 2000. Il est le premier metteur en marché pour les Vins de Pays et les Vins de Cépages. Le groupe a installé sa direction commerciale à Nice et possède des entrepôts à Ajaccio, Nice et dans la région parisienne ainsi que des plates-formes logistiques à Dijon et Marseille. Ils commercialisent leurs vins sous la forme de Vin de Pays et ont mis en place des contrats de filières avec la grande distribution. Carrefour et Casino leur achètent chacun près d’un million de cols par an.

Pour la restauration, ils ont mis en place une autre ligne de produits. Ils commercialisent 58 qualités de vin salis 150 marques différentes. (10 millions de bouteilles et 2 millions de bag-in-box). Les ventes se répartissent par tiers à l’exportation (soit 68% des exploitations de vins corses), en métropole et sur le plan local. Ils estiment que le surcoût de la logistique suite à l’insularité s’élève à 600 000 Euros par an. Il est intéressant de noter que leur stock au moment de la vendange est d’environ 1/3 de la récolte. Ils achètent les vins qui leur manquent et ces quantités représentent environ 5%. Les cépages qui dominent la production locale sont le Niellucciu (vin rouge et rosé) et le Vermentinu également appelé Malvasia (vin blanc). Ils produisent un vin corse générique sur la base d’un rendement De 55 hl par ha. Les coopérateurs pratiquent la culture intégrée et doivent se soumettre à un suivi qualité. Un ingénieur agronomique est employé au titre de conseiller et pratique le suivi qualité parcellaire. C’est lui qui met en place un calendrier de vendanges en fonction des prélèvements effectués à 3 moments de la maturité : 17 août, 20 septembre et 30 septembre (pour mémoire: il y a une vingtaine d’années, les vendanges étaient beaucoup plus tardives – vers le 20 octobre). Il lui appartient également de confirmer la qualité de la vendange et il en augmente ou en minore le prix. Il est à noter que 70% de la vendange est récoltée de façon mécanique.

La vendange est sélectionnée en trois catégories par cépage et c’est un œnologue assisté par un maître de chai et par le laboratoire d’analyse qui est en charge de la vinification. Toute la cuverie de vinification est émaillée et équipée en contrôle de température. La vinification des vins rouges se fait dans des cuves de macération en béton (300 hl) puis par pressurage pneumatique. Le travail pendant cette période se fait 24 heures sur 24 et 500 – 600 tonnes de raisins sont traitées par jour pour les vinifications en rouge. Les rosés sont égouttés, les jus récupérés, réfrigérés et fermentent à 16° C après débourbage. Au vu des quantités mises sur le marché, ils sont conscients de leur responsabilité quant à la régulation du marché des vins Corses. Ils le font avec le soucis de permettre aux autres producteurs de prospérer à leur côté. Ils considèrent qu’aujourd’hui, l’information demande plus de travail que la vinification proprement dite et que par la force des choses, nous sommes obligés de vendre de l’information (code barre, millésimes, conseils de service, etc.)

Après cette visite très commentée, nous nous installons au jardin et profitons des vins et du «Spuntinu» (buffet) offert par la cave d’Aléria. A 14 heures, avant de regagner nos bus, le Chancelier Jean Pierre PERRIN nous demande de nous regrouper. Il remercie nos hôtes pour leurs largesses et salue leurs efforts qualitatifs. Puis, avec une voix chargée d’émotion, il informe l’assemblée qu’en ce moment précis, à Bruxelles, ont lieu les funérailles et la crémation de notre Vice-Président Robert GOFFARD. Notre ami Franky BAERT y assiste et nous y représente. Il retrace la vie et l’œuvre du grand académicien que fut Robert. Non seulement dégustateur hors pair, il fut également l’un des pères fondateurs de la dégustation moderne. Journaliste, il avait la plume à la fois alerte et pédagogue. Il a beaucoup apporté à l’Académie, et son influence a été grande auprès de bon nombre de vignerons français. Sa force de caractère et sa volonté d’acier lui ont permis de surmonter son infirmité, et ses commentaires n’en avaient que plus de mérite.

Avant de demander un long moment de silence en mémoire de Robert, il fait mention d’une de ses citation: La vigile anoblit l’homme. Après avoir respecté un silence émouvant, nous nous rendons sur le site antique d’ALERIA que nous visitons en compagnie de Monsieur OTTAVIANI, conservateur des musées départementaux de Haute Corse.

Un peu d’histoire :

Après avoir fondé Massilia (Marseille) en 600 avant J.-C., les Phocéens créèrent en Corse, vers 565, un comptoir Alalia. Vingt ans plus lard, chassée de leur cité de Phocée en Asie Mineure par la conquête Perse, ils s’y installèrent en firent leur métropole (de 540 à 530 av J.-C.). Alalia, que les vents et courants marins plaçaient au centre des voies de communication antiques en méditerranée occidentale, constituait une escale pratique. Elle entretenait un commerce très actif avec la Grèce, Rome, l’Etrurie, la Sicile, la Provence, l’Espagne et Carthage. En 259 avant J.-C., le consul Lucius Cornelius Scipio parvint à enlever Aléria (l’ancienne Alalia) aux Carthaginois qui la contrôlaient depuis 280 avant J.-C. C’est à partir de cette tête de pont que Rome organisa la conquête de l’Île qui ne s’acheva qu’en 163. L’île formait alors avec la Sardaigne une province romaine. Administré pour le compte de l’Empereur Auguste, elle deviendra capitale de la province Corse séparée de la Sardaigne.

Pendant toute cette période, la cité connut une grande prospérité. Pourtant, Aléria ne résista pas à la lente décadence de l’Empire romain. Resserrée sur son plateau, décimée par la malaria, elle fut incendiée par les Vandales et finalement abandonnée au début du Vè siècle après J.-C. Nous visitons le Musée Jérôme Carcopino installé au rez-de-chaussée du fort de Matra bâti au XVIè siècle sous les Génois. Il abrite une riche collection archéologique d’objets provenant de la nécropole préromaine et du site de la colonie romaine d’Aléria. Parmi les céramiques étrusques, on remarque un groupe d’onochoés (vases à verser le vin) et un cratère (vase à large ouverture servant aux mélanges de l’eau et du vin) de Vulci, représentant Peirithous aux enfers. Les plus belles pièces viennent de l’Attique : coupe du « peintre de Panaïtos » (485 av. J.-C.) et cratère du « peintre du dinos de Berlin » (vers 425 av. J.-C.) La dernière salle présente le contenu de la plus ancienne tombe découverte à Aléria (début du Vè siècle av. J.-C.) avec notamment, deux beaux rhytons attiques (vases à boire) en forme de tête de chien et de mulet. La visite de la cité antique est succincte. Les fouilles commencées en 1958 ont permis de dégager le forum et le soubassement des principaux monuments de la ville romaine (le forum, le temple, le prétoire, le balneum).

Après une photo de groupe prise devant l’entrée du fort de Matra, nous voilà repartis pour PORTOVECCIO, que nous visitons en flânant et où nous achetons cochonnailles et fromages avant de rejoindre nos hôtels respectifs. Jacques PUlSAIS, qui pour une nuit fut mon voisin de bungalow à l’ « Hôlel Moby-Dick », me dit en savourant une bière sur son pas-de-porte: « « Pour une fois qu’on vit à l’heure solaire ». Un dîner pris face à la mer sur la terrasse de l’ Hôtel Moby-Dick (SANTA GIULIA) clôture cette journée placée sous le signe du vin et de la culture. Les vins qui accompagnent les mets proviennent comme d’habitude des producteurs de la région, membres de l’UVA Corse. Il s’agit de :

AOC CORSE – PORTO-VECCIO Domaine de la Solenzara – Blanc – 2001 (Emile Lucchini)
Ce vin me rappelle les caractères d’un vino verde.

AOC CORSE – PORTO-VECCHIO Domaine de Torracia – Blanc – 2001 (Christian Imbert)
Nez fin, typé du cépage Vermentinu. Bouche intéressante, fraîche avec du gras.

AOC CORSE – SARTENE Domaine San Michele – Blanc – 2001 (Benedict & Jean-Paul Phelip)

AOC CORSE – SARTENE Domaine Saparale – Blanc – 2001 (Philippe Farinelli)

AOC CORSE – SARTENE Domaine Pero Longo – Blanc – 2001 (Marie Louise & Pierre Richanne)
Le vin s’exprime à travers des arômes de fleurs blanches, mais paraît un peu court sur le plat

AOC CORSE – SARTENE Domaine Fiumicicoli – Blanc – 2001 (Simon & Félix Andréani)
Fin et harmonieux au nez. En bouche, il est à la fois frais et savoureux. Un beau vin qui fait plaisir et qui « a la gueule de l’endroit ».

AOC CORSE – PORTO-VECCHlO Domaine de la Solenzara – Rosé – 2001 (Emile Lucchini)

AOC CORSE – PORTO-VECCHIO Domaine de Torracia – Rosé – 2001 (Christian Imbert)
Très beau rosé fin et fruité. Il a du corps et une excellente matière.

AOC CORSE – SARTENE Domaine San Michele – Rosé – 2001 (Benedict & Jean-Paul Phelip)

AOC CORSE – SARTENE Domaine Saparale – Rosé – 2001 (Philippe Farinelli)

AOC CORSE – SARTENE Domaine Fiumicicoli – Rosé – 2001 (Simon & Félix Andréani)
Nez fin et élégant (fraise). Le vin est franc, droit, harmonieux et l’ensemble en fait un rosé fin et équilibré.

AOC CORSE – PORTO-VECCHIO Domaine de Torracia ORIU – Rouge – 1998 (Christian Imbert)
Nez de framboise, vin très fruité. Cette plénitude aromatique se retrouve et persiste en bouche. Vin riche, ample el charpenté.

Pour mémoire : l’ensemble de vins ci-dessus nommés agrémentaient le dîner suivant :

TATIN DE LANGOUSTE

AZIMINU (Bouillabaisse corse)

FROMAGES CORSES et leurs figues confites

PARFAIT GLACE A LA CHATAIGNE

A l’exception du Domaine de TORRACIA dont vous trouverez le commentaire un peu plus tard, aucun des autres Domaines mentionnés ne figure dans le Guide BETTANE & DESSEAUVE. Je me suis donc permis, dans la mesure du possible, de glaner quelques informations sur les autres Domaines dans le Guide HACHETTE.

Domaine SAN MICHELE
Une grande propriété située à Sartène et dont les vignes s’épanoui ssent sur un sol gran itique. (guide Hachette)

Domaine PERO-LONGO
Ce domaine qui appaliient à Pierre RTCI-lARME est situé à proximité du lion de Rocapina. (guide Hachette)

Samedi 1er juin: PORTO-VECCHlO – AJACCIO

Après une bonne nuit de sommeil, nous voilà prêts pour notre Assemblée Générale. Elle se tient au bord de la plage, sur la terrasse de l’Hôtel Moby-Dick, où nous avions dîné la veille. Le murmure des vagues qui meurent à quelques mètres de nos chaises donnent à cette Assemblée une ambiance inhabituelle. Le Président ouvre la séance et félicite Christian IMBERT pour l’organisation du voyage. « Pince-sans-rire », il le remercie d’avoir su nous transmettre un peu de goût et d’esprit Corse. Précisant les dates du 5 et 6 Décembre 2002 pour notre Assemblée Statutaire à Genève, il rappelle la tenue du Congrès des Masters of Wine à Vienne les 11-12-13 juillet prochain.

Afin de sensibiliser les Masters of Wine aux accords des vins et des mets, un dîner y sera organisé le vendredi 12 juillet avec le concours d’Alain SENDERENS. Il informe l’assemblée que le voyage de Printemps prévu en 2003 se déroulera dans le Piémont. Organisé par Franco MARTINETTI, il débutera le jeudi 5 juin (en fin de matinée) et prendra fin dimanche 8 juin. Franco prend la parole et nous explique qu’au vu de la petite dimension des exploitations (à l’image de celles de Bourgogne), le nombre de participants sera limité à 95 personnes. La ville de rendez-vous sera ALBA.

Le Chancelier reprend la parole et rappelle que l’Académie se déplace dans un pays lointain tous les 10 ans. En 2004, ce sera le CHILI. Notre ami Bruno PRATS s’est chargé de l’organiser. Il sera aidé dans sa tâche par Mariano FERNANDEZ AMUNATEGUl, membre associé de notre Académie et Ambassadeur du Chili en Espagne. Ce déplacement de 8 jours est prévu pour le mois de Mars 2004 – début de la vendange des vins blancs. Le nombre de participants prévu sera de 35 à 45 personnes. Ayant fini d’expédier les affaires courantes, il se penche sur les questions de fond qui animent notre Assemblée, à savoir: la viticulture et l’œnologie reviennent à plus de raison, suite à leurs excès technologiques et technocratiques. L’humain reprend de l’importance. Les excès « du bois» ont tendance à diminuer. On ressent les prémisses d’un retour vers une certaine vérité du vin. Il rappelle que l’Académie et ses membres ont certainement joué un rôle non négligeable dans cette évolution, et les incite de continuer à le faire.

BONIFACIO: le site exceptionnel de la ville la plus méridionale de l’île contribue à faire d’elle, selon Paul Valery, la « capitale pittoresque de la Corse ». L’approche de Bonifacio fait apparaître cette cité médiévale comme un « bout du monde), isolé du reste de l’île par un vaste et aride plateau calcaire qui présente à la mer de magnifiques falaises blanches hautes de plus de 60 mètres. La vieille ville, enfermée dans ses fortifications, est juchée sur un étroit promontoire qui s’allonge parallèlement au rivage. Elle en est séparée par une sorte de fjord au fond duquel se développe une marine. La légende voudrait que ce rocher eût abrité les géants Lestrygons qui broyèrent la flotte d’Ulysse ; le héros lui-même ne devant son salut qu’à sa promptitude de larguer les amarres de son navire.

C’est en 828 que la cité entra dans l’histoire, lorsque Boniface, marquis de Toscane, donna son nom à la bourgade. Celle-ci, bientôt érigée en commune, vécut pendant plusieurs siècles de piraterie. Pise et Gênes étaient désireuses de contrôler ce port naturel dont la possession leur aurait permis de mieux surveiller la Méditerranée Occidentale. Finalement, en 1187, les Génois réussirent à s’y infiltrer par la ruse et une colonie génoise s’ installa à Bonifacio. La ville, dotée de nombreux privilèges, devint une sorte de petite République autonome, battant monnaie. Elle fut dès lors l’une des plus fidèles places génoises de Corse et, aujourd’hui encore, ses habitants ne parlent pas le Corse mais le Ligure.

Etroites et bordées de hautes maisons aux volets clos, les ruelles sont particulièrement pittoresques et nous prenons plaisir à y flâner. Les curieux arcs-boutants qui relient les maisons les unes aux autres ne sont en fait que des canalisations destinées à diriger les eaux de pluie des toits vers les citernes privées ou communales. La maison bonifacienne est également digne d’attention. Etroite, haute parfois de quatre ou cinq étages, c’était jadis une véritable forteresse dont l’accès était commandé par une échelle que l’on retirait la nuit venue. A l’intérieur, un pressoir à huile, un cellier, une réserve de grains et parfois une écurie, se groupaient au rez-de-chaussée autour de la cour intérieure. De plus, chaque maison possédait son four et sa citerne alimentée par l’ingénieux système de gouttière.

Deux églises (sur la vingtaine que compte la cité) occupent un peu plus notre attention. L’Eglise Saint Dominique qui, vue de l’extérieur paraît être de style Roman alors que ses caractéristiques architecturales intérieures et la sobriété de son portail rattachent cet édifice à l’art Gothique du midi. Dans cette église, nous avons été intrigués par deux chasses de style baroque ; ces groupes processionnels du XVIIIè siècle pèsent chacun de 600 kg à 800 kg et sont portés en procession à l’occasion de la Semaine Sainte et de la fête respective des saints. L’Eglise Sainte Marie Majeure, dont le porche est une loggia construite sur une vaste citerne de 650 m3. Au temps de la domination génoise, les quatre Anciens, élus pour trois mois par le Grand Conseil, délibéraient sous la loggia des affaires de la cité. Deux fois par semaine, le Podestat y rendait la justice.

Si aujourd’hui l’activité principale de la ville est le tourisme, il faut savoir que les gens ici étaient très travailleurs et que le métier de marin y est difficile à cause du vent qui y souffle durement. Nous quittons la ville bien après 11heures pour nous rendre à LECCIA, dans le fief de notre ami Christian IMBERT.

C’est au cœur du maquis que se situe le Domaine de TORRAClA. Avant le déjeuner, nous visitons le vignoble qui s’étend sur les collines environnantes avec le bleu azur de la mer comme arrière-plan. C’est face à ces pieds de vignes, autour de Christian, que nous nous rendons compte du travail titanesque de cet homme qui, tel un moine des temps modernes, s’est mis à défricher le maquis avec l’aide d’un vieux bulldozer, à casser les roches qui affleuraient le sol, à planter la vigne en préservant les vieux cépages autochtones.

Respectant les règles de la culture biologique, les sols y sont travaillés et nos pieds chaussés de façon légère peinent à avancer entre sillons et cailloux. C’est à la fois beau et grand de voir les participants boire les mots de Christian qui, avec force détails et anecdotes, relate son implantation par moment difficile, dans cet endroit de rêve. Le seul fait de penser à la somme de travail dur et pénible qu’il a fallu fournir pour mettre en place un tel vignoble nous donne soif et aiguise notre appétit; surtout lorsque le barbecue émane des senteurs auxquelles il nous est extrêmement difficile de résister. A l’apéritif, des Figatellis et de la Charcuterie de montagne nous permettent de calmer une faim gourmande et notre soif se trouve étanchée grâce au Blanc 2001 Domaine de Torracia, frais et agréable à souhait. Nous nous attablons devant la maison et déjeunons dans une ambiance amicale et campagnarde. On se sent bien chez Christian et Birgitt, et Monsieur Gilles GIOVANANGELI, maire de la commune de LECCI, et ses adjoints se sont joint aux vignerons voisins pour participer au festin préparé en notre honneur grâce à l’aide du restaurant « U Benedettu ».

Au menu :

SALADE DE POULPE A L’HUILE DE TORRACIA

SALADE DE SOUPIONS

CARPACCIO D’ ESPADON AU PISTOU

CÔTES DE « COCHONS LIBRES » DE ZICAVO avec polenta de châtaignes et ratatouille

BROCCIU FRAIS

BEIGNETS AU BROCCIU

Les vins servis durant ce repas furent les suivants :

Domaine de Torracia Blanc 2001
Belle couleur or vert. Au nez, le vin s’exprime par des arômes marqués, à la fois sauvages et poivrés (est-il resté longtemps sur lies ?). Riche et ample en bouche, il reste sauvage à l’image de la nature qui l’entoure. J’y retrouve des senteurs de maquis (ciste blanche). Il est à la fois ferme et structuré et termine sur la fleur et l’épice. Personnellement, je trouve le vin plus intéressant en bouche qu’au nez.

Domaine de Torracia Rosé 2001
La couleur est d’un beau rose saumon. Au nez, il s’exprime avec une certaine profondeur, avec un côté racine, terre. Par contre, en bouche, il est frais, ferme et racé. Sa structure de bouche est belle et ferme. Le vin est ample, riche et complet. Il fait preuve d’une bonne persistance gustative et possède, malgré sa couleur, un caractère que je classerais comme masculin.

Domaine de Torracia Rouge Réserve ORIU 1998
Au nez, le vin laisse deviner son ampleur. Il s’exprime à travers des arômes que je classerais comme sauvages et dans lesquels on retrouve les fruits rouges ainsi qu’un côté animal. En bouche, je retrouve cet aspect sauvage qui se lie magnifiquement au charnu du corps, à son ampleur. Le vin est savoureux, plein, on a l’impression de consommer une compote de fruits rouges. Les tanins sont fondus et sentent le fruit mûr. Beau vin qui fait plaisir.

Domaine de Torracia – Vin de Corse PORTO VECCIO
Rouge : 34 hectares – Niellucciu 50%, Grenache 20%, Cinsault 10%, Sciacarello 10%, Syrah 10%
Blanc : 9 hectares – Malvasia (Vermentino) 95%, ugni blanc 5%
Production totale : 222 000 bouteilles par an

Autres vins dégustés :

Domaine de Torracia Rouge Niellucciu 2001
Domaine de Torracia Rouge Réserve ORTU 1995, ainsi que différents vins des vignerons de l’UV A Corse et des vignerons du Sud.

Le soleil tapait fort pendant le déjeuner, mais Michel a su trouver la parade. C’est avec plaisir que je lui laisse le soin de présenter le Domaine. Vigneron passionnant et passionné, Christian IMBERT propose une production pas toujours très régulière mais dont les meilleurs vins rouges sont parmi les vins corses les plus convaincants, tant par leur au vieillissement que par leur personnalité et leur finesse aromatique. C’est en particulier le cas de la réserve du Domaine Oriu, produite uniquement les bonnes années, et offrant un vin plein de fougue et de caractère. Le Président Robert HAAS clos le déjeuner et remercie Christian ainsi que les vignerons présents pour leur accueil des plus chaleureux. Il annonce à l’ensemble des personnes présentes qu’il vient de se « corsifier » et qu’il repartira de l’île « entièrement corsifié ». Le Chancelier Jean-Pierre PERRIN trouve les mots simples et justes pour remercier Christian et Birgit de nous avoir reçu avec autant de délicatesse dans cette ambiance champêtre, dans ce coin de paradis où les odeurs du maquis se mélangent avec les arômes des vins qui nous sont servis. Ces remerciements s’adressent également aux vignerons présents qui ont mis la main à la pâte pour nous préparer le déjeuner, ainsi qu’à Monsieur le Maire.

Avant de prendre congé de nos hôtes, nous visitons la cave de la propriété qui est à la fois bien conçue sur le plan technique et assez intimiste. Puis, repus et somnolents, nous nous laissons emmener par nos bus sur les routes sinueuses de l’île. Ce n’est pas une mince affaire car les distances ici ne se comptent pas en kilomètres mais en heures, et les chauffeurs nous annoncent 3 heures de route avant d’arriver à AJACCIO. Du col de Coralli, nous avons une vue magnifique sur le golfe de Roccapina et le rocher du Lion. Sur un promontoire, près d’une tour génoise, la silhouette d’un lion couché en granit rose se découpe entre un ciel et une mer d’un bleu intense. SARTENE, « la plus corse des villes corses» selon Prosper Mérimée, nous permet un arrêt rapide auprès de la fontaine publique pour y étancher une soif de plus en plus difficile à supporter. Hélas, vu le retard, il ne nous est pas permis de visiter cette ville pittoresque qui a su – semble t-il – le mieux conserver les traditions insulaires. Pour la même raison, la visite des vignes et de la cave du Clos CAPITORO est annulée. Il est 20 heures lorsque nous entrons dans AJACCIO et il faut maintenant nous répartir le plus rapidement possible dans 5 hôtels différents situés en ville et en périphérie avant d’aller dîner.

C’est au pas de course que nous prenons possession de nos chambres, que nous nous changeons pour repartir vers la cave du Clos CAPITORO où nous arrivons vers 22h00. Un verre de vin à la main, nous patientons afin de permettre à la navette de nous acheminer par groupe de 5 personnes à la maison de Monsieur Jacques BIANCHETTl, propriétaire du Clos CAPITORO, qui nous reçois chez lui, au sommet d’une colline inaccessible pour nos bus. Il est 23h00 lorsque l’ensemble des participants, installé sous les oliviers bicentenaires qui bordent le perron de cette belle villa. Nos hôtes qui nous attendaient pour 20 heures… prirent heureusement notre retard avec philosophie. Des viticulteurs de la région d’AJACCIO, membres de l’UVA Corse, étaient également présents et avaient joint leurs vins à ceux de la propriété afin de nous permettre une dégustation globale des vins de la région. Les vins présentés provenaient des producteurs suivants:

Clos CAPITORO – AOC AJACCIO
Jacques BlANCHETTI est, depuis la fin mars 2001, le nouveau maire de Cauro. Son Domaine couvre une partie de cette commune ainsi que celle de Porticcio. (extrait du Guide Hachette).

Domaine Comte PERALDI – AOC AJACCIO
Rouge : 40 hectares – Sciacarello 73%, Carignan IO%. Cinsault 10%, Niellucio 5%, Grenache 2%
Blanc : 10 hectares – Vermentino
Production totale moyenne : 180 000 bouteilles par an

Les rouges de ce domaine classique et célèbre d’Ajaccio reposent sur le cépage sciacarello,  authentique cépage insulaire se caractérisant par une couleur peu intense, par des arômes légèrement poivrés et par une finesse de corps qui, lorsqu’elle ne confine pas à la maigreur, ne manque pas d’élégance. On ne s’étonnera donc pas de retrouver ce style dans les vins de la propriété, toujours souples et raffinés. (Guide Bettane&Desseauve)

Domaine Comte ABBATUCCl – AOC AJACCIO
Depuis la fin 2000, le Domaine Abbatucci est conduit en agriculture biologique et s’oriente vers le biodynamie. Jean-Charles ABBATUCCI, actuel Président de l’appellation, fait preuve de régularité dans le soin apporté à sa production. (extrait du guide Hachette)

Clos D’ALZETO – AOC AJACCIO
Un domaine de 43 ha un peu excentré dans l’aire d’appellation, il présente l’originalité d’être le plus haut vignoble de Corse (500m d’altitude). Secondé par son fils, Pascal ALBERTINI propose des vins issus de vinification traditionnelle. (extrait du guide Hachette).

Monsieur BIANCHETTI nous recevait chez lui en famille, et un orchestre local alternait chants corses et airs d’opérettes. L’ambiance conviviale nous fit oublier la fatigue et le buffet et les vins nous permirent d’affronter la fraîcheur de la nuit qui tombait au fur et à mesure que s’avançait l’heure matinale. Au petit matin, Colette FALLER joignit sa belle voix à celle des chanteurs corses pour interpréter des airs de Luis MARIANO. Pour ma part attablé avec Jean-Charles ABBATUCCI, j’ai fait la connaissance de ses vins que j’ai trouvés fort intéressants. En voici quelques commentaires :

Domaine Comte ABBATUCCI Blanc 2001
Couleur claire. Nez frais, subtil, finement végétal avec des traces de fleurs blanches. En bouche, le vin est frais avec du gras. Onctueux et ample, il est plus riche en bouche qu’il ne paraît au nez. L’ensemble reste harmonieux.

Domaine Comte ABBATUCCI Rosé 2001 Cuvée Faustine
Couleur rose avec touche ambrée. Nez frais et aérien qui sent le raisin frais. En bouche, il est ample et gras, il se présente en deux phases un peu contradictoires car la structure est légère et la matière est ample. La persistance est bonne mais il manque de relief en bouche. Je le classerais comme étant de caractère féminin.

Domaine Comte ABBATUCCI Rouge 2001 Cuvée Faustine
Couleur rouge violacée; nez de fruits rouges, mûre, myrtille, framboise sauvage. Bouche ample, pleine, juteuse, fruitée. Vin élégant, harmonieux et langoureux.

Au vu de l’heure matinale et souhaitant mettre les Académiciens au lit, le Président Robert HAAS clôtura ce repas en remerciant chaleureusement nos hôtes pour leur accueil auquel il a été très sensible. Ses remerciements s’adressent plus spécialement à Monsieur Jacques BlANCHETTI pour sa généreuse hospitalité et à l’ensemble des vignerons de l’UVA Corse qui nous ont reçus durant ces quelques jours. A son tour, le Chancelier Jean-Pierre PERRIN remercie notre hôte. Il rappelle devant les vignerons présents que l’Académie n’est pas venue en Corse pour donner un « coup de goupillon », mais pour soutenir la vraie culture du vin. Il leur dit que grâce à leurs efforts et à leur travail, nous y avons trouvé une vie de rusticité et de vérité, une vie qui, malheureusement, nous manque de temps en temps. Il s’excuse auprès de Monsieur BIANCHETTI de devoir nous retirer et nous quitter au son d’une musique qui a su nous faire rêver, chanter et danser. Monsieur BIANCHETTI répond avec toute la chaleur et le tempérament corse. Il remercie l’Académie d’être venue « … Vous êtes arrivés tard au Clos CAPITORO mais vous partez trop tôt … » Avant de quitter le trio de musiciens « l’Ile Bleue » nous interprète un Salve Regina puissant et solennel.