Nous n’allons pas entrer dans le débat sur l’origine et sur la responsabilité du réchauffement actuel. Débat ou querelle, des scientifiques importants parlent d’un « global warming swindle », escroquerie du réchauffement global. Hors de la responsabilité humaine, la constatation du réchauffement est présente dans les deux camps. Ca chauffe, au profit de certains et au dépit de beaucoup. Nous savons que dans le passé, des périodes de réchauffement et de refroidissements se sont succédées. Dans ma jeunesse, nous avons pu traverser sur la glace la rivère la Meuse. Les habitants de Londres ont pu faire la même chose avec la Tamise. L’Angleterre a connu une période de viticulture prospère et les côtes autour de la ville de Maastricht étaient couvertes de vignes. Les Romains l’ont introduite dans le Limbourg, pays divisé en deux, hélas, lors de la création de la Belgique en 1831. Entre le 13ème et le 15ème siècle, la région connaît sa période de gloire pour ses terres
viticoles. Le vin était d’ailleurs indispensable, car l’eau, imbuvable dans son état naturel, ne devenait consommable qu’en le coupant avec du vin. Pour beaucoup de gens, une raison légitime pour refuser, encore  aujourd’hui, l’eau pour usage interne en faveur du vin: l’eau végétale selon Jacques Puisais. J’ai appris à Trèves dans les années 63 la chaptalisation non seulement avec du sucre pour compenser l’absence du sucre dans le raisin, mais aussi avec de l’eau, beaucoup d’eau pour diluer l’excès de l’acidité.

Cette technique s’appliquait sur des produits issus d’une production déjà monstrueuse. Ceci pour compenser les prix en baisse continuelle. La spirale maudite vers le bas qui a touché d’autres régions viticoles en Europe et en France notamment. Elle était appelée “Nassverbesserung” c’est à dire : “amélioration mouillée”. La dernière est interdite entre-temps et la première est en train de perdre du terrain à cause de la richesse naturelle en sucre en constante augmentation. Depuis que l’enregistrement des températures s’est formalisé en 1706, la hausse des températures se confirme. En 2006, nous avons enregistré, dans nos deux Limbourgs, une température moyenne sur l’année de 11.2 degrés Celsius. Pour l’année 2050, on prévoit une température moyenne de 12,6 degrés Celsius. Les précipitations ont augmenté aussi – mais avec 800 mm par an on ne peut pas parler d’un excés d’humidité ou de pluviométrie. La très timide relance de cette viticulture locale date des années 1870. Elle s’était éteinte sous Napoléon, qui avait imposé l’arrachage des vignes pour éliminer la concurrence aux vins Français mais aussi à cause de la montée de la qualité de la bière qu’on coupait comme le vin avec l’eau pour la rendre consommable. Les débuts de cette viticulture en renaissance étaient navrants. Vins végétaux, verts, dilués, émanant d’une viticulture sans savoir faire avec des clones productifs et des porte-greffes non adaptés.

Comme l’amélioration du climat va doucement de pair avec l’amélioration du savoir-faire et d’une meilleure sélection des plants et des porte-greffes, nous constatons des progrès. Pressoirs de qualité, cuves en inox, thermo-régulées, chez les meilleurs uniquement. Aujourd’hui, cette viticulture se trouve dans sa phase de débutant apprenti, mais avec la ferme volonté de progresser. Elle couvre selon les estimations entre 150 à 200 hectares dans les deux limbourgs. Amateurs, agriculteurs, cultivateurs de fruits tentent leur chances. L’agriculture est en péril et certains voient ici une chance de conversion vers une activité plus rentable. Les plus importantes exploitations comptent en moyenne 3 hectares. Très nombreux sont ceux qui s’amusent avec quelques ares jusqu’à un quart d’hectare. Les sols de marne, de calcaire et de löss sont fréquents. Les positions en coteaux avec orientation est et sud sont largement disponibles dans ce pays vallonné. Les années chaudes se succèdent et l’appel à la chaptalisation diminue d’une façon importante. Tout en restant indipensable pour la moyenne de la production dans les années moins généreuses. Pour certains cépages, le pinot gris par exemple, on craint parfois même un excès d’alcool !

Mais la décision de Bruxelles de ne pas interdire la chaptalisation pour réduire la surproduction a tout de même soulagé grand nombre de viticulteurs du Nord. Les cépages : auxerrois, riesling, müller-thurgau, pinot blanc, pinot gris, chardonnay et des nouveaux cépages développés en Allemagne par le centre de recherche de Weinsberg dans la région de Baden-Württemberg comme le Kerner et Dornfelder. Les conseils viennent de Trèves dans la Moselle Allemande, de Luxembourg – important fournisseurs de plants et de porte greffes – et de l’Alsace. Un propriétaire avec un beau château et une cave somptueusement équipée, a misé sur le chardonnay champenois et ses clones et sur le pinot noir de la même région. Je vous ai amené 4 vins de 4 cépages différents. Comme il est probable que personne ne connaisse ces vins, une dégustation à
l’aveugle me paraît peu opportune. Voyez le résultat comme une illustration de la discussion sur le réchauffement de la température. Ces vins se vendent très bien et à des prix accessibles. Apostelhoeve
produit environ 50 000 bouteilles chaque année. Si ce phénomène persiste, la production des vins du nord deviendra plus importante tout en restant peu menacante à cause du prix de revient élevé. Elle s’ajoutera quand même à une surproduction mondiale qui pose tant de problèmes aujourd’hui.

Les vins :
1/ Pinot Blanc 2006 Aldeneyck Karel Henskens à Masseik – Belgique
2/ Riesling 2006 Apostelhoeve Maastricht Pays-Bas
3/ Pinot Gris 2005 Apostelhoeve Maastricht
4/ Pinot Noir Sint Mauritus Marcel Neven à Schin op Geul Pays-Bas