Monsieur Marcel GUIGAL – MAISON GUIGAL

Monsieur Michel CHAPOUTIER – MAISON CHAPOUTIER

Monsieur Alain GRAILLOT – DOMAINE GRAILLOT

Monsieur Gérard CHAVE – DOMAINE CHAVE

Monsieur Alain VAUTHIER – CHATEAU AUSONE

Monsieur Frédéric ENGERER – CHATEAU LATOUR

Monsieur Jean-Claude ROUZAUD – CHAMPAGNE LOUIS ROEDERER

Monsieur TRJMBACH – TRIMBACH

Monsieur Marcel DEISS – DOMAINE DEISS

Monsieur Leonard HUMBRECHT – DOMAINE ZINO HUMBRECHT

Monsieur Georges DUBOEUF – VINS GEORGES DUBOEUF

Monsieur Jean-Guiliaume PRATS – CHÂTEAU COS D’ESTOUIUJEL

Monsieur Michel JABOULET – MAISON JABOULET

Madame Philippine de ROTHSCHI LD – CHATEAU MOUTON ROTHSCHILD

Monsieur Christian MOUE1X – CHATEAU PÉTRUS

Monsieur Nicolas JOLY – COULEE DE SERRANT

Monsieur Hubert de BILLY – CHAMPAGNE POL ROGER

Monsieur Egon MÜLLER – EGON MULLER

Monsieur Pablo ÂLVAREZ MEZQUIRIZ – BODEGAS VEGA SICILIA

Monsieur Noël PINOUET – DOMAINE HUET-L’ECHANSONNE

Madame May-Eliane de LENCQUESAING – CHATEAU PICHON LONGUEVILLE

Madame Colette FALLER – COLETTE FALLER ET SES FILLES

Monsieur Alexandre de LUR SALUCES – CHÂTEAU D’YQUEM

Monsieur PERRIN – CHATEAU DE BEAUCASTEL

Monsieur René RENOU – DOMAINE RENÉ RENOU

Monsieur Ludovico ANTINORI – LA BANDIERA

Monsieur Etienne HUGEL – HUGEL & FILS

Monsieur Pierre LURTON – CHATEAU CHEVAL BLANC

Monsieur Aldo CONTERNO – PODERI ALDO CONTERNO

Affirment :

« Nous sommes producteurs de vins européens indépendants inquiets de la perspective d’introduction des Organismes Génétiquement Modifiés (plans et micro-organismes) dans notre métier. Nous constatons que de nombreuses questions restent sans réponse:

-diminution de la diversité génétique de nos encépagements
-risques de perte de la typicité de nos vins
-risques de dissémination dans l’environnement
-autres effets imprévus et irréversibles

En conséquence, nous demandons un moratoire de 10 ans avant toute mise en marché d’Organismes Génétiquement Modifiés concernant la vigne et le vin ».

ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS
Beaune, le 29 juin 2000

Vous trouverez ci-après un texte explicitant le point de vue d’un groupe de producteurs de vins de Bourgogne sur la question des OGM :

SIGNATAIRES

Xavier BARBET – MAISON LORON ET FILS

Christophe BOUCHARD – MAISON BOUCHARD PÈRE ET FILS

Bruno CLAIR – DOMAINE BRUNO CLAIR

Jean-François CHAPELLE – DOMAINE DES HAUTES CORNIÈRES

Guillaume de CASTELNAUT – CHÂTEAU DES JACQUES

Jean-Charles de la MORINIERE – DOMAINE BONNEAU DU MARTRAY

Bertrand DEVILLARD – MAISON ANTONIN RODET

Philippe DROUHIN – MAISON JOSEPH DROUHIN

Jean-Paul DURUP – MAISON JEAN DURUP PÈRE ET FILS

Denis FETZMAN – MAISON LOUIS LATOUR

Pierre-Henry GAGEY – MAISON LOUIS JADOT

Emmanuel GlBOULOT – DOMAINE GIBOULOT

Dominique LAFON – DOMAINE DES CONTES LAFON

Jacques LARDIERE – MAISON LOUIS JADOT

Anne-Claude LEFLAIVE – DOMAINE LEFLAIVE

Didier MONTCHOVET – DOMAINE CHRISTINE ET DIDIER MONTCHOVET

Pierre MOREY – DOMAINE PIERRE MOREY

Frédéric MUGNIER – DOMAINE JACQUES-FRÉDÉRIC MUGNIER

Gilles REMORIQUET – DOMAINE REMORIQUET

Christophe ROUMIER – DOMIAINE GEORGES ROUMIER

Jean-Pierre DE SMET – DOMAINE DE L’ARLOT

Eric de SUREMAIN – DOMAINE DE SUREMAIN

Aubert de VILLAINE – DOMAINE DE LA ROMANÉE-CONTI

Renaud de VILLETTE – DOMAINE MARQUIS D’ANGERVILLE

EN RÉSUMÉ

Nous sommes producteurs de vin de Bourgogne indépendants (viticulteurs et négociants) inquiets des perspectives d’introduction des OGM (plants et micro-organismes) dans notre métier. Après avoir reçu des spécialistes de tous horizons et fait le point sur l’état de la recherche, nous constatons que de nombreuses questions restent sans réponse: diminution de la diversité génétique de notre encépagement, risques de perte de la typicité de nos vins, risques de disséminations dans l’environnement et d’autres effets imprévus et irréversibles. Les levures OGM en particulier présentent des dangers sur ces points. En conséquence, nous demandons un moratoire de 10 ans minimum avant toute mise en marché d’OGM concernant la vigne et le vin, ainsi qu’une réorientation et une transparence totale de la recherche et des procédures d’agrément. Un comité de veille et d’information sera mis en place en Bourgogne.

LES VINS DE BOURGOGNE ET LES OGM
Depuis deux ans les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont fait irruption dans  l’actualité.

QUI SOMMES-NOUS?
Nous sommes des producteurs de vin de Bourgogne indépendants (viticulteurs ou négociants). Nous ne parlons pas au nom d’autres régions viticoles ni de l’agriculture en général. Nous ne sommes en aucun cas des spécialistes de la transgénèse et n’avons pas de compétence sur les problèmes généraux de santé publique pas plus que sur ceux de l’environnement au sens large.

Cependant, nous partageons tous les mêmes objectifs:

• Préserver la haute qualité de nos vins en respectant leur typicité et l’authenticité de nos terroirs.

• Respecter notre environnement et sa diversité biologique.

• Assurer l’avenir de nos enfants et de notre région.

Pour poursuivre ces objectifs, nous souhaitons profiter autant de la sagesse de la tradition que des progrès constants de la science. Nous nous posons la question suivante: Les OGM sont-ils une source de progrès pour la production de vins d’appellations d’origine contrôlée de Bourgogne? Nous avons reçu depuis juillet 1999 les personnes les plus qualifiées, quels que soient leurs horizons et leurs convictions:

M. JEAN-PIERRE BERLAN – Ingénieur agronome à l’INRA de Montpellier

M. BRUNO BLONDIN – Directeur de Recherche à l’INRA de Montpellier, levures transgéniques

M. ALAIN BOUQUET – Directeur de Recherche à l’INRA de Montpellier, vignes transgéniques

MME. SYLVIE DEQUIN – INRA Montpellier, levures transgéniques

M. PHILIPPE DESBROSSES – Conseiller en Ecologie au Parlement Européen, dirige la Ferme de Sainte Marthe

MME. CORINNE LEPAGE – Ancien Ministre de l’Environnement et fondatrice du CRIGEN (organisme indépendant de surveillance des OGM)

MME. SERGE MICHELS – Créateur de Entropy Conseil (cabinet d’études et de conseil spécialisé dans le domaine de l’alimentaire)

M. GILLES FRIC SERALINI – Professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen et responsable d’équipe au CNRS, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet

M. BERNARD WALTER – Directeur de Recherche l’INRA de Colmar

Ces rencontres nous ont conforté dans notre approche: Il est de la plus haute importance que l’avenir de notre métier ne s’élabore pas sous la seule influence et les seuls intérêts des scientifiques, des industriels et des technocrates. Le passé nous a donné des leçons à cet égard: nous devons nous informer et intervenir.

BILAN DES RÉUNIONS

ETAT DE LA RECHERCHE

1. Aucun OGM vigne et vin n’a obtenu à ce jour d’autorisation de mise sur le marché en Europe.

2. Les études sont très avancées:

Des levures OGM permettent déjà en laboratoire de:

– Réaliser la fermentation malolactique en même temps que la fermentation alcoolique, le tout en 4 jours;
– Acidifier les moûts en transformant une partie des sucres en acide lactique;
– Augmenter la production de glycérol.

Des porte-greffes résistant au court-noué sont en phase d’essai.

3. D’autres projets sont en cours d’évaluation ou de développement:
– Levures sécrétant des enzymes, des anti-bactériens, des arômes variétaux,…
– Porte-greffes résistant à l’enroulement.
– Cépages résistant à l’oïdium, à l’eutypiose, à la flavescence dorée, au phylloxéra.
– Cépages à faible absorption de potassium.
– Etc.

4. Des expérimentations très limitées de culture en plein champ de plants de vigne transgéniques ont été ou sont faites en France et en Allemagne. Les recherches sont très avancées dans le nouveau monde, en particulier en Australie.

NOTRE ANALYSE

Les sujets de recherche qui permettraient de réduire les interventions chimiques dans les vignes et les sulfites dans les vins semblent les plus conformes à nos objectifs. De nombreuses questions restent cependant posées et sans réponse:

• Diversité:
Le développement des OGM accentuerait un phénomène apparu avec la généralisation des organismes sélectionnés: l’utilisation d’un nombre restreint de variétés qui induit une diminution de la diversité génétique, indissociable de nos terroirs.

• Typicité:
Les risques de perte de la typicité de nos vins sont élevés en utilisant les cépages et les levures OGM.

• Dissémination:
Les levures et bactéries OGM présentent des risques de dissémination incontrôlables dans l’environnement, donc de modification de la flore indigène. Ces risques semblent plus faibles pour les cépages et porte-greffes OGM.

• Irréversibilité:
L’utilisation d’OGM serait une décision lourde de conséquences car nous ne pourrions peut-être pas revenir en arrière.

• Effets imprévus:
Il n’est pas du tout impossible, par exemple, qu’en augmentant palr transgénèse la résistance d’un cep à une maladie on ne diminue pas sa capacité de défense contre une autre maladie. De plus, on ignore l’endroit exact où va s’insérer le gêne introduit dans la plante, et les modifications quantitatives et qualitatives de ses fonctions (couleur, goût, texture,..)

EN CONSÉQUENCE

Au nom de la contrainte de typicité nous pensons qu’il est dangereux d’utiliser des microorganismes OGM pour l’élaboration de nos vins. Aucun nouveau développement ne doit être entrepris tant qu’on ne pourra pas assurer leur non-dissémination. Concernant les cépages et porte-greffes, nous sommes conscients des progrès nécessaires dans certaines méthodes de culture actuelles pour une parfaite préservation de l’environnement. La voie des OGM doit donc être explorée et évaluée, mais comme une voie parmi d’autres. Dans tous les cas il faut du temps, de très grandes précautions et s’assurer que chacun pourra, le temps venu, faire un choix libre et éclairé.

Nous demandons:
• Un moratoire de 10 ans minimum avant toute mise en marché d’OGM concernant la vigne et le vin.

• Que le génie génétique ne soit pas la seule priorité de la recherche publique et qu’elle soit poursuivie et soutenue au moins autant dans les autres domaines (biologie de la vigne, des parasites, des micro-organismes, culture biologique ou biodynamique et toute solution alternative).

• Que la recherche privée et publique assure une transparence totale.

• Une meilleure information sur les procédures d’agrément des produits œnologiques et du matériel végétal.

Dans ce but:
• Nous avons décidé de mettre en place un comité de veille et d’information dans notre région de Bourgogne pour diffuser notre travail d’information et intervenir.

• Nous souhaitons que les autres régions viticoles françaises mènent chacune une démarche semblable à la nôtre, pour que nous puissions tous ensemble orienter l’avertir de notre viticulture. Nous avons pris acte de la décision de l’INAO d’interdire pour les appellations d’origine contrôlée tous cépages ou porte-greffes génétiquement modifiés. Nous regrettons néanmoins qu’une position aussi claire n’ait pas été prise quant à l’utilisation de microorganismes OGM.

Nous sommes tous favorables au progrès. Cependant les OGM pourraient constituer un danger énorme pour une viticulture où l’expression du terroir passe avant la technologie. Ne laissons personne décider à notre place de l’avenir de notre métier.