Il existe en Espagne, c’est bien connu, quelque 1.300.000 hectares de vignoble: le plus vaste du monde. C’est tout aussi bien connu que la production espagnole de vin n’équivaut qu’à un tiers celle de la France ou de l’Italie. Voilà qui démontre bien les effets qu’un climat très dur et très sec exerce sur les rendements en Espagne. Mais il faut ajouter, à mon avis, que les analyses du vignoble espagnol se cantonnent trop souvent dans ces données archi-connues et qui semblent établies, figées même, pour toujours. D’ailleurs, on rencontre trop souvent des affirmations imprécises ou dépassées au sujet de ce vignoble espagnol dont l’importance, aussi bien historique qu’actuelle, devrait justifier sans doute une meilleure connaissance.

C’est ainsi que j’ai lu un grand écrivain britannique qui définissait le grenache comme le plus important cépage de Rioja (alors que c’est, bien sûr, et de très loin, le tempranillo). J’ai également entendu dire que le cabernet sauvignon avait été introduit en Rioja par les Français à la recherche de vin après l’attaque du phylloxéra. C’est évidemment le marquis de Riscal, Espagnol s’il en est, qui y a introduit le grand cépage médocain dès 1862. Les Français, c’est vrai, ont importé beaucoup de vin de Rioja après la dévastation phylloxérique. Mais il s’agissait de vins provenant de tempranillo, de graciano et de mazuelo, les cépages traditionnels de la région. Même l’ampélographie internationale peut contribuer à la confusion en mélangeant le moristel d’Aragon et le monastrell du Levant, ou peut-être même en identifiant le graciano de Rioja comme un cépage peu connu du Midi français, le morrastel. Dans ce dernier cas, notre cher confrère Carlos Esteva, qui a planté du graciano et du morrastel côte à côte sur son beau domaine de Can Ràfols dels Caus, m’a dit que ce sont des cépages très différents. Peut-être parce que la presque totalité du «morrastel» subsistant en France est aujourd’hui du morrastel bouschet, un croisement dû au célèbre Henri Bouschet ?

Nous sommes, en fin de compte, très loin des réponses définitives sur la réalité du vignoble espagnol et de sa composition, et je crains que jusqu’à ce qu’un dépistage systématique de l’ADN de nos cépages ne soit réalisé, nous ne pourrons cerner cette réalité avec précision. J’aimerais tout de même, dans la mesure de nos connaissances limitées dans l’actualité, contribuer à une meilleure compréhension de ce qu’est réellement notre immense vignoble en ce moment, à la veille du XXlème siècle. Mais ce qui rend cet exercice difficile, c’est qu’il est en train de subir une transformation importante qui en change la face sans cesse: un vignoble en état de flux. En outre, comme le dit bien ma consœur Jancis Robinson, nous les Espagnols, nous ne sommes pas les champions de la mise à jour de nos statistiques viticoles. C’est un euphémisme. Le fait est que, malgré les limitations qu’impose l’Union Européenne, la surface des plantations dans certaines régions augmente sans cesse tandis que dans d’autres elle continue de rétrécir.

En même temps, un ré-encépagement important se produit, qui vient corriger un autre ré-encépagement, souvent négatif celui-là, qui s’est produit il ya un siècle à la suite du phylloxéra. En effet, notre vignoble fut replanté alors selon des critères de rendement et d’aise de production, largement avec des cépages qui étaient étrangers à chacun des terroirs, et de faible qualité. Ils ont multiplié sur d’immenses extensions de vigne ce que l’on pourrait comparer à l’ «effet aramon» ou à l’«effet vidiguié» dans le Sud de la France. Tout le quart nord-ouest de l’Espagne, par exemple, a été couvert de palomino blanc et d’alicante bouschet rouge. Cent ans plus tard, il a encore du mal à s’en remettre. En outre, deuxième facteur d’importance, une pluviométrie insuffisante pour la plupart des cépages de qualité (300 à 400 mm de pluie par an, parfois moins) a condamné les vastes hauts plateaux de La Mancha à la plantation en airén, un cépage blanc (le premier du monde actuellement en superficie de plantation, avec quelque 400.000 hectares encore), très peu qualitatif, dont les principales vertus sont sa résistance à la sécheresse et son aide à la lutte contre la désertification. Du point de vue écologique au moins, cela n’est pas négligeable. Son moût est majoritairement distillé en alcool industriel.

Un vignoble aussi étendu que celui de mon pays défie les définitions simples. Il existe évidemment toute sorte de terroirs sur cette grande surface. Mais il faut tout de même signaler deux caractéristiques importantes. D’une part, l’Espagne jouit d’une superficie de vignobles aux sols calcaires vraiment très importante, puisque ceux-ci dominent la plus grande partie du haut plateau castillan, ainsi que d’autres zones historiquement importantes («l’albariza» de Jerez, par exemple). D’autre part, ces précipitations sont souvent très faibles; donc, un facteur généralement positif pour les vins de qualité et un autre facteur généralement négatif. C’est sur ce vaste vignoble que, à partir des années 1970, et très nettement dans les années 1990, un phénomène de ré-encépagement d’une ampleur peu commune s’est produit, au fur et à mesure qu’il devenait évident en Espagne que seuls les vins de qualité avaient encore de l’avenir. C’est un processus complexe qui ne saurait se résumer seulement à une invasion de cépages «à la mode». Il comprend, simultanément, des composantes positives et négatives. Je voudrais en cerner les dimensions précises dans l’actualité. Ses quatre éléments fondamentaux sont:

1. Récupération des cépages autochtones, surtout les blancs en Vieille Castille (verdejo) et en Galice (albariîio et godello surtout, mais aussi loureiro, caiîio, torrontés, treixadura, dona branca, monstruosa, lado entre autres) et éradication progressive dans les deux régions du palomino «importé» après le phylloxéra. Le palomino, dans le climat particulier de Xérès et sur l’«albariza», donne des vins fortifiés remarquables. Ailleurs, et vinifié en vin tranquille, il donne un liquide parfaitement neutre. Il en est de même avec la mencia rouge en Castille et en Galice, et aussi, mais de façon marginale, de cépages rouges presque disparus tels que brancellao et souson. Il s’agit d’un sauvetage souvent difficile: il ne restait, en tout et pour tout que quelque 400 pieds de godello éparpillés dans la région de Valdeorras en 1975.

2. Colonisation de maintes régions espagnoles par le cépage propre à la Rioja: le tempranillo, qui donne une belle qualité, est fort flexible et apte à plusieurs types de vinification (de la macération carbonique aux grands vins de garde) et s’adapte fort bien à des climats différents, mais dont la généralisation peut conduire à une uniformisation des vins. Donc, quelque chose de semblable à l’«effet cabernet sauvignon», souvent dénoncé dans le cas de la viticulture dans le Nouveau Monde, mais cette fois-ci induit par un cépage espagnol en Espagne! Il existe certes des antécédents historiques de la présence de tempranillo ou de ses proches dans plusieurs régions. Mais les caractéristiques qui furent propres à ces cépages apparentés, tels les très petits grains et les faibles rendements de la jancivera de la Manchuela, sont désormais perdus, toutes les nouvelles plantations provenant de clones de la Rioja (et, souvent, de pépinières françaises, portugaises ou italiennes!). En outre, dans de vastes zones de la moitié Est de l’Espagne, telles que Carifiena ou Jumilla, ou de La Mancha, l’extension du tempranillo est un phénomène tout à fait récent.

3. Invasion de cépages étrangers, presque toujours français, qui souvent interviennent aux côtés des vieux cépages autochtones dans les nouvelles replantations. Ainsi, à Rueda, le verdejo indigène et le sauvignon blanc venu de France remplacent peu à peu le palomino et le macabeo/viura. (Sur 6.005 hectares de vignoble, il faut compter actuellement 2.790 ha. de verdejo, 1.560 de palomino, 1.260 de macabeo/viura, 390 de sauvignon blanc, et quelques hectares de chardonnay «expérimental»). Mais les plus importantes plantations ont été faites, dans les régions qui manquaient de cépages autochtones de qualité pour remplacer les plantations post-phylloxéra. Ces plantations ont eu recours, surtout, en rouges, au cabernet sauvignon, au merlot, à la syrah, au pinot noir (dont l’adaptation n’est, en général, guère évidente, en regard du climat plutôt chaud et sec de la plus grande partie de l’Espagne), au cabernet franc et au petit verdot et, en blancs, au chardonnay, au sauvignon blanc, au gewürztraminer, au chenin blanc et au viognier.

Il ya là, peut-être, matière à réflexion pour l’Académie, qui s’oppose à juste titre à l’uniformisation de la viticulture mondiale. Il reste souvent, pourtant, la question des régions possédant des terroirs à l’excellent potentiel mais qui se voient affublées, pour une raison historique ou autre, d’un encépagement de basse qualité. Ce fut le cas du Languedoc-Roussillon en France, c’est encore le cas dans les hauts plateaux castillans. Que faire dans ces cas là? Faut-il condamner ces régions à une médiocrité éternelle, en invoquant la défense de leur typicité? Or, quand s’agit-il de vraie typicité, et quand ne sont-ce que les critères économiques du début de ce siècle que l’on présente comme «les vraies traditions» ? Mais, si l’on accepte d’introduire des cépages améliorants venus d’ailleurs, comme on l’a vu avec la syrah dans le Midi de la France, où s’arrêter? Le tempranillo, qui est tout aussi étranger à la région de Murcie que l’est le cabernet sauvignon, devrait-il être considéré comme plus «acceptable» pour cette région que le cépage médocain, et ce parce qu’il aurait un «passeport espagnol» ? Ne ferions nous pas, dans ce cas-là, un exercice d’hypocrisie? Voilà quelques questions que je laisse sur la table, mais qui pourraient mériter un plus large débat.

4. Tout ce phénomène de replantation a été favorisé par la légalisation, en 1995, de l’irrigation (au goutte-à-goutte, généralement; plus récemment, au goutte à goutte souterrain), la chaptalisation demeurant, par contre, interdite. L’irrigation donne aux régions n’atteignant pas les seuils minimums de pluie par an la possibilité de cultiver des cépages comme le tempranillo, le chardonnay ou le cabernet sauvignon avec la possibilité d’obtenir de bons niveaux de qualité. Evidemment, l’irrigation implique également un risque grave: celui de l’augmentation brutale des rendements et de la production, amenant une chute de la qualité.

C’est un phénomène inquiétant et indéniable, qui n’est guère étranger, par exemple, au fait que la Rioja ait battu tous les ans son propre record de production, de 1995 à 1998, et ce malgré les grandes différences climatologiques d’un millésime au suivant! (La superficie du vignoble de Rioja est passée de 43.000 hectares en 1990 à 48.000 en 1998, la production passant, elle, de 161.000 hectolitres à 273.000, et le rendement par hectare de 34 à 51 hectos; ou, en réalité, à 56,5, si l’on décompte les vignes hors production. A signaler le bond des rendements, de 33 à 43 hl/ha, entre 1994 et 1995, en pleine étape de sécheresse prononcée en Espagne!). Seule une surveillance beaucoup plus sévère de la part des organismes chargés des appellations d’origine peut enrayer ce risque. Au vu de ce qui se passe en Espagne et ailleurs, même dans des zones de grand prestige telles que le Médoc, il ne faudrait surtout pas faire dans l’optimisme béat au sujet des rendements.

En outre, signalons aussi que l’Union Européenne a abandonné ses plans d’arrachage massif de vignes, et que les nouvelles plantations vont désormais à un train d’enfer. Légales ou illégales. Voilà pas plus de quatre ou cinq ans, les objectifs communautaires prévoyaient encore l’arrachage de 300.000 hectares en Espagne et provoquaient des protestations généralisées. L’abandon de ces plans illustre bien jusqu’à quel point le panorama viticole change vite en Europe, ce qui nous conseillerait d’éviter de faire trop de pronostics sur le proche avenir, et ce dans n’importe quel sens! Pour compléter ce rapide tour d’horizon des changements profonds de la viticulture espagnole, j’ai essayé de suppléer au manque de statistiques suffisamment mises à jour pour cerner l’importance quantitative de ce phénomène de ré-encépagement. A noter que les données que j’ai réunies et que vous retrouverez dans un appendice ne tiennent compte que des 54 appellations d’origine espagnoles, qui contrôlent un peu plus de 600.000 hectares de vignoble, c’est-à-dire la moitié du total. Je regrette autant que vous que les données soient plus complètes pour certaines appellations que pour d’autres.

Or, l’autre moitié n’est pas à identifier à des zones marginalisées ou résiduelles. Elle n’est certainement pas négligeable du point de vue du potentiel qualitatif et quantitatif. Signalons en effet qu’une surface de moins de 7.000 hectares a été inscrite jusqu’à présent dans la nouvelle appellation Ribera dei Guadiana, alors qu’il reste quelque 81.000 hectares de vignes dans la région qui auront éventuellement droit à la Denominacion de Origen (ou DO). Autre exemple: nous aurons l’année prochaine une DO pour les terroirs potentiellement intéressants des hauts plateaux vallonnés de la Manchuela, à l’extrémité orientale de la Nouvelle-Castille, où l’on compte 75.000 hectares de vignes environ. Je vous prie de pardonner ma partialité envers cette région méconnue, mais c’est justement là que je suis vigneron! Potentiellement donc, plus de 150.000 hectares devraient être prochainement ajoutés à la liste des vignobles espagnols nantis de DO.

Ce manque de statistiques homogènes rend ardue la tâche de cerner les dimensions totales du phénomène de ré-encépagement espagnol. Cependant, nous pouvons comparer la surface plantée de tempranillo en 1992, qui était de 88.000 hectares en Espagne, selon l’étude effectuée par Patrick W. Fegan, de la Chicago Wine School, avec la surface atteinte en 1998. Selon nos propres calculs, le tempranillo a dépassé les 120.000 hectares au courant de l’année dernière. Une augmentation de 36% en six ans seulement, et sur des surfaces aussi importantes que celle-ci, c’est quelque chose d’assez extraordinaire en Europe. C’est évidemment au remplacement de certains cépages, notamment l’airén dans les hauts plateaux castillans, qu’il faut attribuer cette croissance du tempranillo. Si l’on ajoute la surface que ce cépage occupe au Portugal, en Argentine, en France et en Californie, où il existe depuis longtemps sous le nom de valdepenas, on approche les 135.000 hectares de par le monde, ce qui place le tempranillo amplement parmi les dix premiers cépages du monde par la superficie de plantation.

Il faut signaler en outre que des sources dans le négoce estiment que la croissance de la surface dédiée au tempranillo est encore plus importante et pourrait atteindre actuellement 45.000 hectares: plus de 50% d’augmentation! Selon ces sources, la surface de plantations illégales ou, au moins, non enregistrées est substantielle. Il m’est cependant impossible de vérifier l’exactitude de ces affirmations. Le ré-encépagement en variétés blanches autochtones est plus réduit, mais il faut signaler quand même un gain très net des trois cépages peut-être les plus qualitatifs, albarino et godello en Galice et verdejo en Castille, qui accusent un gain net de plus de 5.000 hectares depuis 1975. Encore plus importante est l’avance du cabernet sauvignon, qui est aujourd’hui le plus répandu des cépages étrangers en Espagne.

D’après les données que j’ai pu rassembler, la surface totale de plantation serait passé de 4.500 hectares en 1994 à 8.000 hectares en 1998: 44% de plus. Bien sûr, du point de vue des pourcentages froids et des statistiques, le cabernet sauvignon n’occupe toujours que 0,6% du vignoble espagnol. Mais il faut toujours rappeler les circonstances bien différentes: d’une part, 100% du cabernet sauvignon et 90% du tempranillo d’Espagne servent à produire des vins embouteillés; d’autre part, une immense majorité des vignes de trois cépages blancs, l’airén en Castille, la Mancha et la pardina et la cayetana en Estrémadure, donnent des moûts que l’on ne retrouvera jamais dans une bouteille, mais qui seront automatiquement distillés. La surface de vignoble espagnol pourvoyant à la distillation se situe, selon les années, entre 400.000 et 500.000 hectares. Voilà qui replace la surface utile dédiée à la vinification dans des dimensions plus réalistes. Pour l’exprimer d’une autre manière, l’Espagne produit désormais près de deux millions de litres annuels de cabernet sauvignon, qui la plupart du temps fait partie d’assemblages, et donc se retrouve dans une quantité importante de bouteilles: cinq millions par an, peut-être. Quant au tempranillo, pur ou en assemblages, c’est d’au moins 400 millions de bouteilles qu’il s’agit!

D’autre part, il y a un phénomène parallèle qui ne manque pas d’intérêt, et que l’un des vins que nous avons dégusté illustre bien. Il s’agit d’une tendance que l’on retrouve dans plusieurs régions espagnoles: la récupération du respect perdu envers le grenache, un cépage qui n’a pas joui comme en France de la faveur des vignerons, car jugé «trop aisément oxidé» à partir de la révolution des élaborations dans les années 70 et 80, et que tout le monde a boudé. En Navarre, par exemple, le grenache avait été de plus en plus réservé à l’élaboration de rosés peu ambitieux. Puis est venu le grand succès des vins du Priorat, et le vent a commencé à tourner. Ce changement d’attitude envers ce cépage est en train de jouer un rôle dans le processus de ré-encépagement: d’une part, on n’arrache plus autant de pieds de grenache; d’autre part, on commence même à en replanter. Et l’on retrouve de plus en plus de grenache dans des rouges « sérieux ». Le ré-encépagement commence donc à avoir des effets fort importants sur le style, sur le marché et sur l’image des vins d’Espagne. Effets positifs ou négatifs? À chacun d’en décider.

Appendice

54 appellations d’origine (Denominaciones de Origen – DO) en Espagne

• Abona – Iles Canaries (1)

1. 780 ha. Cépages: Listàn blanco (70%), Listan negro (20%), Malvasia (1 %), Negramoll (5%), Verdello (2%), Gual (2%).

• Alella – Catalogne (2)

400 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Chardonnay, Chenin blanc, Garacha tinta, Macabeo, Merlot, Pansa blanca (Parellada), Sauvignon blanc, Tempranillo, Xarel-Io.

• Alicante – Communauté de Valence (3)

14.815 ha. Cépages: Airén (2%), Bobal (0,8%), Cabernet sauvignon (0,4%), Chardonnay (1%), Garnacha tinta (1,6%), Garnacha tintorera (4,6%), Macabeo (0,1%), Merlot (0,1%), Merseguera (6,9%), Monastrell (66,2%), Moscatel romano (3,8%), Pinot noir (1%), Tempranillo (11,5%).

• Almansa – Castille-La Mancha (4)

7.600 ha. Cépages: Airén (5%), Cencibel (Tempranillo) (5,6%), Garnacha tintorera (69,7%), Monastrell (19,7%).

• Bierzo – Castille et Léon (5)

3.620 ha. Doña blanca (Dona Branca) (10%), Garnacha tintorera (5 ,5%), Godello (1 ,5%), Malvasia (3%), Mencia (65%), Palomino (15%).

• Binissalem – Iles Baléares (6)

320 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Callet, Chardonnay, Macabeo, Mantonegro (70%), Moll, Monastrell, Moscatel romano, Parellada, Tempranillo.

• Bizkaiko TxakolinalChacoli de Vizcaya – Pays Basque (7)

120 ha. Cépages: Folle blanche, Hondarrabi beltza (30%), Hondarrabi zuri (65%), Riesling, Sauvignon blanc.

• Bullas – Murcie (8)

2.200 ha. Cépages: Airén, Cabernet sanvignon, Garnacha tinta, Macabeo, Merlot, Monastrell, Syrah, Tempranillo.

• Calatayud – Aragon (9)

7.300 ha. Cépages: Garnacha blanca (2%), Garnacha tinta (62%), Mazuela (Cariñena) (1%), Tempranillo (10%), Viura (Macabeo) (25%).

• Campo de Borja – Aragon (10)

6.270 ha. Cépages: Cabernet sauvignon (2%), Garnacha tinta (73%), Macabeo (10%), Mazuela (Cariñena) (0,5%), Moscatel romano (0,5%), Tempranillo (14%).

• Cariñena – Aragon (11)

17.135 ha. Cabernet sauvignon (1%), Garnacha blanca (0,5%), Garnacha tinta (55%), Juan Ibáñiez (Moristel) (1%), Macabeo (20%), Mazuela (Cariñena) (6%), Moscatel romano (1,5%), Tempranillo (15%).

• Cava (Appellation non géographique pour les vins mousseux élaborés selon la méthode traditionnelle; distribution sur quatre zones différentes d’Espagne) (12)

32.905 ha. Cépages: Chardonnay (4,6%), Garnacha tinta (0,2%), Macabeo (36,6%), Monastrell (0,5%), Parellada (28,6%), Pinot noir (1,1%), Subirat parent (Malvasia riojana) (0,4%), Trepat (2,3%), Xarel-Io (25,7%).

• Cigales – Castille et Léon (13)

2.710 ha. Cépages: Albillo, Garnacha blanca, Garnacha tinta, Tinta del pais (Tempranillo), Verdejo, Viura.

• Conca de Barberà – Catalogne (14)

5.880 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Chardonnay, Macabeo, Merlot, Parellada, Trepat, Ull de llebre (Tempranillo), Viognier.

• Condado de Huelva – Andalousie (15)

6.000 ha. Cépages: Garrido fino (4%), Listàn (4%), Moscatel romano (1 %), Palomino fino (4%), Pedro Ximénez (1 %), Zalema (86%).

• Costers del Segre – Catalogne (16)

3.960 ha. Cépages: Cabernet sauvignon (8 ,7%), Cariñena (0,7%), Chardonnay (12,4%), Garnacha tinta (0,6%), Macabeo (39,3%) , Merlot (2,2%), Monastrell (3,5%) , Parellada (16,5%) , Pinot noir (3 ,6%), Trepat (3 ,6%), Ull de llebre (Tcmpranillo) (5,7%), Xarel-Io (3%).

• El Hierro – Iles Canaries (17)

235 ha. Cépages: Babosillo blanco, Babosillo negro, Bremajuelo (Bermejuelo) (3%), Burra blanca, Listàn blanco (40%), Listàn negro (15%), Uval (GuaI) , Verijadiego (Vijariego) (38%)

• Empordà-Costa Brava – Catalogne (18)

2.475 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Cariñena, Chardonnay, Garnacha blanca, Garnacha tinta, Macabeo, Merlot, Tempranillo.

• Getariako Txakolina/Chacoli de Guetaria – Pays Basque (19)

95 ha. Cépages: Hondarrabi beltza (15%), Hondarrabi zuri (85%).

• Jerez-Xéres-Sherry y Manzanilla de Sanlùcar – Andalousie (20)

10. 350 ha. Cépages: Moscatel romano (3%), Palomino (95%) Pedro Ximénez (2%).

• Jumilla – Murcie-Castille-La Mancha (21)

42.655 ha. Cépages: Airén (9%), Cabernet sauvignon (0,1%), Cencibel (Tempranillo) (1,3%), Garnacha tinta, Garnacha tintorera (2,1%), Macabeo (0,1%), Merlot, Merseguera, Monastrell (88%), Pedro Ximéncz, Syrah.

• La Mancha – Castille-La Mancha (22)

188.685 ha. Cépages: Airén (81,9%), Cabernet sauvignon (2%), Cencibel (Tempranillo) (7,3%), Chardonnay (0,5%), Garnacha tinta (4%), Macabeo (1,5%), Merlot (0,8%), Moravia (2%), Pardillo, Syrah.

• La Palma – Iles Canaries (23)

965 ha. Cépages: Albillo, Almuñeco, Bastardo blanco, Bastardo negro, Bermejuelo, Bujariego (Vijariego), Burra blanca, Forastera blanca (Gomera), Gual, Listàn blanco, Malvasia, Malvasia rosada, Moscatel romano, Moscatel negro, Negramoll, Pedro Ximénez, Sabro, Tintilla, Torrontés, Verdello.

• Lanzarote – Iles Canaries (24)

2.260 ha. Cépages: Breval, Burra blanca, Diego, Listan blanco, Listan negro (15%), Malvasia (75%), Moscatel romano.

• Málaga – Andalousie (25)

950 ha. Cépages: Airén (22,8%), Doradilla (8,6%), Moscatel romano (11,9%), Pedro Ximénez (56,7%).

• Méntrida – Castille-La Mancha (26)

13.020 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Cencibel (Tempranillo), Garnacha tinta (94,5%).

• Mondéjar – Castille-La Mancha (27)

750 ha. Cépages: Cabernet sauvignon (1 %), Cencibel (Tempranillo) (39%), Macabeo (5%), Malvar (50%), Torrontés (5%).

• Monterrei – Galice (28)

500 ha. Cépages: Alicante (Garnacha tintorera), Dona branca (Valenciana, Moza fresca), Gran negro, Jerez (Palomino), Merenzao (Maria Ardoñia, Bastardo), Monstruosa (Blanca de Monterrei), Tempranillo, Verdello (Godello), Verdello louro (Treixadura).

• Montilla-Moriles – Andalousie (29)

10.195 ha. Cépages: Lairén (Airén) (15%), Moscatel romano (5%), Pedro Ximénez (75%), Torrontés (5%).

• Navarra – Navarre (30)

13.945 ha. Cabernet sauvignon (8,9%), Chardonnay (1,5%), Garnacho (Garnacha tinta) (45,3%), Graciano (0,5%), Mazuelo (Cariñena) (1 ,8%), Malvasia (0,3%), Merlot (4,2%), Moscatel de grano menudo (0,6%), Tempranillo (26,5%), Viura (Macabeo) (7 ,9%), Autres ronges (2,5%).

• Penedés – Catalogne (31)

26.685 ha. Cépages: Cabernet sauvignon (3,5%), Cariñena (1,5%), Chardonnay (3,25%), Garnacha tinta (0,26%), Macabeo (25%), Merlot (2%), Monastrell (0,06%), Moscatel romano (0.7%), Parellada (24%), Pinot noir (0,5%), Riesling (0,12%), Sauvignon blanc (0,25%), Subirat Parent (Malvasia Riojana) (0,6%), Ull de llebre (Tempranillo) (3,7%), Xarel-Io (32%).

• Pla de Bages – Catalogne (32)

500 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Chardonnay, Garnacha tinta, Macabeo, Merlot, Parellada, Picapoll, Ull de llebre (Tempranillo).

• Priorat – Catalogne (33)

970 ha. Cépages: Cabernet sauvignon (8,5%), Cariñena (42%), Garnacha blanca (4%), Garnacha tinta et Garnacha peluda (37%), Macabeo (3%), Merlot (1,5%), Moscatel romano (0,2%), Pedro Ximénez (0,7%), Syrah (3%).

• Rias Baixas – Galice (34)

2.085 ha. Cépages: Albariño (96%), Brancellao, Caiño branco, Caiño tinto, Espadeiro, Godello, Marqués (Loureiro) (1,6%), Mencia, Pedral, Picalpollo (Picapoll), Rabo cordeiro, Retinto, Torrontés, Treixadura (1,6%).

• Ribeira Sacra – Galice (35)

1.550 ha. Cépages: Albariño (1 %), Alicante (Garnacha tintorera) (34%), Godello (5%), Mencia (47%), Jerez (Palomino) (11%).

• Ribeiro – Galice (36)

2.700 ha. Cépages: Albariño, Albillo, Alicante (Garnacha tintorera), Brancellao, Caiño blanco, Ferron, Godello, Jerez (Palomino), Lado, Loureira (Loureiro), Macabeo, Mencia, Souson, Tempranillo, Torrontés, Treixadura.

• Ribera dei Duero – Castille et Léon (37)

13.530 ha. Cépages: Albillo (1 %), Cabernet sauvignon (1 %), Garnacha tinta (2,3%), Malbec (0,1%), Merlot (0,6%), Tinto fino/Tinta dei pais (Tempranillo) (95%).

• Ribera dei Guadiana – Estrémadure (38)

6.995 ha. Cépages: Alarije, Bobal, Borba, Cabernet sauvignon, Mazuela (Carinena), Cayetana, Cencibel (Tempranillo), Chardonnay, Eva, Garnacha tinta, Garnacha tintorera, Graciano, Macabeo, Malvar, Merlot, Monastrell, Montuo, Pardina, Parellada, Pedro Ximénez, Syrah, Verdejo, Viura (Macabeo).

• Rioja (DO Calificada) – La Rioja-Pays Basque-Navarre (39)

52.265 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Chardonnay, Garnacha blanca (0,2%), Garnacho (Garnacha tinta) (18%), Graciano (1 %), Malvasia riojana (0,3%), Mazuelo (Carinena) (4%), Merlot, Tcmpranillo (62%), Viura (Macabeo) (14%).

• Rueda – Castille et Léon (40)

6.005 ha. Cépages: Palomino (26%), Sauvignon blanc (6,5%), Verdejo (46,5%), Viura (Macabeo) (21 %).

• Somontano – Aragon (41)

2.020 ha. Cépages: Alcanon (1,5%), Cabernet sauvignon (21,5%), Chardonnay (7%), Garnacha tinta (2%), Macabeo (11,5%), Meriot (9,5%), Moristel (12,5%), Parraleta (0,3%), Pinot noir (3%), Tempranillo (24%), Gewürztraminer (1,5%), autres cépages (4,7%). (Chenin blanc et Riesling, qui ont été plantés dans les années 80-90, ne sont plus admis dans la DO).

• Tacoronte-Acentejo – Iles Canaries (42)

1.385 ha. Cépages: Forastera blanca (Gomera), Gual, Listan blanco, Listan negro, Malvasia, Marmajuelo (Bermejuelo), Moscatel romano, Negramoll, Pedro Ximénez, Tintilla, Torrontés, Verdello.

• Tarragona – Catalogne (43)

10.990 ha. Cépages: Cabernet sauvignon, Chardonnay, Esquitxagos, Garnacha blanca, Garnacha tinta, Macabeo, Malvasia, Mazuela (Carinena), Merlot, Moscatel romano, Parellada, Sumoll, Ull de llebre (Tempranillo), Xarel-Io.

• Terra Alta – Catalogne (44)

8.170 ha. Cépages: Carinena (9,2%), Garnacha blanca (42,6%), Lledoner pelut (Garnacha peluda) (4,1 %), Garnacha tinta (2 %), Macabeo (34%), Parellada (3,5%), Syrah (1%), Ull de llebre (Tempranillo) (2%).

• Toro – Castille et Léon (45)

3.020 ha. Cépages: Garnacha tinta (10%), Malvasia (25%), Tinta de Toro (Tempranillo) (60%), Verdejo (5%).

• Utiel-Requena – Communauté de Valence (46)

38.550 ha. Cépages: Bobal (83%), Cabernet sauvignon (0,2%), Cencibel (Tempranillo) (8,2%), Chardonnay (0,1%), Garnacha tintorera (1,7%), Macabeo (4,6%), Merlot (0,1%), Merseguera (0,3%), Planta nueva (1,8%).

• Valdeorras – Galice (47)

1.500 ha. Cépages: Alicante (Garnacha tintorera), Godello, Grao negro (Gran negro), Dona branca (Valenciana, Moza fresca), Jerez (Palomino), Mencia, Merenzao (Bastardo).

• Valdepenias – Castille – La Mancha (48)

28.245 ha. Cépages: Airén (77%), Cabernet sauvignon (0,2%), Cencibel (Tempranillo) (21,6%), Garnacha tinta (1 %), Macabeo (0,2%).

• Valencia – Communauté de Valence (49)

17.355 ha. Cépages: Bobal (11,5%), Bonicaire, Cabcl’Ilct sauvignon, Chardonnay, Forcayat, Gal’llacha tintol’el’a, Macabeo, Malvasia (7,2%), MCl’lot, Merseguera (29,4%), Monastl’clI (9,2%), Moscatel romano (13,8%), Pedro Ximénez, Planta tina, Planta nova (Planta nueva), Tcmpl’anillo (11,5%), TOI·tosi, Verdi!.

• Valle de Güimar – Iles Canaries (50)

615 ha. Cépages: Listan blanco (82,5%), Listan negro (13,5%), Negramoll (1 %), Malvasia, Vijariego (3%).

• Valle de la Orotava – Iles Canaries (51)

505 ha. Cépages: Bastardo blanco, Bastardo negro, Gual, Forastera blanca (Gomera), Listan blanco (45%), Listan negro (43%), Malvasia, Malvasia rosada, Marmajuelo (Bermejuelo), Moscatel romano, Moscatel negro, Negramoll, Pedro Jiménez (Pedro Ximénez), Tintilla, Torrontés, Verdello, Vijariego, Vijariego negro.

• Vinos de Madrid – Madrid (52)

11.760 ha. Cépages: Airén (5%), Albillo (5%), Cabernet sauvignon, Garnacha tinta (35%), Macabeo, Malvar (30%), Merlot, Parellada, Tinto fino (Tempranillo) (20%), Torrontés.

• Ycoden-Daute-Isora – Iles Canaries (53)

950 ha. Cépages: Bastardo blanco, Bastardo negro (Bastardo) , Bennejuelo, Forastera blanca (Gomera), Gual, Listan blanco (70%), Listan negro (20%), Malvasia, Malvasia rosada, Moscatel negro, Moscatel romano, Negramoll, Pedro Ximénez, Sabro, Tintilla, Torrontés, Verdello, Vijariego, Vijariego negro.

• Yecla – Murcie (54)

3.800 ha. Cépages: Airén (3%), Cabernet sauvignon (2%), Cencibel (Tempranillo) (10%), Garnacha tinta (5%), Garnacha tintorera (5%), Macabeo (2%), Merlot (2%), Merseguera (1 %), Monastreli (68%). (Les surfaces en hectares correspondent à 1998). (En gras, les cépages rouges).

Lexique: Noms étrangers de cépages présents en Espagne

Alicante bouschet: Garnacha tintorera

Aragonêz: Telllpranillo

Bual, Boal: Guai

Cannonau: Garnacha tinta

Carignan, Carignane: Cariî\ena

Gouveio: Godello

Grand noir: Gran negro

Grenache blanc: Garnacha blanca

Grenache noir: Garnacha tinta

Grenache poilu: Garnacha peluda, L1edoner pelut

Jaen (Portugal): Menc1a

Maccabeu, Macabéo: Macabeo

Malvoisie: Malvasia

Mataro: Monastrell

Mourvèdre: Monastrell

Muscat d’Alexandrie: Moscateirolllano

Muscat blanc à petits grains: Moscatel de grano menudo

Pcdro: Pedro Ximénez

Picpoul blanc: Picapoll

Roriz, Tinta Rori z: Telllpranillo

Terrantez: Torrontés

Tinta negra mole: Negramoll

Valdepenas: Tempranillo

Verdelho (Gouveio): Verdello (Godello)

LES VINS DEGUSTES:

Arsenio Paz, Gomáriz, DO Ribiero:

Vilerma Blanco 1998

Vilerma Tinto 1997

Arsenio Paz, avocat à Ourense, possède un tout petit domaine viticole, à Vilerma, sur les coteaux surplombant la rivière Avia. Sols très pauvres, sablonneux. Il y cultive cinq hectares de cépages blancs et deux de rouges. Paz est l’un des pionniers de la récupération des cépages autochtones dans une région qui a du mal à sortir de sa prostration et où le palomino et l’alicante bouschet règnent encore de façon fort majoritaire. Il produit moins de 25.000 bouteilles par an. Fermentés en cuve d’acier de façon traditionnelle, ces vins cherchent à exprimer le terroir et les cépages classiques de la région dans le style délicat qui leur est propre. Comme le veut la tradition du Ribeiro, Arsenio Paz fait des assemblages (alors que dans d’autres zones de Galice les vins d’un seul cépage sont habituels). Le blanc est fait pour moitié de treixadura, le 50% restant provenant de torrontés, albariño, godello et lado plantés ensemble. De façon analogue, le rouge est dominé par le cépage brancellao (50%), accompagné de ferron, de caiño et de souson. Ce sont, dans le cas du rouge, des cépages dont il ne reste plus que quelques hectares dans la région.

Javier Sanz Cantalapiedra, La Seca, DO Rueda: 

Villa Narcisa Verdejo 1998

Ce viticulteur castillan possède 104 hectares de vignes, dont les plus vieilles sont justement celles de Villa Narcisa, près du village de La Seca (où l’on trouve sans doute les meilleurs terroirs de grosses graves de l’appellation). Il s’agit de 54 hectares de verdejo plantés en 1975, au moment où ce cépage amorçait son grand retour, favorisé par l’arrivée de la maison Marqués de Riscal, de Rioja, dans la région. Avant sa fermentation à 18° pendant 15 jours, ce vin subit une macération pelliculaire: une technique «à la mode» dans la zone, qui ne masque cependant pas la personnalité très caractéristique du cépage, très présente dans ce vin : structure surprenante, arômes de foin frais, légère amertume. Jacques Lurton a apporté ses conseils pour la vinification en 1998, et le vin résultant possède une bonne typicité de verdejo.

Famille Guelbenzu, Cascante, DO Navarra: 

Guelbenzu Jardin 1998

Les huit frères et sœurs Guelbenzu possèdent 42 hectares de vignes plantées sur les sols calcaires et caillouteux de la vallée du Queiles, au sud de la Navarre, dont 2 ha. seulement de garnacha tinta (grenache noir). Ils achètent également du grenache à des viticulteurs voisins. Spécialisés dès les années 80 dans des vins faits de tempranillo, de cabernet sauvignon et de merlot, les Guelbenzu n’ont commencé que plus tard à récupérer le grenache, le premier cépage navarrais, méprisé depuis longtemps, et souvent cantonné dans la production de rosés. Leur cuvée Jardin, 100% grenache, est fermentée sous température contrôlée (18°) en cuves d’acier, et passe quelques semaines dans de grandes cuves (20.000 litres) de chêne de l’Allier, mais autrement elle n’est point vieillie. C’est un vin qui cherche à exprimer le fruit du grenache navarrais.

Castell del Remei, La Fuliola, DO Costers del Segre

1780 Crianza 1996

Le Castell del Remei est l’un des deux domaines (créé en 1780) que la famille Cusiné possède dans cette appellation de l’intérieur de la Catalogne. On y trouve 36 hectares de vignes, plantés avec différents cépages blancs et rouges. Ce vin est un prototype d’une tendance fort généralisée en Espagne de nos jours, puisqu’il s’agit d’un assemblage réunissant:

a) un cépage français (70% de cabernet sauvignon)

b) un cépage espagnol introduit dans la région (20% de tempranillo)

c) un cépage autochtone (10% de grenache noir)

Un vrai échantillon du ré-encépagement, donc. C’est un vin puissant, titrant 140, qui a été vieilli 12 mois en fûts de chêne blanc américain. Le tempranillo et le grenache proviennent du second domaine des Cusiné, à La Pobla de Cérvoles, sur des coteaux rocailleux très pauvres, tandis que le cabernet est cultivé sur sol alluvial de plaine à La Fuliola.

Marqués de Griñon, Malpica de Tajo, Vino de la Tierra de Castilla

Dominio de Valdepusa Petit Verdot 1995

Carlos Falco, marquis de Griñon et grand d’Espagne, possède entre la rivière Pusa et le Tage, à 100 km au sud-ouest de Madrid, un domaine agricole qui appartient à sa famille depuis le Moyen-Age. Le sol argilo-calcaire de «tosca» (semblable à la « terra rossa» australienne) est excellent pour la vigne, mais la viticulture n’y avait jamais été pratiquée jusque dans les années 1970, et il n’existe pas de vignes alentour. Le marquis, ingénieur agronome ayant étudié la viticulture à l’Université de Californie-Davis, a décidé d’introduire la vigne en partant de zéro, comme dans le Nouveau Monde. Il a été l’un des introducteurs de l’irrigation au goutte-à-goutte dans cette zone aride de La Mancha. Ses deux hectares de petit verdot (sur 35 ha. dévoués aux cépages français) avaient été plantés pour appuyer les cabernets sauvignons du domaine dans des assemblages. Mais le vin mono-cépage a démontré qu’il tenait la route seul. Dans les hauts-plateaux ensoleillés de l’Espagne où il peut bien mûrir, ce cépage se transforme, un peu comme le malbec en Argentine ou le tannat en Uruguay. Le raisin subit une très longue macération et le vin est toujours très corsé et coloré. Il est vieilli 12 mois en futs américains et français, dont une partie seulement sont neufs.